IPTV : des milliers de sites légaux bloqués par erreur

Le blocage des flux IPTV flirte avec les débordements. Dans un document remis à la Commission européenne, Cloudfare révèle qu’un programme de blocage de sites a touché plusieurs milliers de sites légaux dans un État membre.

En janvier 2023, la Commission européenne a lancé un appel à preuves pour préparer la mise en place d’une nouvelle salve de mesures contre le piratage. Et plus particulièrement, contre le streaming illégal d’événements sportifs. En conséquence, les titulaires des droits (ligues, fédérations, diffuseurs, etc) ont déposé une partie des requêtes. Mais ils n’étaient pas les seuls. Le site TorrentFreak indique que Cloudfare, accompagné d’une coalition de fournisseurs d’accès Internet (FAI), ont également répondu présent.

Évidemment, l’objectif principal est d’empêcher la diffusion illégale des matchs de football européens sur des réseaux IPTV. L’Alliance anti-piraterie audiovisuelle (AAPA), qui représente les ligues et les diffuseurs, a joué un rôle clé dans l’action de la Commission européenne. Bien l’AAPA espère la mise en place d’une législation européenne, sa priorité reste la réactivité des FAI sur le retrait des contenus illégaux.

Dommages collatéraux

Concrètement, l’AAPA estime que la loi sur les services numérique est inefficace. En effet, celle-ci n’éclaircit pas le concept de « retrait rapide ». En d’autres termes, la législation en place laisse la porte ouverte à l’interprétation. Alors, l’AAPA suggère de responsabiliser les intermédiaires qui font traîner les choses. « Si les intermédiaires en ligne ne suppriment pas l’accès au contenu en temps voulu, ils doivent être tenus responsables du préjudice causé aux titulaires de droits », précise l’AAPA.

En soi, l’idée n’est pas mauvaise. Sauf que l’AAPA veut aller plus loin et appliquer une politique de « prévention » avec ses programmes de blocage dynamique et en direct. Dans certains États de l’Union européenne, cette procédure, qui passe par des injonctions judiciaires, est déjà appliquée. Pour rappel, ces injonctions ordonnent aux FAI d’empêcher l’accès aux flux étiquetés illégaux. Certes, la méthode est efficace pour contrer les services pirates et l’AAPA a de bonnes raisons de vouloir l’appliquer dans toute l’UE.

Toutefois, les injonctions de blocage souffrent d’un manque flagrant de transparence. Sans contrôle extérieur des décisions, Cloudfare pointe du doigt les risques d’erreur et de blocages abusifs. Une erreur dont l’entreprise elle-même a déjà été victime en 2022. Selon la société, les choses pourraient même véritablement déraper. « Dans un État membre, un FAI ayant conclu un accord volontaire pour bloquer les contenus prétendument illicites a, à de multiples occasions, bloqué des milliers de sites Web sans rapport avec le sujet et utilisant nos services pour ses utilisateurs », indique Cloudflare.

En conclusion, les titulaires des droits voudraient systématiser le processus de blocage et Cloudfare s’en inquiète. D’une part, en raison du manque de contrôle et, d’autre part, parce que ce type de blocage ne s’intéresse pas à la source du problème.

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