Le téléphone portable soufflera bientôt ses quarante bougies. Mais s’il est aujourd’hui un objet du quotidien, presque banal, tel ne fut pas toujours le cas et ce, en raison de son prix. Nous sommes le 3 avril 1973. Depuis les rues de Manhattan, New York, où il déambule, Martin Cooper passe le premier coup de fil de l’histoire des téléphones portables. Le directeur général de Motorola tient entre les mains le prototype de ce qui deviendra quelques années plus tard le premier téléphone portable de l’histoire. Pour l’anecdote, c’est Joel Engel qui est l’autre bout du fil. Son rival qui travaille pour Bell Labs. À l’époque, le prototype est une véritable brique et en acquiert d’ailleurs le surnom. Il faut dire que du haut de ses 1,2 kg, l’appareil évolue dans la catégorie des poids lourds. Toutefois, Motorola a le temps de peaufiner son invention. En effet, ce n’est qu’en 1984 que sort le premier modèle grand public, le Motorola DynaTAC 8000X. Moins lourd que son grand frère (800 g), il reste tout aussi imposant avec ses 35 cm de long et ses 10 cm d’épaisseur. Une heure d’autonomie pour dix heures de chargement En tout, le développement du DynaTAC engloutit quelque 100 millions de dollars. Alors, forcément, cela se ressent sur le prix. Si vous souhaitiez vous offrir cet appareil, révolutionnaire pour l’époque, vous deviez débourser… 3 995 dollars. Soit, environ 9 000 dollars aujourd’hui, ou un peu plus de 8 000 euros. Autant dire que seul une certaine élite financière a les moyens de se le procurer. Le reste de la population américaine, elle, doit se contenter des cabines téléphoniques, bons marchés et présentes en grand nombre sur le territoire. Côté fonctionnalités, disons que le DynaTAC remplit le contrat. C’est-à-dire qu’il vous permet d’appeler. Eh oui. Pour rappel, nous sommes en 1984. Ce qui signifie : pas d’Internet, pas d’appareil photo, pas de sms. Pas même un petit snake pour égayer tout ça. Le téléphone de Motorola va à l’essentiel et c’est déjà pas mal. D’autant plus que la batterie du DynaTAC ne permet pas les à-côtés. Très loin des standards actuels, elle atteint péniblement l’heure d’utilisation. Pire encore, le chargement lui prend environ une dizaine d’heures. Enfin, acheter le téléphone ne suffisait pas pour l’utiliser. Tout comme aujourd’hui, un forfait était nécessaire. Or, l’abonnement coûte alors 50 dollars par mois. Ce à quoi il faut ajouter le prix des communications. Ainsi, celles-ci sont facturées 40 centimes par minute. En d’autres termes, mieux valait éviter de traîner et privilégier des échanges courts et rapides. Une révolution, certes, mais quand même très contraignante.