Il prend l’apparence du prédateur naturel du « poisson-moustique », une espèce invasive, et permet de réduire sa fertilité grâce au stress qu’il lui cause. Lorsque l’homme est confronté à une espèce qu’il juge trop présente, il la chasse. Dans le cas de certaines espèces trop élusives ou rapides, il arrive que l’homme choisisse d’introduire un de ses prédateurs naturels dans son milieu naturel. Malheureusement, cette nouvelle espèce introduite se multiplie en règle générale elle aussi de façon non contrôlée, car elle ne dispose pas de prédateurs naturels pour limiter sa population. C’est ce qui s’est passé avec le moustique. Incapable de diminuer efficacement leur nombre au début du 20e siècle, l’homme a décidé d’introduire la gambusie dans les endroits infestés de moustiques. Cette espèce également appelée « poisson-moustique » a, comme son nom l’indique, un régime alimentaire qui se compose en grande partie des larves de moustiques. Pendant des années, la gambusie a ainsi permis de réduire significativement la population de moustiques. Malheureusement, le poisson ne se nourrit pas exclusivement de larves de moustiques et très vite, les autres espèces ont commencé à subir la pression exercée par ce nouveau prédateur. C’est le cas notamment d’espèces de poissons et d’amphibiens rares et économiquement importantes originaires des cours d’eau où la gambusie a été introduite. Briser la boucle Plutôt que d’introduire une nouvelle espèce prédatrice pour chasser la gambusie et risque de créer un nouveau problème de surpopulation, des chercheurs ont développé une alternative robotique. Des chercheurs de l’université de New York et de l’université d’Australie-Occidentale ont ainsi mis au point un poisson-robot qui prend l’apparence de l’Achigan à grande bouche, le prédateur naturel de la gambusie. Les chercheurs expliquent qu’ils ont conçu des robots dotés de capteurs leur permettant de se situer dans leur environnement et de repérer les gambusies. S’il n’est pas capable de les manger, le poisson-robot imite toutefois les déplacements de son modèle et s’attaque aux poissons-moustiques qui s’approchent des têtards d’une autre espèce. Les chercheurs indiquent que la gambusie, effrayée et stressée, subit une perte de poids, des changements dans la forme de son corps et une réduction de la fertilité, permettant ainsi de réduire leur nombre. Grâce à ces robots, il serait donc possible de réduire la présence de cette espèce invasive sans risquer de créer un nouveau problème par la suite. « Au lieu de les tuer un par un, nous présentons une approche qui peut éclairer de meilleures stratégies pour contrôler ce ravageur mondial. Nous avons fait de leur pire cauchemar une réalité : un robot qui effraie le poisson-moustique, mais pas les autres animaux qui l’entourent », explique le premier auteur Giovanni Polverino de l’Université d’Australie occidentale. Pour l’instant, ces poissons-robots sont testés en laboratoire, dans des cuves spécialement préparées pour l’occasion. L’équipe indique cependant que le poisson robotique n’est pas encore prêt à être relâché dans la nature. De nombreux défis techniques doivent en effet encore être surmontés, mais les premiers résultats sont encourageants.