La Sûreté de l’État et Proximus s’opposent face aux considérations de l’utilisation de smartphones chinois. Les services de renseignement belges appellent à la vigilance face aux entreprises Xiaomi, Oppo, OnePlus et l’État chinois. De son côté, l’opérateur Proximus, trouve ces allégations infondées. Selon lui, aucune preuve n’existerait pour justifier cette mise en alerte, rapport le journal Le Vif. Un climat de méfiance “La présence dans les smartphones chinois de ‘portes dérobées’ pouvant être activées à tout moment est inquiétante. Le risque d’espionnage qui en découle est très élevé”, alertait Els Ampe (Open Vld) au Sénat en octobre dernier dans une série de questions écrites. La Sûreté de l’État (VSSE) a écrit une réponse le mois suivant. D’après Vincent Van Quickenborne, vice-premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord “Malgré l’absence de preuves observées que les dispositifs sont utilisés à des fins d’espionnage […] il est théoriquement possible que les dispositifs et les informations qu’ils traitent soient exposés à l’espionnage chinois”. Selon la VSSE, les appareils de Xiaomi posséderaient une option de censure, mais qui ne serait pas active en Europe. Ainsi, le cadre légal dans lequel les entreprises chinoises de smartphones opèrent constituerait un risque. Et ce, tant pour le respect de la vie privée que pour la perte de données sensibles. Dans ce contexte, la Chambre a adopté une loi ce mois-ci. Le texte exclut les fournisseurs à haut risque des parties les plus sensibles du futur réseau mobile. En clair, la loi vise surtout les équipementiers chinois Huawei et ZTE. Selon le rapport, des interactions systématiques et profondes existeraient entre les constructeurs et l’État chinois. D’autres pays, comme les Pays-Bas ou les États-Unis, ont déjà évoqué leurs inquiétudes à ce propos. Proximus à contre-sens Face à ces mises en alerte, Proximus continue et continuera de vendre des appareils chinois. D’après le journal Le Vif, l’opérateur télécom ne voit “aucune preuve probante” d’un risque pour la sécurité. Proximus rassure tout de même, en affirmant que ses équipes suivent de près les évolutions des produits chinois incriminés. Alors que la VSSE évoque un risque d’espionnage, les appareils chinois continuent d’être largement vendus en Belgique. Proximus rappelle d’ailleurs qu’il n’existe aucune loi ou directive officielle limitant les relations commerciales de la Belgique avec les marques chinoises. Une histoire de longue date À savoir que, depuis des années, Huawei fournit à Proximus d’importantes infrastructures réseautiques. Pour rappel, lorsque l’entreprise Huawei était accusée d’espionnage, l’opérateur a soutenu publiquement le fournisseur. Mais cette relation n’a pas empêché l’opérateur belge de choisir le Finlandais Nokia et le Suédois Ericsson pour le renouvellement de son réseau existant et pour le déploiement de la 5G. Et donc, de tourner le dos à Hawei pour ce virage. Guillaume Boutin a tout de même assuré que la recommandation des autorités aux opérateurs télécoms belges de ne pas s’associer à des fournisseurs à haut risque n’a pas joué dans le processus de sélection de Proximus. Il a conclu, “Huawei a été un vrai bon partenaire ces dernières années et le restera encore pendant quelques-unes”.