Après les très classiques Lost Sphear et I Am Setsuna qui déroulaient des combats au tour par tour classiques, Tokyo RPG Factory (petite filiale de Square Enix) joue la carte de l’action-RPG dans cet Oninaki exploitant le thème de la réincarnation. L’univers de Oninaki aborde de front la mort en nous plaçant dans la peau d’un gardien pouvant passer du monde des vivants à celui des morts dans le but de maintenir un certain équilibre entre les deux. Sa mission est notamment de trouver les âmes égarées afin de leur apporter la paix intérieure, ce qui leur permettra in fine d’accéder à la réincarnation. Un concept assez original dans le milieu du jeu vidéo, qui, en plus d’être assez sombre et mélancolique dans son approche (le deuil ou le suicide sont abordés), permet de proposer un gameplay où l’on est amené à basculer d’un monde à l’autre pour trouver les âmes en peine. Cependant, basculer dans l’au-delà est risqué car le moindre coup reçu est synonyme de game over sur ces sombres terres. Pour s’y aventurer, il vaut donc mieux trouver au préalable des Voleurs de vue, un type de créature qui, une fois éliminée dans le monde des vivants, libère un vortex qui rend alors l’exploration accessible. De nombreux ennemis sont présents dans les deux réalités parallèles et nettoyer une zone dans l’une d’elle n’élimine pas automatiquement les créatures présentes dans l’autre monde. S’ensuivent donc des combats à grinding très répétitifs, d’autant que le bestiaire tourne autour d’une poignée de monstres différents au design peu inspiré. Plus orienté action qu’exploration (les quêtes sont de surcroît très linéaires), Oninaki prend davantage des allures de hack’n slash plutôt que de RPG profond. Heureusement, la présence d’armes plutôt originales relève quelque peu l’intérêt du joueur qui commençait déjà à s’assoupir. Celles-ci sont en réalité fournies par des démons qui se rallient à votre cause. En étant « possédé » par ces derniers, on bénéficie de son arme et de ses capacités. Un système d’expérience traditionnel combiné à un système d’affinité permet d’acquérir de nouvelles capacités au sein d’un arbre des talents plutôt bien pensé en ce sens. Avec jusqu’à quatre démons assignés, il est dès lors possible de passer d’un démon à l’autre en plein combat, ce qui permet des approches différentes et de sortir des enchaînements parfois très efficaces grâce aux capacités acquises au fil de l’aventure. Mais cela ne suffit pas à véritablement rendre l’aventure plus excitante, le jeu manquant cruellement de panache à tout niveau. La mise en scène est très statique, les animations sont rigides, le système d’esquive est si raté qu’il parait inexistant (il faut utiliser un dash ou sauter pour éviter les coups ennemis) et les boss comme les PNJ manquent cruellement de personnalité. Sur notre test effectué sur Nintendo Switch, le jeu souffre en outre de gros ralentissements, même hors des séquences d’action et subit de longs et fréquents temps de chargement. Un peu à la ramasse du côté technique (les graphismes paraissent datés, que ce soit sur PS4 ou sur Switch), et même la bande-son, pourtant servie par une musique plaisante, fait pâle figure lorsque l’on traverse certains environnements parfois dénués d’effets ou d’ambiance. Pas terrible en termes d’immersion. Conclusion Oninaki ne sauve les meubles que grâce à sa narration aux thématiques adultes et ses armes-démons originales. Si l’on ferme les yeux sur le chara design désincarné, les animations rigides, la grande linéarité et répétitivité de l’exploration ainsi que des combats, il est possible d’accrocher à ce RPG au look atypique. Mais les ralentissements et les nombreux temps de chargement rencontrés, notamment sur Switch, risquent de définitivement décourager les plus persévérants qui espéraient peut-être un action-RPG riche mais se retrouvent au final face à ce qui ressemble plutôt à un pauvre hack’n slash presque entièrement dénué de vie. Bref, il n’y a pas grand chose à sauver dans cet action-RPG, qui aurait sans aucun doute mérité quelques mois de développement supplémentaires…