Test – Guilty Gear Strive : un reboot qui place la barre très haut techniquement

Six ans après Guilty Gear Xrd -REVELATOR-, Arc System Works revient à ses premiers amours avec Guilty Gear Strive, un reboot complet de sa franchise.

Rangée au placard depuis des années, la série des Guilty Gear fait partie de ces icônes du jeu de baston. Contrairement à un King of Fighters ou un Street Fighter, elle n’a toutefois jamais connu un énorme succès populaire. Et c’est en grande partie ce qui explique pourquoi Arc System Works l’a rangée au placard il y a six ans pour se consacrer à des projets plus lucratifs, comme le dernier Dragon Ball FighterZ qui lui avait été confié par Bandai Namco. Le retour en grâce du jeu de baston 2D et le succès des dernières productions du studio semblent toutefois avoir redonné confiance en son éditeur dans ses projets. Avec Strive, Arc System Works espérait enfin faire entrer sa licence au panthéon des dieux du ring.

Visuellement, Strive est une complète réussite.

Pour séduire un nouveau public, le studio nippon n’a pas hésité à revoir complètement les mécanismes de son jeu et a concentré une grosse partie de ses efforts sur son esthétique. Exit la 2D pure, Guilty Gear Strive est un jeu de baston moderne – qui épouse la 3D avec un stylé animé absolument superbe. Difficile de ne pas tomber amoureux de la direction artistique du jeu, grandiose. On le sent, Arc System Works maîtrise désormais parfaitement l’Unreal Engine 4. Strive place la barre encore plus haut que ses deux précédents titres : Granblue Fantasy et Dragon Ball FighterZ. Les décors ressemblent à de superbes tableaux dans lesquels se déplacent des personnages en 3D superbement animés. Mais c’est surtout lors des super attaques que le jeu montre tout son potentiel, avec une rotation de la caméra qui montre une réelle modélisation en 3D des personnages et de jolis effets de style qui plongent littéralement le joueur au cœur de l’affrontement. Techniquement très impressionnant, Strive vous arrachera certainement quelques “wow” au cours des premières parties. Il décroche d’ailleurs sans trop de difficulté le titre du plus beau jeu de baston du moment.

Côté gameplay, ce reboot risque toutefois de diviser les joueurs. Tout en restant un jeu de baston relativement technique, Guilty Gear Strive voit son gameplay sensiblement simplifié. Enormément d’éléments du jeu sont également revus, au point d’en faire perdre leurs repères aux fans de la série. L’interface du jeu a ainsi été totalement revue, avec de nombreux éléments graphiques changés et globalement, ça ne se dirige pas forcément dans la bonne direction puisqu’on a vraiment eu du mal à s’y retrouver au début. Plus inquiétant, les développeurs ont pensé que c’était une bonne idée d’afficher des messages qui recouvrent la quasi-totalité de l’écran à chaque contre – le rendu est franchement douteux.

L’interface de jeu n’est pas une franche réussite.

Le rythme du jeu a également changé. Si les anciens Guilty Gear était des jeux de combat plutôt nerveux, le nouveau est beaucoup plus pataud. Les personnages sont plus lents et le style de jeu a tout simplement changé. Le gameplay est beaucoup plus rigide. Les habitués de la série devront composer avec un système de combo simplifié et beaucoup de nouveaux handicaps. Impossible d’enchainer certains types de coups désormais ou de sauter pendant un combo. De façon générale, le jeu offre davantage de chances aux joueurs en difficulté de reprendre l’avantage en cours de partie. Il est beaucoup moins facile d’enchainer les combos car les développeurs ont entièrement revu le système de jeu, au point de rendre complètement fous les habitués qui devront entièrement réapprendre les mécanismes du jeu. On notera d’ailleurs que tous les personnages du jeu ont subi un lifting intégral, au point encore une fois que les habitués devront réapprendre tous les mécanismes avec chacun d’eux. Les combats aériens sont également relégués au second plan, avec globalement des affrontements qui paraissent beaucoup moins dynamiques.

L’ennui, c’est que cette simplification des commandes n’en est pas forcément une car les nouveaux venus seront complètement perdus face à un scénario qui reprend là où on l’avait laissé dans le précédent volet, sans explications, et aucun tutoriel pour faire ses premiers pas. Le jeu tout entier d’ailleurs semble avoir été pensé pour les fans, avec son mode solo qui n’est qu’une longue cinématique (très bien réalisée, avec un scénario passionnant pour les fans) et un focus clairement placé sur le multijoueur en ligne. Il y a certes un mode Arcade pour se faire la main, mais les joueurs qui apprécient explorer le jeu en solo seront clairement déçus par le contenu proposé.

Le casting compte en tout et pour tout 15 personnages.

On notera d’ailleurs au passage que niveau casting, c’est assez léger, avec 15 personnages au lancement, dont seulement deux nouveaux. C’est peu, même si au demeurant, tous sont très différents et globalement très intéressants à explorer. L’ennui, c’est plutôt le format économique du jeu, vendu prix plein avec un contenu léger, et qui bénéficiera d’un support “payant”, avec déjà un premier season pass qui promet cinq personnages de plus…

S’il déçoit coté gameplay et contenu, Guilty Gear Strive n’en apporte pas moins quelques très belles idées, comme la possibilité de briser des éléments du décor pour explorer davantage l’environnement, sa mise en scène beaucoup plus travaillée ou son code réseau en rollback, qui est une véritable révolution. En ligne, le jeu est d’une fluidité étonnante et parfaitement optimisé. Il faudra composer en revanche avec les avatars et le lobby hyper kawai, une caractéristique des productions du studio…

Conclusion

Impressionnant techniquement, Guilty Gear Strive est sans l’ombre d’un doute le plus beau jeu de baston sorti à ce jour. Arc System Works prouve qu’il maîtrise parfaitement l’Unreal Engine 4. S’il est beau à damner, Guilty Gear Strive divisera toutefois les opinions avec son contenu rachitique et son gameplay simplifié. Seulement 15 personnages répondent présents – 5 de plus devraient toutefois être ajoutés avec le premier Season Pass. Le jeu ne propose également aucun vrai mode solo. Difficile à appréhender pour les débutants et déstabilisant pour les fans, qui devront apprendre à maîtriser tous les nouveaux mécanismes de jeu, Strive peine à trouver le juste milieu. Son système de combat a été trop simplifié pour satisfaire les joueurs les plus exigeants. Les débutants cumuleront eux les défaites en multijoueur face aux joueurs aguerris. Etant donné que son multijoueur est le principal intérêt de cet épisode, Strive risque d’avoir du mal à convaincre. D’autant plus qu’il a perdu en nervosité pour gagner en spectaculaire. Pas sûr qu’on y ait gagné au change, même si les visuels flattent la rétine. 

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Guilty Gear Strive

Gameplay 6.5/10
Contenu 5.0/10
Graphismes 9.0/10
Bande son 8.0/10
Finition 7.5/10
7.2

On aime :

Une réalisation grandiose

Une bande son électrisante

Un scénario intéressant à suivre, si vous aviez joué aux précédents volets

Un netcode impeccable

On aime moins :

Le lobby et ses avatars kawai

Pas de vrai mode solo

Un contenu rachitique à la sortie, qui sera enrichi avec des pass payants

Le gameplay a perdu en nervosité

Les débutants seront complètement perdus