Test – Fairy Tail : du fan-service sans saveur

Manga très populaire, Fairy Tail n’avait jusqu’ici pas eu droit à une véritable adaptation vidéoludique en dehors du marché japonais. Ce jeu vidéo inespéré est forcément très attendu par les fans, mais seront-ils déçus par le voyage ? Oui et non.

Avant de nous intéresser au jeu vidéo en tant que tel, revenons quelques instants sur le Shonen – manga ayant pour cible les jeunes adolescents masculins – Fairy Tail en lui-même. Écrit et dessiné par Hiro Mashima à qui l’on doit également Monster Soul, Rave ou encore Edens Zero, Fairy Tail a vu le jour dans l’hebdomadaire Weekly Shönen Magazine en août 2006 et s’est éteint sous cette forme en juillet 2017. Entre temps et vu le succès du manga, Fairy Tail a été adapté en série animée et comptabilise 328 épisodes. Il a également eu droit à neuf OAV (Original Video Animation) et deux films d’animation. Fairy Tail est donc loin d’être une œuvre quelconque. Pourtant, les fans du manga et/ou de l’anime ont dû patienter jusqu’en juillet 2020 pour jouer à une véritable adaptation vidéoludique de Fairy Tail. Et nul doute que ce jeu s’adresse aux fans de l’univers d’Hiro Mashima puisqu’il prend place en plein milieu du Shonen.

Bien que fidèle au matériau de base, le scénario de Fairy Tail manque cruellement de saveur et se permet un certains nombres d’ellipses inexpliquées.

C’est ainsi qu’on (re)trouve les personnages clés du manga ; Natsu, Lucy, Happy, Erza ou encore Grey, sans véritable introduction. D’ailleurs, le joueur est directement jeté dans la gueule du loup puisqu’il devra affronter à plusieurs reprises un ennemi durant les dix premières minutes du jeu. Un choix des développeurs du studio japonais Gust qui a le mérite de transporter le fan directement dans l’action, mais pour un néophyte la mise en bouche est plutôt brutale.

Après avoir affronté le premier mini-boss, Hades, le jeu nous donne enfin quelques informations sur la bande de personnages que l’on contrôle. Le joueur sera donc en charge de la guilde des Fairy Tail, un groupe d’humains dotés de pouvoirs magiques qui tente de survivre et de redorer l’image de leur confrérie après une longue absence en réalisant des missions pour le compte des villageois et en repoussant les ennemis.

Le scénario de base reprend en grande majorité l’histoire contée dans le manga et l’anime – dan-service oblige -, même s’il s’autorise pas mal d’ellipse. Il offre également quelques séquences narratives inédites, histoire de proposer une certaine plus-valu. Maintenant, il s’agit avant tout d’une adaptation fidèle du manga, les fans ne devraient donc pas être surpris, bien que la narration manque cruellement de “punch”. Pour les néophytes, bien que les premiers instants n’aident pas à la compréhension et à l’immersion dans le récit, la simplicité de celui-ci permet tout de même de suivre les tenants et aboutissants du scénario qui se montre tout de même fort simple.

Fairy Tail n’est en effet pas un titre à la narration complexe, tout comme les personnages – très nombreux (trop ?) –  qui sont d’une grande simplicité, de même que les « méchants ». Le jeu transpire de bons sentiments et de raccourcis moralisateurs d’un ennui mortel. L’union fait la force, mais pas la qualité d’un jeu. Au final, on se laisse porter par le titre et son histoire, quitte à s’assoupir en cours de route. Évidemment, du point de vue d’un fan de la saga, revivre les aventures de sa guilde préférée devrait être plus intéressante, mais pour un néophyte – ce qui est notre cas -, on repassera.

On notera tout de même que le jeu propose une encyclopédie, un glossaire et un résumé de l’histoire générale pour permettre aux nouveaux venus de comprendre les grandes lignes de l’histoire.

Les combats au tour par tour n’ont rien d’exceptionnels.

Pour cette adaptation vidéoludique, les développeurs ont évidemment opté pour un format JRPG. Un choix très classique et qui ne s’éloigne pas vraiment des caractéristiques du genre en dehors de quelques aspects. C’est ainsi qu’on se retrouve à constituer notre équipe pour les combats sur base d’un ou deux personnages clés. Ces derniers monteront de niveau à mesure qu’ils gagneront de l’expérience lors des combats et pourront débloquer de nouvelles compétences et attaques. On retrouve également le système d’objets bonus avec lesquels équiper nos personnages.

C’est au niveau des combats au tour par tour que le jeu innove quelque peu, bien qu’ils se rapprochent très fortement de ceux de Persona 5. Le joueur pourra en effet prendre en compte l’étendue des attaques qu’il choisit. Certaines ne ciblent qu’un seul carré et donc qu’un seul ennemi à la fois, mais d’autres sont plus larges et se répercutent plutôt sur deux carrés ou en croix. Cela permet de toucher plusieurs ennemis à la fois et apporte une légère forme de stratégie plutôt appréciable, même s’il suffit en réalité de miser sur les attaques qui touchent le plus d’ennemis à la fois pour en venir à bout… Pour le reste, on reste sur quelque chose de très classique avec les sorts, les attaques, les soins, la défense, etc.

L’autre point sur lequel Fairy Tail se démarque légèrement repose sur la jauge de “transe” – l’Éveil – de l’équipe. Une fois pleine, celle-ci permet de déclencher une suite d’attaques d’un coup, une pour chaque personnage. Évidemment, ces attaques coopératives magiques sont plus puissantes qu’en temps normal et dépendant des relations entre les personnages. Plus vous effectuerez des missions avec un tel et une telle, plus leur amitié sera forte et leurs attaques de « transe » le sera également. L’Éveil renforcera malgré tout le déséquilibre qu’il y a entre les personnages et leurs ennemis qui sont loin d’être de véritables challenges.

Les animations des attaques sont, comme beaucoup de JRPG, très spectaculaires, même pour les attaques les plus basiques. Et dans ce cas, on peut se dire que c’est un peu trop surjoué. Ça enlève même de l’extraordinaire aux attaques plus puissantes.

Les quête sont répétitives et particulièrement insipide.

Pour progresser dans l’histoire et faire remonter sa guilde dans le classement, le joueur devra réaliser les missions proposées par les villageois, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut. La plupart sont des quêtes Fedex qui consistent à se rendre à un endroit depuis le QG pour récupérer un objet, enquêter sur une affaire et vaincre des ennemis. Rien de bien palpitant et assez répétitif. D’ailleurs, le monde semi-ouvert se limite également au strict minimum avec quelques monstres ici et là et des ressources à récupérer. Au final, seule la trame narrative aura un réel aspect – pour les fans -, le jeu ne donne pas particulièrement envie d’explorer le monde en dehors.

Les décors manquent clairement de finition.

Avec un manga et une série animée, les développeurs n’ont pas pu véritablement se tromper pour développer l’univers visuel de Fairy Tail. Ils ont fait le choix du cel shading pour mettre en forme les personnages. Un choix tout à fait respectable qui fonctionne plutôt bien, mais qui est gâché par cette animation particulièrement ennuyeuse de mouvement perpétuel des personnages, qui en deviennent vite agaçants. Techniquement, c’est plut$ot faible. Les animations sont surréalistes et les modélisations manquent de charme.

On peut également critiquer le manque de textures des décors qui, bien qu’ils respectent l’œuvre originale – on reconnait facilement l’inspiration parisienne dans le village de Fiori -, n’en restent pas moins décevants et surtout terriblement vides.

Fort heureusement, la bande originale permet d’apporter une vraie énergie à cette aventure globalement décevante tant elle est basique. Les musiques d’ambiance sont parfois épiques, parfois joyeuses. On est comblé à ce niveau, et ce, même si les mimiques vocales inutiles des héros viennent parfois casser l’ambiance.

Conclusion 

Pour cette adaptation vidéoludique du manga et anime Fairy Tail, les développeurs du studio japonais Gust ont principalement misé sur le fan-service. Et pour y arriver sans trop de difficulté, le studio a opté pour une approche classique du JRPG. On retrouve ainsi des combats au tour par tour, avec tout de même un système d’attaques par « zones » et une sorte de transe de l’équipe qui permet de réaliser des attaques plus puissantes. Avec ses quêtes répétitives et un scénario allégé, mais fidèle au manga et à l’anime, le jeu aura du mal à séduire les néophytes tant la construction de son scénario est simple et manque de profondeur. On ne peut vraiment pas dire que c’est un mauvais jeu, Fairy Tail coche toutes les cases du JRPG, mais n’y apporte aucune saveur. Le titre est un vrai fan-service qui aura très certainement du mal à divertir plus que ça les adeptes du genre. Le jeu retrace tout de même plusieurs arcs narratifs du manga et offre quelques séquences narratives inédites – pour une durée de vie honorable (25 heures au minimum) qui devraient motiver les fans de Fairy Tail à passer à la caisse, mais le jeu ne devrait pas marquer plus que ça les esprits… 

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Fairy Tail

Gameplay 6.0/10
Contenu 6.5/10
Graphismes 4.5/10
Bande son 7.0/10
Finition 5.5/10
5.9

On aime :

Quelques bonnes idées de gameplay (attaques et transe)

Un scénario fidèle à l'oeuvre original

La présence de nombreux personnages

Les musiques d'ambiance

Une durée de vie correcte (25 heures minimum)

On aime moins :

Un JRPG des plus classiques

Un scénario et des personnages sans saveur

Des graphismes d'un autre âge

Un déséquilibre important entre les personnages et les ennemis

Des quêtes particulièrement répétitives