Déjà 15 ans que le premier Dead Space débarquait sur PC, PS3 et Xbox 360 et réinventait un genre tombé en désuétude : le survival horror. Pour rendre hommage à ce titre culte, Electronic Arts a créé ce remake. Retour en 2007. A l’époque, Electronic Arts travaille sur un projet de jeu horrifique dans l’espace. Une nouvelle franchise, intitulée Dead Space, qui redéfinira totalement le genre. Présenté en septembre et débarqué sur PC, Playstation 3 et Xbox 360, le titre deviendra très rapidement culte et une référence pour de nombreux autres studios. S’en suivront deux autres épisodes, tout autant réussis que le premier, permettant à la licence de s’élever au rang de mastodonte de l’industrie vidéoludique. A tel point que certains studios n’hésitent pas à s’inspirer, ou à rendre hommage, à la série de Visceral Games. Souvent imitée, rarement égalée, comme avec The Callisto Protocol, la franchise Dead Space est donc parvenue à s’installer durablement, à tel point qu’elle fait encore parler d’elle 15 ans après sa sortie avec le remake du tout premier jeu. Nous revoici alors plongés en 2508, dans la peau d’Isaac Clarke, au sein de l’ISG Ishimura, un brise-surface qui ne donne plus de signe de vie et envahi par des créatures monstrueuses. Clarke et le reste de l’équipage luttent alors pour leur survie dans cet environnement ultra-hostile à l’ambiance macabre et très sombre. La maxime du film Alien, “dans l’espace, personne ne vous entendra crier”, n’a jamais paru autant vraie que dans Dead Space. Dans des couloirs tous plus creepys les uns que les autres, la moindre bouche d’aération ou angle de couloir peut être propice à laisser jaillir un méchant monstre assoiffé de sang. La marque de fabrique de Dead Space : de l’horreur, glauque et terriblement sombre. Sur ce point, les développeurs ont parfaitement respecté l’œuvre d’origine. Pour en revenir au pitch, nul doute que vous ne serez pas dépaysés si vous aviez joué à la version originale en 2008. Excepté de nouveaux dialogues entre les protagonistes (qui sont malgré tout peu nombreux) et l’une ou l’autre nouvelle scène, le scénario n’a pratiquement pas bougé d’un iota. Ce n’est pas une tare en soi, tant la construction du scénario est bonne, mais l’on aurait aimé une réécriture de la fin, plus en dents de scie et moins réussie. Une des véritables nouveautés de ce remake réside dans l’arrivée d’un doublage pour Isaac, comme ce fut le cas dans le deuxième épisode. Mais il ne faut véritablement pas s’attendre à d’autres éléments inédits. En revanche, le gameplay s’est littéralement transformé en 15 ans. Si vous aviez joué au premier titre de 2008, vous n’êtes pas sans savoir que Dead Space mise tout sur les affrontements gores et brutaux. Contrairement à la majorité des FPS et TPS, la production de Visceral Games requiert de… démembrer ses ennemis pour les éliminer. Une approche qui change radicalement et qui fait du bien, et ce, même en 2023. Les joueurs de la première heure ne seront heureusement pas dépaysés, tandis que les néophytes découvriront un jeu moderne et très plaisant. Les sensations de tir sont, elles aussi, excellentes, avec six armes bien différentes et apportant chacune ses spécificités. Pour venir à bout des ennemis, une seule possibilité s’offre à vous : les démembrer jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se déplacer. Nous vous parlions de la nécessité de démembrer les ennemis pour en venir à bout. Si vous aviez fait les récents Resident Evil 2 et 3, vous avez probablement remarqué que les développeurs ont apporté énormément de réalisme lorsqu’on tirait dans les jambes et bras des zombies, avec une progression du démembrement en fonction d’où l’on tire. L’apparition des ennemis survient depuis une grille d’aération ou un trou, mais est également générée “aléatoirement” grâce à un algorithme appelé “l’Intensity Director”. Celui-ci permet au joueur de découvrir de nouveaux éléments horrifiques après une mort ou la recharge d’une sauvegarde, comme l’apparition d’un ennemi à un endroit où il n’y en avait pas auparavant, des bruits de couloir plutôt stressants ou le clignotement d’une loupiote. Un moyen pour les développeurs de prendre le joueur au tournant et de l’empêcher de prévoir tel ou tel autre jumpscare et de ne jamais rester serein. Les passages en zéro-gravité sont une franche réussite et bénéficient de déplacements très fluides. Une des nouveautés dans le gameplay. Toujours dans le gameplay, les équipes de Motive Studio (qui ont accompagné Visceral dans ce remake), sont allées puiser quelques éléments phares des épisodes 2 et 3 de la franchise. Les passages en zéro gravité en sont le parfait exemple, lors desquels on peut désormais utiliser les propulseurs des bottes d’Isaac. Avec une excellente maniabilité, on peut se retrouver sens dessus dessous et découvrir des passages extrêmement plaisants à découvrir. Question maniabilité, si on sent que les développeurs ont fait un effort sur ses passages en zéro-gravité, on sent que les contrôles d’Isaac sont un poil restés trop ancrés en 2008. Comme cela avait pu être reproché à Callisto Protocol, Isaac ne peut par exemple pas faire de demi-tour rapide et pâtit de combats au corps à corps extrêmement lourds et pénibles. La construction du vaisseau, en monde ouvert, requiert là aussi de nombreux aller-retours, que ce soit pour découvrir des pièces auparavant verrouillées ou pour accomplir les missions, principales ou annexes. L’une des principales nouveautés attendues lors de la création d’un remake est immanquablement la présence d’un nouveau moteur graphique. Ce Dead Space édition 2023 ne déroge pas à la règle et paraît plus magnifique que jamais. Le vaisseau spatial est tout simplement somptueux, grâce à de nombreux petits ajouts non négligeables. Deux modes de graphisme sont proposés : Performance, avec du 2K sans ray-tracing en 60 FPS, et Qualité, qui offre de la 4K avec ray-tracing, le tout à 30 FPS. Si, dans un mode comme dans l’autre, le résultat final est véritablement bluffant, force est d’avouer que le jeu est sublime en 4K avec du ray-tracing. Les effets de lumière (rares mais si beaux) sont criants de réalisme et réagissent tellement bien avec l’environnement de l’ISG Ishimura. Mais la refonte visuelle ne se cantonne pas aux lumières uniquement, puisque les effets spéciaux sont également époustouflants, tandis que les textures offrent un niveau de réalisme si troublant. Avec son nouveau moteur de jeu, Dead Space se pare des plus beaux effets de lumière, et ce, tant en 2K qu’en 4K. Avec ce remake, Isaac Clarke s’est découvert… une voix ! S’il parlait dans Dead Space 2 et 3, le protagoniste de la série est toujours resté muet dans le premier opus. Le problème est désormais réglé, puisqu’il discute désormais avec ses partenaires de mésaventure. Les doublages ont d’ailleurs été retravaillés : la VF est agréable, quoiqu’un peu surjouée par moments, tandis que la VO rayonne par sa qualité. Les acteurs sont excellents et excellent dans leur jeu. Nous regretterons toutefois que les animations faciales ne soient pas davantage élaborées, puisqu’elles sont légèrement trop rigides et pas suffisamment réalistes. Tant que nous sommes sur l’aspect audio de la chose, évoquons l’une des pures réussites de ce remake : les musiques. Tout en respectant le jeu originel, les développeurs ont retravaillé toutes les mélodies afin de proposer une composition au poil, qui s’accorde divinement bien aux situations traversées par notre héros. La transition entre une phase calme et une phase d’action et vice-versa est par exemple tellement subtile et maîtrisée. Conclusion Indéniablement, Electronic Arts nous livre l’un des meilleurs remakes de ces dernières années avec une magnifique refonte de Dead Space, l’un des survival horror les plus cultes de ces 20 dernières années. Le studio est parvenu à améliorer considérablement le titre originel tout en en respectant l’essence du premier. Dans la peau d’Isaac Clarke, nous abordons une aventure toujours aussi malaisante et stressante, mais qui est ici sublimée avec un moteur à la hauteur des PS5 et Xbox Series, pour un survival horror dans les confins de l’espace toujours aussi effrayant. Graphismes et jeu de lumières sont impressionnants, tout comme le sound design, tout simplement irréprochable (malgré une VF légèrement deçà de la VO). Côté gameplay, si on regrettera quelques lourdeurs du jeu original restées inchangées, comme les déplacements, on notera l’ajout de phases plutôt agréables, comme les passages en zéro-gravité. Point positif pour les affrontements, qui n’ont pas vraiment bougé, et c’est tant mieux, puisque toujours autant sanglants, bestiaux et enivrants. De son côté, le scénario bénéficie d’une écriture très réussie, avec de nouveaux passages par rapport au jeu de 2008. La progression de l’histoire est parfaite, même si on pourra pester contre la fin, plus discutable. Un remake tout bonnement réussi, mais à 79,99€, l’addition fait mal au portefeuille…