Adaptation de la franchise de jeux de plateau du même nom, Pathfinder : Kingmaker a débarqué sur PC en 2018, grâce à une campagne de financement participative. Deux ans plus tard, le jeu a enfin droit à son portage sur console. Une Definitive Edition regroupant la campagne, ainsi que les DLC. Vaut-elle le détour ? Beaucoup d’amateurs de jeux de rôle papier se sont surement empressés d’acheter Pathfinder : Kingmaker à sa sortie sur PC. Une adaptation d’une franchise bien connue et très populaire qui ne s’est pas faite sans accroc. À sa sortie, le jeu comptabilisait un certain nombre de bugs que le petit studio russe à l’origine du jeu, Owlcat Games, s’est empressé de corriger via des patchs. Étrangement, on a l’impression que les développeurs les ont perdus entre temps puisque la version console est loin d’être exempte de soucis, mais on y reviendra à la fin de ce test. Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition prend vie dans un univers médiéval fantastique. Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition est donc l’adaptation vidéoludique de la campagne du jeu de rôle papier éponyme. Une adaptation qui reprend évidemment l’univers particulièrement riche de l’œuvre originale ce qui devrait plaire aux adeptes de la franchise. Quant aux nouveaux venus, rassurez-vous, le titre se montre conciliant et prend son temps pour introduire et développer son univers, ainsi que son scénario. D’ailleurs, un glossaire permet à certains moments d’avoir davantage d’informations sur tel ou tel personnage, tel ou tel fait. Après avoir choisi son héros parmi 5 archétypes (guerrier, paladin, rôdeuse, ensorceleur et prêtresse) et la possibilité de personnaliser son héros – une personnalisation particulièrement poussée -, nous voilà rassemblés avec plusieurs autres mercenaires pour une quête relativement simple ; détrôner une bande de brigands qui a mis la main sur les Terres Volées. La récompense promise sera à la hauteur de nos efforts, malheureusement, notre quête ne se déroulera pas comme prévu. Le manoir dans lequel nous nous trouvions est pris pour cible par des bandits. Un début qui donne le ton, l’aventure de Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition sera sensiblement construite de la même manière ; le joueur devra accomplir une mission à première vue simple, mais les embûches et retournements de situation seront nombreux. Une construction qui a déjà fait ses preuves et qui permet de développer une histoire riche. N’ayant pas joué à la version papier du jeu, difficile de savoir si le scénario du jeu vidéo est fidèle à l’œuvre originale. Dans tous les cas, on se laisse facilement porter par les différentes et nombreuses intrigues. Avec une petite dizaine de chapitres et un scénario particulièrement riche et bien construit, on rentre dans l’histoire sans difficulté et on reste dedans sans problème durant une cinquantaine d’heures – voire plus avec les DLC. Il ne faut pas être allergique à la lecture pour jouer à Pathfinder : Kingmaster Definitive Edition. La construction du scénario et les différents dialogues sont prenants et très bien écrits, de sorte qu’on rentre facilement dans l’histoire. On a envie d’en savoir plus. L’aspect littéraire du jeu est vraiment très poussé et très bien réalisé, avec des touches d’humour très subtiles qui fonctionnent parfaitement. Le doublage particulièrement convaincant des personnages y est très certainement pour beaucoup et aide à plonger dans cet univers médiéval fantastique. En plus d’un récit riche et d’un doublage très vivant, l’immersion est aidée par la possibilité d’effectuer des choix à la manière des Livres Dont Vous Êtes Le Héros. À plusieurs reprises, l’action sera résumée par des “scènes illustrées” dans un bouquin. Elles offriront la possibilité au joueur de choisir le comportement à adopter face à une situation. En fonction de ces choix et des compétences, mais aussi de la moralité de ses personnages, le dénouement choisi par le joueur sera ou non un succès. Chaque choix aura un effet sur le reste de l’aventure, exactement de la même manière que sur un jeu de plateau. À chaque instant, on sent que le titre est une adaptation de jeux de plateau et l’exercice est particulièrement réussi et intégré dans le jeu. Le concept de laisser le choix au joueur est vraiment intéressant et apporte une plus-value à l’aventure. On a vraiment l’impression d’être un acteur à part entière, même si ces phases plus littéraires coupent un peu le dynamisme du jeu. Le fait que l’histoire soit influencée par les choix du joueur et la personnalisation de ses héros fait que le jeu dispose d’une rejouabilité immense. Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition présente tout de même un très gros défaut : il est lent, extrêmement lent. Les échanges entre les personnages – en dehors des dialogues avec les amis – et certaines animations lors des “cinématiques” s’exécutent avec une lenteur des plus frustrantes et cela nuit évidemment au dynamisme du jeu. Cette lenteur se retrouve également à d’autres moments dans le jeu, mais on y reviendra. Les combats peuvent se faire au tour par tour ou en temps réel, selon les goûts du joueur. Le moins que l’on puisse dire est que Pathfinder : Kingmaster Definitive Edition est un jeu complet. Il intègre à la fois de l’exploration (monde fermé), des phases de combats en temps réel ou au tour par tour, de la gestion, des aspects de RPG vidéoludiques et reprend également des caractéristiques de jeu de rôle au sens propre. Ainsi, il arrive que la progression soit influencée par le hasard du jet de dés. Si le joueur ne lance pas réellement de dés, il peut consulter les résultats dans un menu à droite de l’écran. Les résultats sont autant influencés par le hasard que par les compétences de notre héros et de sa moralité, à la manière d’un jeu de plateau classique. Un aspect que les amateurs de ce type de divertissement devraient apprécier. Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition a en effet tout d’un Donjons et Dragons-like ; jet de dé virtuel, stratégie, gestion de groupe et d’inventaire. Classique, mais efficace. Le jeu propose donc une expérience très riche. Sa prise en main n’est donc pas forcément des plus aisées, il y a énormément de choses à prendre en compte. Il faut jongler entre les personnages, leur donner des actions à réaliser en temps réel ou au tour par tour – les deux sont possibles et cela a un petit côté déstabilisant –, naviguer dans les différents menus pour leur affubler de l’équipement ou les soigner. Les interfaces sont d’ailleurs loin d’aider le joueur à prendre ses marques. Il y a menus, sous-menus et des commandes un peu partout, on ne sait pas à quoi tout cela correspond et très franchement, c’est loin d’être aisé à la manette. On sent que le jeu a d’abord été développé pour une utilisation sur PC. Au-delà de cela, le jeu propose en effet énormément de possibilités au joueur afin de personnaliser son équipe. Il peut en choisir l’organisation (alignée, en triangle, en cercle, etc.), mais aussi les faire évoluer d’une certaine façon. Dans Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition, le joueur peut choisir la classe de son héros et lui attribuer une spécialisation et sous-spécialisation, mais aussi agir sur sa moralité (loyauté, diplomatie, neutralité,etc.). Il peut également lui attribuer de nouvelles compétences et augmenter ses statistiques comme il le souhaite. La personnalisation est véritablement poussée à l’extrême dans le jeu. Le joueur devrait beaucoup d’investir pour profiter au mieux de l’ensemble des possibilités et subtilités du jeu. Forcément, le titre d’Owlcat Games n’est pas à mettre entre les mains de tout le monde, mais nul doute que les amateurs de ce type de jeux y trouvent leur compte. Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition intègre également des éléments de gestion. Ainsi, le joueur devra prendre soin de ses héros en veillant à ce qu’ils se reposent suffisamment. Pour cela, il devra établir un camp et d’assigner une tâche à ses héros ; chasse, camouflage du camp, cuisine, etc. Des tâches dont la réussite dépendra une fois de plus du hasard puisque des dés seront lancés. On retrouvera également cet aspect durant l’exploration de la carte, les joueurs pourront tomber sur des ennemis aléatoirement. Au-delà de son camp durant l’exploration, le joueur devra également développer la forteresse de son héros devenu entre-temps baron. Il faudra développer sa baronnie en construisant divers bâtiments et moyens de défense, tout en y affectant des administrateurs pour faire tourner la boutique en votre absence. Le choix des responsables des différents aspects (économie, conseiller, entrainement, défense, ministre de la magie,etc.) aura un impact sur le village et sa réputation. En fonction des constructions (orphelinat, pilori pour les exécutions), le village sera plus ou moins “bon”. Ce côté gestion est également très poussé et fonctionne plutôt bien dans l’univers du jeu. Cette expérience se distingue tout de même des autres jeux de gestion sur la forme puisque tout se fait via une interface de type jeu de cartes. Encore une fois, le jeu rappelle qu’il est l’adaptation d’un jeu de plateau. Le jeu intègre de nombreux aspects qui rappellent les jeux de plateau, sa forme originale. Nous l’avons dit, Pathfinder : Kingmaster est lent, très lent. Que ça soit dans les animations, les déplacements ou encore les dialogues, cette lenteur est très frustrante. Mais ce n’est pas le seul défaut technique du jeu. On a pu constater de nombreux freezes au cours de nos parties, ainsi que des soucis de chargements. D’ailleurs, les fenêtres de chargement entre deux niveaux sont plutôt longues, ce qui est regrettable, évidemment. On notera également que les développeurs ne semblent pas avoir pris en compte certaines animations. En effet, si on est trop près d’une porte pour l’ouvrir, notre personnage est bloqué derrière. La porte peut également pousser notre héros. C’est un détail, mais c’est assez étonnant. Pourtant, le studio a tout de même livré un très joli travail au niveau visuel. On est séduit par son univers médiéval fantastique, mais aussi par la richesse de sa direction artistique. Le jeu intègre en effet plusieurs esthétiques. Tantôt on a affaire à un jeu 3D traditionnel, tantôt le titre se résume à l’intérieur d’un bouquin avec du texte et une illustration crayonnée très jolie, à d’autres moments, on a affaire à un jeu de cartes sur table ou encore à des croquis lors des fenêtres de chargement. Le tout fonctionne d’ailleurs très bien. Pour ce qui est de l’aventure en tant que telle, les développeurs proposent des environnements riches et variés, avec un nombre important de détails et de petites animations,ici et là, qui insufflent de la vie aux décors. On notera également que le bestiaire y est très diversifié ce qui n’est pas négligeable. De plus, même si la vision est d’en haut, il est possible de jouer quelque peu avec la caméra. On regrette tout de même un manque de lisibilité lors des combats dès que le nombre de participants est un peu élevé. Ajoutez à cela des sorts et on n’y voit plus grand-chose. Visuellement, le jeu manque tout de même de texture et de précisions. On sent que les moyens techniques n’étaient pas forcément au rendez-vous. L’ambiance globale réussie du jeu est renforcée par des mélodies impeccables qui collent parfaitement à l’univers et aux situations. Une bande-son signée Inon Zur, un compositeur de musiques de jeux vidéo qui a déjà fait ses preuves sur d’autres titres (Fall Out 3 & 4, Dragon’s Dogma, etc.). Les bruitages sont tout aussi réussis et insufflent de nouveau de la vie au jeu. Comme nous l’avons déjà dit, le doublage y est particulièrement soigné. Chaque personnage a sa propre personnalité et cela se manifeste dans sa voix, ses intonations, durant les dialogues, mais aussi spontanément au cours de l’exploration. Le portage sur consoles est loin d’être parfait. La gestion des héros et la navigation dans les différents menus et sous-menus est compliquée. Enfin, pour ce qui est du portage en lui-même, on regrette que le jeu présente encore autant de soucis (freezes, problèmes de porte, saut dans l’animation). Ça aurait été l’occasion de peaufiner tout cela. On regrette également que la navigation dans les menus soit aussi peu pratique. C’est une horreur, surtout pour changer de personnage. Certaines actions se font au pointeur, or, avec un joystick, ce n’est pas forcément évident. Il faut être précis – trop – pour sélectionner le bouton pour sortir, actionner un objet ou vider les poches d’un cadavre. Encore une fois, à la manette, ce n’est pas évident. Même constat pour les combats, la barre de sort n’est pas très accessible à la manette, c’est vraiment regrettable. Diriger les attaques ou simplement déplacer son héros n’est vraiment pas pratique. Heureusement que l’on peut mettre les combats en pause, sinon ce serait la mort assurée. On aurait souhaité pouvoir attaquer simplement et directement avec les commandes de la manette ce qui aurait été plus pratique. Les idées sont bonnes, mais mal adaptées à une expérience console. Conclusion Portage du jeu sorti sur PC en 2018, lui-même étant l’adaptation du jeu de plateau éponyme, Pathfinder : Kingmaker Definitive Edition propose une riche aventure aux fans de jeux de rôle, de gestion et d’univers médiéval fantastique. Les développeurs d’Owlcat Games ont en effet mis les petits plats dans les grands avec ce titre, offrant une expérience presque complète et très poussée. Le joueur devra d’ailleurs s’impliquer pour explorer et mettre à profit les richesses du jeu lors des combats au tour par tour ou en temps réel en personnalisant au maximum ses héros, mais aussi leur organisation. Le scénario conséquent et riche en rebondissements prend vie à travers des dialogues très soignés, doublés par des acteurs d’une justesse rare, mais aussi des séquences à la manière des Livres Dont Vous Êtes Le Héros qui implique davantage le joueur dans l’aventure et son déroulement. Si le matériau de base était très bon, ce n’est pas forcément le cas de son portage que l’on peut qualifier de minimaliste. Les interfaces et la jouabilité du jeu n’ont pas été totalement adaptées à une expérience à la manette. Combattre est compliqué à la manette, naviguer dans les différents menus aussi. On sent que le jeu avait été initialement pensé pour une expérience PC. Des bugs et autres soucis présents dans la version originale sont également de la partie ici, ce qui est évidemment regrettable. La richesse du gameplay, le scénario poussé (+/- 50 heures pour la campagne principale) et la rejouabilité font qu’on pardonnera ces quelques points faibles au titre d’Owlcat Games, mais on aurait plutôt tendance à recommander la version PC. En revanche, la lenteur des animations et de la progression au sens propre pourra en frustrer plus d’un. Bonne nouvelle toutefois, le jeu est proposé à un prix plus que correct (40€) pour une édition comprenant tous les DLC, multipliant par deux la durée de vie du jeu.