Capture d’écran de la plateforme Edmaster.

Deux plateformes éducatives belges s’internationalisent et lèvent 500.000€

Wirenotes et Edmaster sont deux plateformes en ligne destinées aux étudiants belges. Leur objectif ? Les accompagner vers la réussite.

WireCorp a vu le jour en 2016. Les deux fondateurs, Cédric Goffeau et Damien Gonze, sont respectivement économiste de formation et ingénieur civil. C’est grâce à WireCorp qu’ils ont ensuite développé Wirenotes et Edmaster, deux “edtechs”.

Le fléau du décrochage scolaire

Cédric Goffeau, un des deux fondateurs, se rappelle du moment de la création de Wirenotes. En fait, la plateforme est le fruit d’un constat assez simple. Très souvent, les étudiants témoignent d’une transition difficile lorsqu’ils arrivent à l’université. “Lorsqu’ils sont en secondaire, les jeunes peuvent compter sur leurs parents et leur professeur en cas d’incompréhension ou de besoin de soutien… à l’université, c’est totalement différent”, explique Cédric Goffeau. D’une année à l’autre, les étudiants sont moins encadrés et obligés à faire preuve de plus d’indépendance vis-à-vis de leur parcours scolaire.

“C’est pourquoi nous avons décidé de créer Wirenotes, pour les accompagner et les guider au mieux”, ajoute le cofondateur. Cette transition compliquée s’illustre d’ailleurs par les chiffres cités par l’interviewé. En 2021, 9,8% des 18-24 ans étaient en décrochage scolaire. Un décrochage qui a coûté aux étudiants concernés et à l’État belge, à qui cela a coûté plus de 344 millions d’euros en 2020. Concernant l’échec scolaire, Cédric Goffeau cite un taux qui s’élève à 50% lors de la première année de BAC.

La gamification comme motivation

Wirenotes se présente comme la première plateforme universitaire/campus belgo-française. Elle est totalement gratuite et reprend des notes de cours, des synthèses, des conseils destinés aux étudiants. En tout, sa bibliothèque propose plus de 50 000 documents et enregistre plus de 10 millions de pages par an. Pour s’inscrire, il suffit de fournir ses informations relatives à son inscription à l’université, comme le nom de l’institution, l’année et le cursus. Ensuite, Wirenotes génère un écosystème personnalisé, en fonction des études suivies par l’étudiant.

Pour motiver les étudiants à partager leurs notes et à enrichir le site, les deux fondateurs ont mis en place un système de gamification. Ainsi, lorsqu’un étudiant télécharge un document de cours, il reçoit des points, qui lui permettent ensuite de recevoir des cadeaux. Par exemple, un bon d’achat à utiliser sur Amazon.

Combattre l’isolement

Pendant le coronavirus, un sentiment de solitude et d’isolement a touché de nombreux étudiants. D’ailleurs, en mars 2021, une étude a illustré ce phénomène en chiffres. Quatre chercheurs et chercheuse de l’UCLouvain, de l’ULB et de l’ULiège ont interrogé 25 000 étudiants et étudiantes de l’enseignement supérieur. Leur but était d’évaluer l’impact de la crise du covid-19 sur ces jeunes. Parmi les interrogés, 73% se sont dits affectés par un sentiment d’isolement au plan de l’enseignement. De plus, d’autres difficultés psychologiques liées aux cours en ligne ont été rapportées. Par exemple, un sentiment de fatigue mentale et physique pour 82% d’entre eux, un manque de motivation pour 81% et des difficultés pour gérer le stress chez 54% des participants à l’étude. Plusieurs éléments qui auraient entraîné un sentiment de décrochage chez une majorité des étudiants.

C’est ainsi que Cédric Goffeau et Damien Gonze ont lancé Edmaster en 2020, en complément à Wirenotes. Pour développer cette plateforme qui espère répondre au problème d’isolement évoqué précédemment, les deux compères ont demandé à des étudiants ce qui, selon eux, constituait la meilleure façon de transmettre des connaissances et de faire cours en ligne. La réponse a été sans appel : “les vidéos similaires à celles que l’on trouve sur TikTok et Instagram”, indique Cédric Goffeau.

Des cours qui suivent la tendance 

“Les étudiants passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et le format vidéo devient de plus en plus populaire, c’est pourquoi nous l’avons choisi pour nos vidéos éducatives”, justifie le fondateur. Ce sont d’ailleurs les étudiants qui se filment et réalisent leurs vidéos à poster eux-mêmes. Les productions durent entre 10 et 15 minutes.

Pour pouvoir poster sur Edmaster, il faut suivre un processus de recrutement en deux étapes. D’abord, le recrutement. L’équipe de la plateforme choisit les étudiants éditeurs en fonction de leur moyenne, de leur aisance derrière la caméra et de leur capacité à donner des cours particuliers. Ensuite, arrive l’étape du choix des cours à donner, théorique ou pratique, et de l’accompagnement de l’étudiant dans la réalisation de sa vidéo. Toute la période de création est encadrée à distance par l’équipe d’Edmaster et ponctuée de deadlines. En bref, “la possibilité de publier des vidéos n’est pas disponible à n’importe qui et chaque étudiant est choisi méticuleusement”, insiste Cédric Goffeau.

En réaction à ce processus de recrutement pensé étape par étape, il arrive même que des entreprises contactent la plateforme pour se voir conseiller des étudiants à embaucher, se réjouit le fondateur. Autre avantage, la plateforme envoie une compensation financière aux étudiants qui créent et postent des vidéos. On parle ici de 25 à 30 euros par heure. À noter que chaque créateur est propriétaire de sa vidéo. De son côté, Edmaster dispose d’une licence d’utilisation. Les données de la plateforme sont protégées et ne peuvent être exploitées que sur le site.

Des utilisateurs qui se renouvèlent par cycle

Sur Edmaster, on trouve trois types d’utilisateurs, explique le fondateur. D’un côté, les étudiants en secondaire qui utilisent les vidéos en guise de guide pour leur choix d’étude, de l’autre les étudiants universitaires qui s’en servent “de guide vers la réussite” et de soutien, et enfin, les étudiants qui se sont réinscrits dans un cursus scolaire après avoir intégré le marché du travail. Le fondateur se réjouit d’ailleurs d’accueillir des utilisateurs de plus de 60 ans qui reprennent leurs études, profitent du contenu de la plateforme et partagent leur savoir via des vidéos. Concernant les prix, Edmaster propose une version d’essai gratuite. Ensuite, les abonnements commencent à 5,99 euros mensuel pour la formule annuelle.

Récemment, le duo a clôturé une levée de fonds de 500.000 euros auprès de BeAngels et Wapinvest. Parmi les défis futurs des deux plateformes, Cédric Goffeau cite une expansion au Royaume-Uni.

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