Si les méga-constellations de satellites en basse orbite vont résoudre certains problèmes, elles vont en amener des nouveaux. Pour son projet Starlink, Elon Musk compte envoyer 12 000 satellites en orbite d’ici 2025. À terme, la firme SpaceX espère recevoir l’autorisation d’en envoyer jusqu’à 48 000. Le but est de fournir une connexion internet par satellite à haut débit et une latence faible n’importe où dans le monde, à un prix défiant toute concurrence. Le nombre de satellites est tout de même norme, quand on sait que le nombre total de satellites jamais mis en orbite par l’Homme s’élevait à 9000 jusqu’alors. De plus, d’autres états et entreprises veulent entrer dans la course à la connectivité internet à haut débit par satellite en constellation, ce qui ajoute des dizaines de milliers de satellites au compteur. Des objets nuisibles Les méga-constellations, composées de centaines ou de milliers d’engins sont vus d’un mauvais œil par une partie de la communauté scientifique et en particulier par les astronomes. En effet, le revêtement initial des satellites Starlink avait tendance à réfléchir la lumière du Soleil. À l’œil nu, cela ressemblait à une simple étoile en plus rapide, mais la situation était toute autre lorsqu’il s’agissait d’observer le ciel. En effet, les satellites de Starlink étaient initialement extrêmement brillants et laissaient des trainées de lumière sur les clichés des télescopes, occultant d’autres astres. Les satellites Starlink sont particulièrement visibles lors de leur déploiement, ici en depuis la Belgique (Crédit : AFP/Belga) Pour répondre au problème, SpaceX a revêtu ses satellites d’une peinture obscure non-réflective appelée DarkSat. Cela a permis de réduire de moitié la luminosité des satellites, mais ce n’est pas encore assez pour observer convenablement le ciel. Les satellites en basse orbite et déployés par milliers ont tout de même tendance à rentrer de plus en plus régulièrement dans le champ de vision des télescopes, au fur à mesure que leur nombre s’agrandit. Même avec le DarkSat, ils réfléchissent quand même trop le Soleil. Cela peut être particulièrement désastreux pour l’étude d’astéroïdes proches de la Terre, car ils sont encore plus visibles au levé et au coucher du soleil, période propice à la pratique. SpaceX n’en démord pas et tente de trouver des solutions au problème pour établir un compromis avec les astronomes. Pour aller plus loin, les satellites Starlink ont été équipés d’un VisorSat. Ce sont des sortes de visières déployables faisant office de pare-soleils et pour les antennes brillantes. Un rapport issu de la première conférence sur les satellites en constellation SATCON 1 donne dix recommandations aux entreprises voulant déployer leurs dispositifs. Mis à part le fait d’assombrir l’équipement, il est recommandé d’orbiter à moins de 600km de haut pour minimiser les reflets nocturnes, de contrôler l’orientation des engins, de trouver des solutions pour éviter les trainées lumineuses dans l’observation astronomique et de rendre les coordonnées des satellites disponibles en temps réel aux scientifiques. Risques de collision Un autre problème qui est souvent relevé est le risque lié à la quantité d’objets présents à des altitudes semblables. Cela augmente en effet les risques de collision entre différents satellites, elles entraîneraient une situation en chaîne malvenue. Pour éviter cela, les satellites de Starlink sont dotés de propulseurs et de réflexes en intelligence artificielle pour éviter les collisions. Cependant, il est arrivé à plusieurs reprises que des satellites issus de constellations manquent de se rentrer dedans. Le 30 mars dernier, la société concurrente OneWeb a lancé une série de 36 satellites en orbite. La Space Force américaine a vite dû intervenir, car un satellite OneWeb se trouvait à environ 50 mètres d’un satellite Starlink, beaucoup trop proches l’un de l’autre. Même si les risques qu’ils entrent en collision n’étaient évalués qu’à 1,3%, l’événement aurait sans doute provoqué une réaction en chaîne spectaculaire. Starlink a dû désactiver manuellement l’IA de son satellite pour que les deux objets s’éloignent l’un de l’autre. Cette représentation de l’Agence Spatiale Européenne montre le nombre de satellites présents au dessus de nos têtes. Plus leur nombre grandit, plus il devient compliqué de d’accéder à l’espace. (crédit ESA) Un problème de coordination se pose donc dorénavant entre les différents acteurs de l’espace en basse orbite, car pour l’instant il s’agit le plus souvent d’improviser à chaque pépin. De plus, le nombre de plus en plus élevé de satellites qui occupent la basse orbite peut poser problème lors du lancement d’objets dans l’espace, dès lors qu’il faudra passer par diverses couches de milliers de petits satellites situés à des altitudes différentes. Les débris spatiaux Il y aurait des centaines de milliers de débris en orbite autour de la Terre. Cela provient des morceaux de fusées abandonnés et des satellites hors-service, mais c’est surtout le résultat de collision entre ces différents éléments, car une réaction en chaîne et a tendance à endommager d’autres satellites fonctionnels. Dans la flotte de Starlink, 3% des effectifs étaient déjà en panne en 2020. Cela ajoute donc des débris en plus et menace les milliers d’autres satellites en orbite basse. Comme beaucoup d’autres satellites modernes, les engins de Starlink possèdent tout de même la possibilité de déchausser de l’orbite terrestre pour se propulser vers le grand vide spatial. Selon SpaceX, les satellites en panne vont progressivement retomber vers la Terre et se désintégrer dans l’atmosphère. Mais avec l’engouement croissant pour les méga-constellations de satellites, la problématique des débris spatiaux ne va faire que s’intensifier.