C’est grâce à une reconstruction numérique des cordes vocales de la momie que les chercheurs ont réussi à la faire “parler”. Par définition, les morts ne parlent pas. Néanmoins, il est possible de faire parler leur corps grâce aux nouvelles technologies développées au fil des années. Ainsi, grâce à diverses avancées technologiques et médicales, on peut déterminer la cause de la mort, mais aussi reproduire grossièrement l’apparence des défunts, morts depuis des milliers d’années. Jusqu’à présent, ce saut dans le passé permettait uniquement de reconstituer les traits physiques de nos ancêtres, mais récemment, une équipe de chercheurs a réussi à entendre la voix d’une momie de 3000 ans. Les chercheurs sont parvenus à reconstituer artificiellement la voix de Nesyamun, un prêtre qui a vécu sous le règne du pharaon Ramsès XI, au début du XIe siècle avant notre ère. Une prouesse technique qui a été rendue possible grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la tomodensitométrie. Il s’agit d’une technique d’imagerie médicale qui permet de mesurer l’absorption des rayons X par des tissus, afin de reconstituer une image 2D ou 3D des structures anatomiques. C’est à partir des rendus numériques des cordes vocales de la momie que les chercheurs ont réussi à la faire “parler”. Il n’est pas question ici d’entendre un message « enregistré » ou un discours du défunt, mais bien d’entendre sa voix telle qu’elle a été emprisonnée dans le sarcophage. David Howard, chef du département du génie électronique à l’Université de Londres, a précisé à la revue Scientific Reports que « ce que nous avons fait, c’est créer le son de Nesyamun tel qu’il est dans son sarcophage. Ce n’est pas un son de son discours en tant que tel, car il ne parle pas réellement ». Dans les faits, l’intérêt du procédé est assez limité, d’autant que le résultat est plutôt approximatif, mais la technique utilisée pourrait tout de même se révéler intéressante pour d’autres projets et découvertes. « C’est juste l’excitation pure et la dimension supplémentaire que cela pourrait apporter aux visites de musées, par exemple, ou aux visites de sites à Karnak. L’idée d’aller dans un musée et de repartir après avoir entendu une voix d’il y a 3 000 ans est le genre de chose dont les gens pourraient bien se souvenir pendant longtemps », s’est enthousiasmé John Schofield, chercheur au département d’archéologie de l’Université de York.