Pourquoi les gens continuent à télécharger illégalement films, séries et musique

Face à l’offre croissante des services de streaming légal, le téléchargement illégal semble aujourd’hui passé de mode. Pourtant d’irréductibles internautes y ont encore recours. Habitude, choix de vie, impatience, les raisons pour expliquer cette pratique sont nombreuses, et ce, en dehors de la gratuité des contenus.

Le téléchargement illégal, une pratique générationnelle

Au début des années 90, les logiciels de téléchargement illégaux ont fait leur apparition. Une véritable révolution pour les internautes puisqu’ils ont permis à des millions d’utilisateurs d’acquérir des millions de jeux vidéo, films, séries, programmes informatiques, musiques et autres. Une révolution vécue comme un véritable cataclysme pour l’industrie du divertissement. Avec l’accélération de la vitesse de téléchargement, et la démocratisation du web, la pratique s’est énormément développée, devenant un réflexe. Un film vient de sortir en DVD ? Téléchargeons-le. Prince a sorti un nouvel album ? Direction n’importe quel site ou logiciel de téléchargement illicite. Rapide, simple et gratuit.

Au-delà de la gratuité de la chose, ce recours facile au téléchargement est devenu un réflexe pour toute une génération. Au lieu de se rendre au cinéma ou d’assister à des concerts, elle pouvait avoir accès à tout et tout le temps, sans devoir sortir de chez soi – et surtout, sans devoir débourser le moindre sou. La pratique est devenue une habitude, sans qu’on se pose de question. Et même si aujourd’hui, la génération des trentenaires et plus ont les moyens de consommer légalement les produits culturels, c’est surtout une question d’habitude qui explique le recours aux téléchargements illicites.

Encore peu d’alternatives et trop d’inconvénients

Pourtant aujourd’hui, nombreuses sont les alternatives légales. Que ça soit pour du streaming ou pour du téléchargement, les plateformes de vidéos, musiques, livres à la demande (par abonnement ou non) sont nombreuses. Malheureusement, celles-ci sont encore trop peu développées ou intègrent encore beaucoup trop de points négatifs. En dehors de Netflix – qui connait une croissance toujours plus importante -, de Spotify et Apple Music, les autres plateformes ont encore du mal à séduire. En cause leur maigre et instable catalogue, leur coût, mais aussi leurs productions exclusives qui, paradoxalement, peuvent entraîner au téléchargement illégal.

Autre déboire : les fameux sous-titres. Trop souvent, il est encore impossible de choisir la langue de son choix, avec les sous-titres qui vont avec. Vous voyagez en Russie quelques jours? Vous n’aurez probablement droit qu’à la V.O. avec les sous-titres russes… Pas pratique.

Dans les années à venir, l’augmentation de l’offre (Apple TV+ ou Disney +) pourrait amener certains adeptes du téléchargement illégal à s’abonner à l’un ou l’autre service.

Des catalogues changeants et des productions exclusives

En effet, la star des plateformes de streaming Netlfix propose beaucoup de films et séries exclusives, des productions propres qui lui ont permis de gagner en popularité. Mais ces contenus exclusifs ont également un effet pervers. L’abonné du service SVOD d’Amazon – Prime Video –  qui n’a pas accès à la série Black Mirror produite par Netflix va se tourner vers le téléchargement illégal pour en profiter.

Autre point qui porte préjudice aux alternatives légales, l’instabilité de leur catalogue. Si de nouveaux contenus font leur apparition, d’autres font leurs adieux à chaque mise à jour. Ainsi, un internaute qui a envie de voir la trilogie Men in Black ne pourra pas forcément le faire si celle-ci vient justement d’être supprimée du catalogue du service.

Même si ces alternatives ont leurs bons côtés, on est encore loin d’une solution idéale. Elles ont tout de même le mérite d’offrir une contribution et une reconnaissance – on évitera de se demander dans quelle mesure – aux artistes et producteurs.

Sauvegarder le monde numériquement

Autre explication au téléchargement illégal : la constitution de bibliothèques numériques immenses. C’est une pratique qui s’est développée en parallèle de l’émergence et du succès du téléchargement illicite. Certaines personnes consacrent leur temps à télécharger tout ce qui peut l’être. Une manière de garder une trace de tous ces films, séries, musiques, livres et jeux vidéo. Mais c’est aussi une manière de pouvoir profiter à tout moment de n’importe quel produit de divertissement – chose que ne propose pas encore l’offre légale.

Ce genre de pratique peut encore une fois tenter de répondre à l’instabilité des catalogues  des catalogues des services de téléchargement légal. Pour éviter que la trilogie du Seigneur des Anneaux ne disparaisse du catalogue Netflix, un internaute pourrait la télécharger, au cas où. Reste que, dans la pratique, il s’agit d’un pillage pur et simple des ayants droit.

Tout disponible, tout le temps et partout

Enfin, pour beaucoup de personnes adeptes du téléchargement illégal, la raison à cette pratique est qu’elle permet d’avoir accès immédiatement à tout et tout le temps. Le téléchargement vient aussi en réponse à l’exclusivité de certaines productions ou restrictions de pays.

Ainsi, un internaute qui désire voir le nouvel épisode d’une série télévisée diffusée aux États-Unis, ne va pas attendre le lendemain pour le regarder sur une plateforme légale. Il va vouloir le voir presqu’en même temps que les Américains et va donc se tourner vers la solution la plus facile : l’accès illégal.

Le téléchargement illicite vient aussi en réponse à l’exclusivité de certains marchés. Le marché asiatique n’est pas le même que le marché européen. Un amateur de manga japonais n’aura pas beaucoup de solutions pour mettre la main sur sa nouvelle série animée.

Il faudra encore attendre des changements radicaux dans la manière de consommer les divertissements avant de voir disparaître le téléchargement illégal. De par sa gratuité, sa facilité et l’immensité de son offre, cette pratique reste un réflexe pour bon nombre de personnes. Et même si des solutions commencent peu à peu à tirer leur épingle du jeu, celles-ci ne sont pas encore de taille à faire de l’ombre aux sites et logiciels de téléchargement illégaux.

La plus belle arme pour terrasser le téléchargement illégal pourrait finalement être la diversité de l’offre et son accessibilité. On le voit avec le jeu vidéo, et en particulier Steam, le téléchargement illégal de jeux et le “puçage” de consoles enregistre un énorme recul. Des prix attractifs, un store riche : voilà ce qu’il faut aujourd’hui pour convaincre les derniers irréductibles de lâcher définitivement leurs mauvaises habitudes. Bonne nouvelle en revanche : la très jeune génération s’est elle très bien acclimatée à ces formules d’abonnement et consomme allègrement Spotify, Netflix et Apple Music…

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