Attendu au tournant depuis sa présentation lors de l’E3 de 2019, 12 Minutes aura fait couler beaucoup d’encre. Connu initialement sous le nom “The Witness”, le jeu repose sur un concept unique de boucle temporelle. Sorti de l’imagination de Luis Antonio, un vétéran de l’industrie qui a notamment travaillé des années chez Rockstar Games, 12 Minutes avait fait sensation lors de la keynote 2019 de Microsoft. A travers un trailer haletant, son créateur était parvenu à capter l’attention du public. Complètement à part, son jeu propose une expérience unique, à mi-chemin entre le thriller narratif et le point & click. L’ambiance du jeu est soignée dans ses moindres détails. Malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un jeu d’action, mais d’un point & click à l’approche plutôt originale puisque le joueur est ici soumis à une pression constante. Un inconnu débarquera dans quelques minutes dans son appartement pour lui régler son compte à lui et à sa compagne. Le temps presse donc pour éviter le bain de sang. La réponse se trouve dans le passé… Pour finir le jeu, il faudra donc interagir avec sa compagne et son environnement. 12 Minutes fait partie de ces jeux qui jouent la carte du die & retry. Chaque tentative se terminera par un échec, jusqu’à ce que vous arriviez à la combinaison parfaite. En cas d’échec, retour à la case départ, quelques minutes avant l’arrivée du tueur. Votre objectif : tout faire pour éviter ce drame. La particularité de 12 Minutes, c’est que le jeu se joue entièrement avec une vue du dessus, qui donne une très belle lisibilité du théâtre de jeu. Le drame se joue dans un environnement confiné, ce qui signifie qu’il faudra mettre à contribution tous les objets qui vous entourent pour progresser dans l’aventure. Forcément, de par sa nature, 12 Minutes est un jeu répétitif. Tout le concept repose ici sur une boucle temporelle, et on ne va pas vous le cacher, le titre peut vite devenir très frustrant voir même agaçant de par sa structure et son minimalisme. Luis Antonio explique avoir tiré son inspiré de films comme Memento ou Un Jour sans fin. Son jeu partage d’ailleurs quelques éléments avec les productions cinématographiques. Il intègre un casting de haute volée avec quelques excellentes doublures, parmi lesquelles Willem Dafoe et James McAvoy. Difficile de ne pas reconnaître le talent du créateur, qui nous livre ici un thriller particulièrement séduisant. Si l’ambiance du jeu est travaillée, on ne peut malheureusement pas en dire autant de son scénario, qui fonde tout son intérêt sur les mystères du passé. Les dialogues du jeu restent très plats et l’ensemble manque de subtilité. 12 Minutes n’est certes pas une grosse production, mais vu le prix auquel le jeu est vendu (29,99€) et le bruit qu’on a fait autour, on était toutefois en droit d’en attendre beaucoup plus. A chaque échec, retour à la case départ. Car outre par sa répétitivité, le jeu déçoit par son manque de profondeur et d’ambition. Les embranchements scénaristiques sont nombreux, mais on finit tout de même par faire 30 fois la même chose, jusqu’à découvrir une nouvelle façon de progresser. La première que l’on parvient à maîtriser l’opposant, un sentiment de fierté vous envahit soudainement, mais il vous faudra encore plusieurs dizaines d’essais avant d’arriver au bout du récit… On progresse dans l’intrigue principale à tâtons. Et avec parfois beaucoup de frustration. D’autant plus que le background du jeu est très léger. A aucun moment vous ne connaitrez par exemple le nom des deux époux. Vous explorerez rapidement la plupart des lignes de dialogue, qui n’explorent d’ailleurs pas vraiment la personnalité des rôles principaux, se contentant majoritairement de nous faire progresser dans l’intrigue. Chaque tentative vous rapprochera un peu plus près de la vérité, mais pour les joueurs les moins imaginatifs, l’expérience deviendra vite très pénible. On notera au passage que si la vue supérieure est très réussie, l’absence de proximité avec les protagonistes fait qu’on a forcément beaucoup de mal à s’y attacher. Si le concept est furieusement séduisant, 12 Minutes montre donc vite ses limites. Au pad d’ailleurs, le jeu est une véritable plaie à joue. Les contrôles manquent de précision et la sélection d’objets est une véritable plaie. On regrette également la présence de nombreux bugs : d’un personnage qui reste bloqué en un seul endroit à l’apparition de répliques et d’éléments narratifs que l’on n’a pas encore découvert, simplement parce que le jeu a été conçu pour être joué d’une certaine façon. Par exemple, lors de l’un de nos premiers essais, nous avons mis la main sur le téléphone et vu apparaître plusieurs propositions spoilant complètement la suite. L’ambiance est soignée, mais le récit manque de subtilité. Techniquement, le jeu se défend plutôt bien. Ce n’est pas forcément une claque, mais les environnements sont soignés et la mise en scène est réussie. La bande son est en revanche excellente, avec des doublages, bruitages et sons de qualité, dignes d’une production hollywoodienne. S’il séduit par son originalité et n’aura sans doute pas de mal à trouver son public, 12 Minutes peine toutefois à convaincre sur la durée, de par un manque d’ambition flagrant. Un drame en huis-clos, prenant, à condition d’accrocher au concept. Dommage que niveau finition, ça ne suive pas tout à fait. Clairement, quelques développeurs de plus n’auraient pas été de trop pour soutenir ce projet. Conclusion Avec son concept unique, qui consiste à revivre sans cesse une séquence de jeu au cours de laquelle un inconnu rentre dans votre appartement pour vous menotter et vous tuer, 12 Minutes s’impose comme un thriller prenant, dans lequel le joueur sera amené à explorer toutes les possibilités imaginables pour tenter d’empêcher ce bain de sang. A chaque échec, retour à la case départ. Le joueur découvre petit à petit de nouveaux pans de l’histoire. Chaque nouvelle tentative le fera progresser davantage dans le scénario du jeu. Prenant au début, 12 Minutes se révèle toutefois vite frustrant de par sa répétitivité et son approche. Impossible de progresser ici sans faire des erreurs. Le joueur est largué au milieu d’une intrigue sans aucune explication. On regrette également le manque de profondeur des dialogues, qui ne nous permettent pas vraiment de nous attacher aux personnages. Avec son concept de boucle temporelle, son casting de haute volée, sa très bonne bande son et ses nombreux embranchements narratifs, 12 Minutes s’impose toutefois comme un titre prenant. Mais attention, comme tous les point & click, il n’est pas très agréable d’y jouer au pad. Mieux vaut également y jouer via l’offre Gamepass, vu le prix auquel le titre est vendu (29,99€).