Deux ans après sa première présentation, The Callisto Protocol débarque en grande pompe en cette fin d’année. Attendu comme le messie du jeu d’horreur, le titre a-t-il toutes les armes pour assumer son statut ? Dire que The Callisto Protocol était énormément attendu est un doux euphémisme. C’est aux Game Awards 2020 que le jeu est présenté pour la toute première fois, générant alors une hype rarement rencontrée pour un jeu indépendant. Et pour cause, le titre est le premier de Striking Distance Studios, une filiale des développeurs de PUBG, créée par Glen Schofield, le papa d’un certain… Dead Space. Indéniablement, dès la première présentation, le jeu se présente comme un successeur de la célèbre franchise d’Electronic Arts. Jeu d’horreur à la troisième personne dans l’espace, le pitch de Callisto Protocol fait immanquablement penser à celui de Dead Space. Nous sommes directement propulsés en 2320, lorsque le capitaine Jacob Lee écrase son vaisseau sur la planète Callisto après un abordage mené par un groupe terroriste. Enfermé dans la prison de Black Iron, Lee se réveille un beau jour lorsqu’une étrange maladie infectieuse a transformé et tué l’ensemble de la population carcérale. Jacob doit alors, avec l’aide de la cheffe des terroristes qui l’avait précédemment attaqué, s’échapper de Black Iron et empêcher l’épidémie de se propager au-delà des murs de la prison. Un postulat de départ assez sympathique, qui n’est pas sans rappeler celui de certaines grandes productions holywoodiennes, comme Alien 3 et sa colonie minière pénitentiaire. Mais contrairement à ces films à grand budget, le scénario du jeu ne nous surprend jamais réellement. On suit l’histoire de Jacob sans réelle surprise et les événements s’enchaînent de manière plutôt logique, sans retournement de situation. Néanmoins, on découvre avec Jacob une aventure qui bouge et qui nous fait explorer l’ensemble de la prison et de ses alentours. Le scénario est assez bateau, s’apparentant à celui d’un film de S-F… en moins bien. Mais ce qui a probablement le plus emballé les fans à la présentation du jeu, ce n’est pas son scénario, mais bien son ambiance macabre et terriblement stressante. Callisto Protocol se présente comme un jeu d’horreur d’exploration spatiale dans lequel la mort peut vous surprendre à n’importe quel angle de couloir. Par horreur, entendons-nous bien sur le fait qu’on est, ici, loin d’un Alien Isolation ou d’un Resident Evil VII. Callisto Protocol se démarque surtout pour son ambiance que pour ses jump-scares. Ceux-ci ne dépassent pas la dizaine, et c’est principalement l’excellente direction artistique du titre qui nous met mal à l’aise et nous stresse durant toute notre progression. C’est en revanche dommage que le titre ne soit pas en mesure de réellement nous effrayer par moments, mais là ne semble pas être le principal pour les développeurs. N’ayons pas peur de le dire, le travail des artistes sur Callisto Protocol est titanesque et terriblement réussi. Les environnements au sein de Black Iron sont tous plus creepy les uns que les autres. La prison est rongée par le virus et la mort, qui parait nous attendre à chaque coin de couloir. Une fois sorti de l’environnement lugubre et clos de la prison, c’est à une magnifique lune enneigée que nous avons le droit, avec de splendides panoramas très bien fichus. L’occasion pour nous d’aborder l’excellent travail réalisé par les équipes de Striking Distance sur la technique et les visuels de leur titre. Certes, l’intérieur de la prison est sombre et ne pourrait pas prêter, à première vue, à de l’admiration. Et pourtant, d’incroyables effets de lumière venant des luminaires de la prison ou de notre lampe torche viennent éclairer ces couloirs si bien réalisés. Les environnements extérieurs, comme évoqué plus haut, sont également très réussis. Enfin et non des moindres, les modélisations et animations faciales sont juste époustouflantes. Avec son casting trois étoiles (Josh Duhamel, Sam Witwer ou encore Karen Fukuhara), Callisto Protocol s’apparente tout simplement à un vrai film tant les visages sont criants de réalisme grâce, notamment, à la motion capture. Callisto Protocol possède une ambiance et une direction artistique au poil. Cependant, on regrettera que le titre ne fasse pas suffisamment peur. La direction artistique de Callisto Protocol ayant été abordée, il est désormais temps de s’intéresser à ce qui importe évidemment le plus dans un jeu vidéo : le gameplay. Si vous vous attendiez à un jeu qui bouge dans tous les sens et qui mette en avant l’action et le sensationnalisme, vous risquez d’être déçu. Certes, le sensationnalisme est de la partie lors des affrontements épiques avec les monstres. Mais là où aurait pu avoir de l’action, Glen Schofield et ses hommes ont privilégié un jeu d’exploration dans lequel l’ennemi peut à tout moment nous sauter à la gorge et vouloir notre peau. Nous n’en sommes pas au point du Walking Simulator, mais presque. C’est plutôt lent, et ce, autant dans les déplacements que dans les affrontements. Là où Dead Space est davantage axé sur les combats à distance avec des armes à feu, Callisto Protocol trouve un juste équilibre entre le corps-à-corps et le tir. Les attaques frontales sont même prioritaires avec une matraque électrique volée à un garde mort. Le titre se veut d’ailleurs ultra-exigeant sur ce point. Une attaque rapide et lourde sont disponibles, et le seul moyen de ne pas subir de dégâts sur les attaques est de bouger le joystick gauche au moment où l’ennemi vous attaque. Gauche ou droite pour une esquive, en arrière pour un contre. Le timing pour l’exécuter est très serré, ce qui rend la chose très exigeante et, parfois, frustrante. Même à un niveau de difficulté peu élevé, le titre reste très difficile et le die & retry est de mise. Le constat est d’autant plus flagrant lorsque l’on a affaire à plus d’un ennemi à la fois, l’esquive ou le contre n’étant pas toujours possible ou optimal. Malgré la possibilité de tirer avec une arme à feu, le titre privilégie bien souvent les combats au corps à corps. Outre les attaques au corps-à-corps, Callisto Protocol nous donne la possibilité d’utiliser des armes à feu, mais de manière très limitée. Les munitions sont en effet peu nombreuses, et dans la logique des développeurs, l’arme intervient principalement en soutien à la matraque, comme lors des combos pour achever un ennemi. Les sensations de tir sont pour leur part plutôt bonnes. Avec son arme, notre protagoniste bénéficie notamment d’un système de télékinésie lui permettant de faire léviter des objets ou ennemis puis de les propulser dans le décor. C’est plutôt bien imaginé, d’autant que ce “pouvoir” fonctionne avec une jauge de puissance située dans la nuque de Jacob, tout comme sa santé (qui prend d’ailleurs une plombe à se restaurer). La télékinésie peut justement être habilement utilisée, notamment lorsqu’il y a des pièges dans l’environnement, pour tuer les ennemis. D’ailleurs, les capacités de ce pouvoir peuvent à tout moment être améliorées, comme celles de Jacob ou de ses autres armes, grâce à une espèce d’imprimante 3D. La progression du personnage est donc bel et bien présente, et est plutôt réussie. Les environnements et décors sont tout simplement époustouflants. À la lecture de ce test, peut-être vous diriez-vous que Callisto Protocol est le titre dont vous rêviez pour les fêtes de fin d’année. Malheureusement, quelques autres petits détails viennent assombrir le résultat final, comme la durée de vie du titre. Vendu au prix fort (70€), le titre ne nous propose pas plus d’une petite dizaine d’heures de jeu. L’aventure se boucle assez vite, il n’y a pratiquement aucun collectible à ramasser et la rejouabilité est très pauvre, pour ne pas dire inexistante. La localisation du titre laisse pour sa part vraiment à désirer. Malgré une VO et une VF de très grande qualité, les joueurs francophones doivent faire face à de très nombreuses errances en matière de sous-titrage ou de synchronisation labiale. Les sous-titres ne sont, par exemple, pas bien souvent fidèles à ce qui est dit, tandis que les lèvres ne bougent parfois pas en même temps que les dialogues. Enfin, le titre pâtit de nombreux petits bugs de finition. Durant notre partie de test, nous avons eu affaire à deux crashes du jeu, nous forçant à revenir assez loin en arrière, tandis que quelques bugs de progression nous ont parfois forcé à restaurer une sauvegarde… Conclusion Sans être la claque attendue, Callisto Protocol est assurément une des bonnes pioches de cette fin d’année. Mêlant exploration spatiale, combats au corps-à-corps et survival horror, le titre de Striking Distance parvient sans peine à nous transporter dans son univers clairement inspiré de la saga Dead Space. Loin d’être une tare, mais on aurait toutefois apprécié que le titre s’en démarque davantage. Le scénario est bateau, le titre ne fait pas vraiment peur, contrairement à ce qu’on nous avait fait croire, et le gameplay semble tout droit issu du milieu des années 2000 avec le premier Dead Space. Néanmoins, l’approche du corps-à-corps privilégiant les QTE et une vivacité d’esprit suffisante pour les esquives apportent cette exigence bienvenue. S’il y a en revanche un point sur lequel Callisto Protocol est irréprochable, ce sera au niveau de sa technique et de la direction artistique. Malgré d’importants problèmes avec la VF (synchro. labiale, sous-titres erronés…), la bande sonore est d’excellente facture, de même que l’incroyable casting rempli de stars hollywoodiennes. Graphiquement, la production de Striking Distances s’apparente tout simplement à un AAA pour lequel des moyens considérables ont été alloués. Les modélisations faciales ainsi que les différents environnements sont juste magnifiques et en envoient sérieusement à la rétine. Qu’à cela ne tienne : si Callisto Protocol n’est assurément le GOTY de 2022, il en reste une agréable surprise qui laisse le champ libre à une suite.