A côté de Spider-Man : Miles Morales et Demon’s Souls, Sony alignait une troisième exclusivité first-party pour le lancement de sa PlayStation 5. Contrairement aux deux autres jeux exclusifs à la plate-forme, Sackboy: A Big Adventure est toutefois également jouable sur PS4. Comme Microsoft, Sony a donc choisi de rendre certains de ses titres multi plates-formes. Pas d’exclusivité next-gen donc pour le nouveau jeu de plates-formes de Sumo Digital, qui s’est vu confier le développement d’un spin-off de la série des Little Big Planet. Sackboy : A Big Adventure partage avec Little Big Planet son univers coloré, ses graphismes chatoyants et son héros si mignon, mais la comparaison entre les deux jeux s’arrête là. Car Sackboy est avant tout un platformer 3D coopératif, là où Little Big Planet était plutôt un jeu de création en plus d’un platformer 2D. Seul, on s’ennuie malheureusement très vite… Contrairement aux épisodes de la franchise, Sackboy a également été développé en externe et non pas en interne. Un choix risqué de la part de Sony, qui témoigne clairement d’une volonté de venir gonfler le line-up de lancement de sa console avec de plus petites exclusivités à la qualité variable, confiées à des studios externes. En l’occurrence, Sumo Digital, qui avait notamment travaillé sur les jeux de course Sonic Racing, avait signé le reboot d’Outrun et s’était déjà chargé du développement de Little Big Planet 3. On oublie donc le concept de la série des Little Big Planet. Pas de création ici mais de l’exploration de niveaux en 3D bourrés de collectibles à récupérer, quelques petits combats de boss et surtout de la coopération puisque le jeu a été pensé pour être joué à plusieurs. On pourra parcourir l’aventure jusqu’à quatre simultanément en ligne. Malheureusement, cette fonctionnalité n’est pas encore accessible mais l’éditeur promet qu’elle le sera d’ici la fin de l’année. En attendant, les joueurs devront donc se contenter du coop en local. La direction artistique est l’un des points forts de Sackboy. La progression dans le jeu reste très linéaire puisqu’il faudra parcourir des niveaux en ligne droite en sautant de plate-forme en plate-forme, tenter de réaliser le maximum de points dans chaque niveau et de compléter les objectifs principaux pour débloquer des étoiles qui permettront de débloquer des nouveaux niveaux… On passe d’un niveau à l’autre en ligne droite et en moins d’1h30 on a déjà bouclé le premier monde de Sackboy. Sachez-le, le jeu n’est pas bien long. Il ne propose que cinq mondes, composés chacun d’une dizaine de niveaux. Certains d’entre eux peuvent être complétés en moins de cinq minutes top chrono. Sackboy est toutefois l’un de ces jeux qui s’adresse aux complétistes, qui prendront un réel plaisir à récupérer tous les objets cachés dans chaque niveau et déverrouiller toutes les tenues de Sackboy. La rejouabilité est bonne si l’on joue à plusieurs. La qualité des niveaux en revanche va de l’excellent au médiocre. Si les décors sont globalement très jolis, le titre ne parvient pas vraiment à convaincre dans son level-design, répétitif à outrance et parfois sans grande imagination. C’est d’autant plus perturbant que certains niveaux du jeu sont extrêmement plaisants. C’est toutefois au niveau du gameplay que le titre de Sumo Digital a du mal à convaincre. Sackboy: A Big Adventure se présente en effet comme un platformer 3D sans réelle saveur. La pris en main du jeu est très simple : un bouton pour sauter, un bouton pour effectuer une roulade, un bouton pour saisir un objet, un autre pour frapper… Et on a déjà plus ou moins fait le tour des spécificités. Sumo Digital a bien tenté d’exploiter les capacités de la manette DualSense de la PS5, mais l’usage reste très limité puisque la plupart du temps la seule fonction utilisée est le gyroscope, pour déplacer une plate-forme mouvante sur quatre axes. Le level-design du jeu manque cruellement d’imagination. Si le jeu est plaisant à plusieurs, il l’est beaucoup moins en solitaire. Sackboy a réellement été conçu pour être joué avec des potes. C’est le genre de jeu très chill et sans prise de tête, qui se déguste entre amis, confortablement installé dans son canapé. Chaque joueur tentera ici de collecter un maximum de points en fracassant tous les objets qu’il rencontre sur son chemin, ils affronteront ensemble les boss et devront survivre aux séquences de plates-formes. Pas très exigeant, le titre se destine avant tout à un public très jeune. Quelque part, on lui reprochera toutefois un gameplay un peu trop mou et l’absence de réel objectif. Chaque partie s’apparente à une promenade de santé dans des décors colorés, entrecoupée de séquences de loot. Les combats de boss sont très fades, par rapport à d’autres jeux de plates-formes, les autres ennemis rencontrés ne poseront jamais de menace. Très clairement, l’accent n’est pas placé sur les combats. La magie du monde de Sackboy opère toutefois, avec ses décors colorés, son ambiance cartoonesque et son personnage si attachant. Très clairement, le scénario du jeu n’est ici qu’un prétexte à nous faire voir du pays. Esthétiquement, Sackboy est également plutôt réussi, sans toutefois être une claque. La direction artistique du jeu est superbe, les décors plein de vie, et les modélisations des personnages plutôt réussies, mais le jeu est loin d’exploiter le plein potentiel de la machine et on ressent d’ailleurs très clairement qu’il a été pensé pour être joué sur PS4 et PS5. Du côté de la bande sonore, difficile de ne pas tomber sous le charme de certaines mélodies qui accompagnent nos péripéties. Certains niveaux ont été construits spécifiquement pour accompagner des morceaux emblématiques, comme l’excellent “Uptown Funk”. Malheureusement, il s’agit plus de l’exception que de la règle. Dans l’ensemble, le jeu nous surprend assez peu et quelques niveaux seulement brillent par leur originalité. Si Sackboy: A Big Adventure est donc un platformer plutôt plaisant à parcourir, il manque cruellement de saveur et peine à justifier son prix plein (70€!). A 30 ou 40€, il aurait très certainement été une jolie découverte, mais à 70€, difficile de fermer les yeux sur certains de ses défauts. Conclusion Spin-off de la série des Little Big Planet, Sackboy : A Big Adventure était l’un des titres de lancement de la PlayStation 5. S’il conserve l’univers, les décors colorés et le personnage principal de la série, la comparaison avec Little Big Planet s’arrête là. Le jeu de Media Molecule était un platformer 2D qui proposait un éditeur pointu de niveaux. Sackboy est un platformer 3D coopératif à la progression très chill. S’il est plaisant à jouer à plusieurs avec ses niveaux colorés, son gameplay manque cruellement de punch. Les séquences de combat sont molles, le niveau de difficulté est très bas et la plupart des niveaux adoptent une structure très répétitive. La qualité des niveaux a également tendance à trop varier. Certains d’entre eux font preuve d’une réelle créativité, d’autres sont d’une banalité presqu’effrayante. En solo, le jeu manque cruellement de saveur. A plusieurs, l’expérience est un peu plus drôle, surtout si l’on est un complétiste. Reste qu’à 70€, l’addition est tout de même très salée pour un petit jeu de plates-formes pas forcément mauvais mais qui manque cruellement d’ambition.