Sortie en 2019 sur PC, Anno 1800 a droit à un portage tardif sur consoles de jeu. Le jeu d’Ubisoft réussit toutefois brillamment l’exercice du portage sur console de jeu. Les jeux de gestion ont connu leur heure de gloire à la fin des années 90 et aux débuts des années 2000. Une popularité qui s’est un peu essoufflée par la suite, sans pour autant disparaître. Sorti en 2019, Anno 1800 était parvenu à joliment remettre au goût du jour une série quelque peu tombée dans l’oubli. 4 ans plus tard, Ubisoft nous livre enfin le portage du jeu sur consoles de salon. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les joueurs console n’auront pas attendu pour rien puisque cette édition est une jolie réussite. Tout d’abord, parce que le jeu est vendu à un tarif compétitif – 39,99€ seulement. Ensuite, parce que le gameplay est parfaitement adapté au pad avec un système de roue d’accès très rapide qui permet de naviguer rapidement dans les menus. C’est assez simple, et passé 2 heures de jeu on maîtrise tout ce qu’il y a à maîtriser de l’interface. Enfin, parce que le jeu a été joliment adapté aux écrans de télévision, avec des textes plus grands et plus lisibles que sur PC. Visuellement, le jeu est plutôt réussi. Anno 1800 prend vie au début du XIX siècle, à l’ère de la Révolution industrielle. Le contexte d’Anno 1800 offre un cadre intéressant pour développer sa cité. Une ère synonyme de progrès technologique, culturelle et sociétale dont le dynamisme est fragilisé par un contexte politique tendu. Ajoutons à cela les drames familiaux de notre personnage et voilà la base de l’aventure d’Anno 1800. Après la mort de son paternel, le personnage qu’on incarne – choisi parmi un panel de près de 25 protagonistes – se voit attribuer la lourde tâche de laver l’honneur de sa famille, victime de fausses et graves accusations. Pour y arriver, il nous faudra développer une nouvelle cité sur des terres laissées à l’abandon et d’anciennes ruines. Une tâche compliquée qui ne sera pas facilitée par les différentes magouilles et pressions politiques et familiales. Plus qu’un simple jeu de gestion, Anno 1800 repose donc sur un véritable scénario qui aura son importance au cours du développement de notre ville. Les différents personnages et les relations qu’ils entretiennent avec notre bâtisseur apportent réellement une plus-value à l’aventure, une caractéristique de la série des Anno. Les environnements du jeu sont très variés. Comme tout bon jeu de gestion, l’aventure débute sur le néant. Débutant seulement avec quelques fermiers motivés et de terres fructueuses, il faudra construire et gérer sa petite ville de bout en bout, intégrant le concept de la Révolution industrielle tout en se reposant sur les bases solides de l’agriculture. Après avoir aménagé les premières maisonnées pour nos bons fermiers, le développement de notre village pourra dès lors véritablement débuter, se complexifiant toujours un peu plus pour devenir une vraie cité moderne. Le management de notre village ne se limitera pas à la construction d’infrastructures et embellissement des rues puisqu’il faudra également prendre en compte le bonheur de nos bons citoyens. Ceux-ci se montrent d’ailleurs très exigeants puisque leurs intérêts sont multiples et impliquent des aménagements divers. Pollution, loisirs, conditions de travail, environnement sont des éléments à prendre en compte pour développer notre cité aux goûts des citoyens, au risque de la voir se vider de sa population. Or, sans fermiers, ouvriers et architectes, pas de nouvelles constructions. À mesure que la population se sent bien et que les infrastructures tournent à plein régime, des nouvelles classes sociales et des nouveaux bâtiments feront leur apparition. Il faudra cependant respecter un certain équilibre des classes sociales afin d’éviter de se retrouver en pénurie de ressources, par exemple. Comme toute bonne société humaine, tout ne file pas toujours droit dans Anno 1800. Au cœur de la Révolution industrielle, les politiques et magouilles tentent de perturber l’ordre des choses. Ajoutez à cela la pression de la presse locale et les revendications de la population et on arrive vite à des débordements dans les rues. Pour amener à bon port notre cité, il faudra donc faire attention au bonheur de nos hommes et femmes sans trop les chouchouter, puisque cela pourrait également avoir l’effet inverse, comme déjà évoqué. Les différents protagonistes de l’histoire nous partagent des informations cruciales pour établir ou anéantir des relations avec autrui. Ils se montrent également très utiles pour prévoir et tuer dans l’œuf l’une ou l’autre révolution grâce aux différentes missions qu’ils nous assignent. En fonction des succès de celles-ci, le cours de l’histoire sera plus ou moins perturbé et amènera, parfois, à des guerres. Celles-ci se dérouleront principalement sur les eaux, un élément caractéristique de la licence. Le développement industriel ouvre de nombreuses options en terme de gestion. C’est là que toute la stratégie du joueur sera mise à l’épreuve, un aspect très apprécié par les aspects de la licence. Face aux différentes tensions, il faudra faire le bon choix, défense ou offensive ? Sachant que l’une ou l’autre peut mener à des batailles navales. Heureusement pour les néophytes, ces phases se révèlent relativement automatisées une fois la guerre débutée. Un aspect que les plus rigides regretteront surement. Les fans de la licence retrouveront facilement leurs marques avec Anno 1800, mais pour les nouveaux venus, l’aventure sera un peu plus compliquée aux débuts. Fort heureusement, après quelques heures de jeu, tout s’éclaircit. Certains principes de base ne coulent pas toujours de source pour un néophyte, ainsi il faudra quelques manipulations avant de comprendre que le mode architecte est nécessaire pour bâtir des maisons et autres bâtisses, pour ensuite revalider la construction de celles-ci. La signification de certaines notifications n’est pas non plus des plus claires pour ce qui est des ressources, malgré la présence de l’une ou l’autre explication. Fort heureusement, le début du jeu se montre conciliant et la progression est équilibrée. Les objectifs seront différents en fonction du mode de jeu. Contrairement à Anno 2205, Anno 1800 propose de nouveau plusieurs modes, notamment la campagne qui introduit l’histoire de famille et intègre de nombreux objectifs à remplir pour laver l’honneur du patronyme, mais également les différentes préoccupations politiques ainsi que des missions annexes données par les citoyens. Le mode multijoueur fait également son grand retour, permettant ainsi de jouer jusqu’à 4 amis ou inconnus, en ligne, avec trois sous-modes. Ici, on peut lancer une campagne en coopération avec des victoires partagées ou non, ou s’affronter tout bonnement sur une carte. Au préalable, les objectifs à atteindre auront été déterminés et acceptés par chacun. Les stratégies, alliances et retournements de vestes seront au rendez-vous. Le Bac à Sable fait également son retour. Un mode libre où le joueur pourra explorer et développement comme bon lui semble sa cité. Enfin, un nouveau mode fait son apparition – Partie Rapide – qui, comme son nom l’indique, consiste en des parties rapides où les objectifs sont prédéterminés et peuvent être joués jusqu’à 4 joueurs. Autre aspect stratégique : l’exploration. En effet, Anno 1800 propose aux joueurs d’explorer les terres d’Europe jusqu’en Amérique du Sud. L’occasion de découvrir de nouvelles terres, mais surtout d’augmenter son catalogue de constructions possibles. Les plus aventuriers devront faire preuve d’une bonne dose de réflexion pour mener au succès ses explorations, car les expéditions reposent sur la succession d’actions à réaliser avec soin. Pour s’y préparer, il faudra en amont embarquer les bonnes ressources et en quantité suffisante pour recevoir des bonus à l’arrivée sur les nouvelles terres. Le bon déroulement des explorations sera communiqué via une fenêtre de dialogue qui permet de suivre l’avancée de nos patrouilles tout en continuant de gérer notre cité. La finalité des explorations sera influencée par les choix que le joueur fera parmi les différentes propositions. Un vrai travail a été fait au niveau de la narration. Très complet – et addictif pour les amateurs du genre -, Anno 1800 prend vie à travers des graphismes absolument magnifiques. On pourrait logiquement critiquer l’aspect rigide du titre, mais cela reste lié à son genre. Les détails des différents éléments (bâtisses, décors, personnages), leur nombre ainsi que les quelques animations ici et là viennent renforcer le sentiment de satisfaction que dégage le titre. On soulignera également la possibilité de zoomer et dézoomer fortement ce qui permet une plus grande précision pour placer les bâtiments et voir ce qu’il se trame dans notre cité. Conclusion Sorti sur PC il y a quatre ans, Anno 1800 a droit à un portage tardif sur consoles. Et il faut bien l’avouer, Ubisoft a plutôt joliment réussi son pari. Les jeux de gestion qui se jouent bien au pad sont rares. Anno 1800 fait donc figure d’exception. L’interface du jeu a de surcroit été adaptée aux écrans de télévision et le titre est vendu à un tarif très attractif. Si les city buildings sont votre dada, Anno 1800 devrait largement répondre à vos besoins. L’époque victorienne offre un contexte très particulier à ce city-builder, très plaisant à jouer, qui propose une expérience relativement unique. L’effondrement de votre ville se fera ici progressivement – le plus souvent sans même que vous le remarquiez, et c’est ce qui fait tout le charme de ce city-builder étonnamment délicat.