Des chercheurs ont découvert qu’Amazon utilisait les données vocales d’Alexa pour cibler ses utilisateurs avec des publicités. Alexa, ou Amazon Echo, est un assistant virtuel développé par Amazon. Il est capable d’interagir vocalement avec son utilisateur, mais pas que. Il peut aussi jouer de la musique, lister des tâches à effectuer, régler des alarmes, diffuser des podcasts, lire des livres audio, fournir des informations sur la météo ou encore sur l’état du trafic. Un premier scandale En 2019, il a été découvert que les plus de 1.000 employés d’Amazon écoutaient les enregistrements vocaux des propriétaires d’Alexa lorsque l’appareil était activé. D’après les sources, les employés pourraient écouter jusqu’à 1.000 enregistrements quotidiennement dans le but d’améliorer cet assistant vocal. Théoriquement, lorsque l’utilisateur donne un ordre à un périphérique Amazon Echo, seul le logiciel de reconnaissance vocale est censé l’écouter. Du moins, c’est ce que les utilisateurs pensaient. Mais en réalité, l’appareil envoie une copie de l’audio à des employés de la firme de Seattle. Ensuite, ces employés écoutent l’enregistrement audio, le transcrivent et ajoutent des annotations pour aider les algorithmes d’Amazon à s’améliorer. Seulement, en plus de contenir des enregistrements de commandes à Alexa, les enregistrements contiennent aussi des conversations en arrière-plan, donc privées. À l’époque, des affaires similaires concernant Google Assistant et Siri d’Apple avaient fait l’objet de nombreux titres et provoqué un tollé. L’histoire se répète Fin avril, des chercheurs affiliés à plusieurs universités américaines ont publié une autre étude sur Alexa. Le rapport s’intitule “Your Echos are Heard : Tracking, Profiling and Ad Targeting in the Amazon Smart Speaker Ecosystem”. D’après ces lignes, le géant du commerce en ligne utilise les données vocales de ses différents appareils équipés d’Alexa. Et ce, pour diffuser des publicités ciblées sur ses propres plateformes et sur le Web. En bref, le rapport indique que la manière dont Amazon procède est incompatible avec ses politiques de confidentialité. “Nos résultats montrent qu’Amazon et des tiers collectent les données d’interaction des haut-parleurs intelligents” Le papier conclut qu’Amazon collecte des données à partir des interactions des utilisateurs avec Alexa via les enceintes connectées Echo. Ces données seraient ensuite partagées avec 41 partenaires publicitaires. Amazon utilise ensuite ces données pour “déduire les intérêts des utilisateurs” et “diffuser des publicités ciblées sur la plateforme (sur les appareils Echo) et hors plateforme (Web)”, indique le rapport. Un manque de transparence Selon les chercheurs, l’interaction avec les haut-parleurs intelligents entraînerait des enchères publicitaires 30 fois plus élevées pour les annonceurs. Aussi, ils ont constaté que les pratiques opérationnelles d’Amazon et des compétences n’étaient pas clairement divulguées dans leurs politiques de confidentialité. Ou du moins, pas assez. En clair, le rapport constate “un certain nombre de violations flagrantes de la vie privée”. Il considère donc qu’il existe un besoin évident et non satisfait “d’une plus grande transparence et d’un meilleur contrôle de la collecte, du partage et de l’utilisation des données par les plates-formes de haut-parleurs intelligents, ainsi que des compétences tierces qu’elles supportent”. La réponse d’Amazon Contacté par The Verge, le géant a confirmé qu’il utilisait effectivement les données vocales provenant des interactions avec Alexa. Et ce, pour afficher des publicités ciblées sur Amazon et sur d’autres sites où Amazon diffuse ses annonces publicitaires. L’entreprise de Seattle a également confirmé qu’il existait des publicités ciblées sur ses haut-parleurs intelligents Echo. Enfin, la société assure qu’Amazon ne partage pas les enregistrements vocaux avec les développeurs. “Les développeurs obtiennent les informations nécessaires pour répondre à vos demandes dans le cadre de leurs compétences, comme les réponses lorsque vous jouez une compétence de trivia, ou le nom de la chanson que vous voulez jouer”, a-t-elle déclaré. Elle ajoute, “nous ne partageons pas les informations personnelles de nos clients avec des compétences tierces sans le consentement du client”. Bloquer la collecte de données Il est possible d’empêcher la collecte des données vocales depuis les paramètres des appareils compatibles avec Alexa. L’ensemble de la procédure se trouve dans l’onglet “Vos informations personnelles”. Pour cela, il faut d’abord ouvrir l’application Amazon Alexa et se rendre dans les Paramètres. Ensuite, il suffit de sélectionner “Alexa et vos informations personnelles” puis “Gérer comment vos données contribuent à améliorer Alexa”. Pour bloquer la collecte de données, il est nécessaire de décocher “Contribuer à améliorer les services Amazon et à développer de nouvelles fonctionnalités”. De même, une fois que l’utilisateur aura décoché “Autoriser Amazon à utiliser des messages pour améliorer l’exactitude de la transcription”, les employés ne pourront plus écouter les vocaux enregistrés par l’appareil. La page Amazon.com/alexaprivacysettings permet de voir et de gérer ses enregistrements vocaux et les autorisations accordées à Amazon.