Test – Left Alive : le spin-off raté des Front Mission

Les premières images de Left Alive avaient été dévoilées lors du Tokyo Game Show 2017 et avaient de quoi faire saliver les joueurs. Une bonne impression aidée par plusieurs grands noms au générique, un scénario basé sur la guerre et l’infiltration, Left Alive s’annonçait terriblement intéressant, malheureusement le résultat est loin des premières sensations.

D’après les premières images, le titre de Square Enix s’annonçait particulièrement intéressant. Avec Toshifumi Nabeshima (Armored Core), Takayuki Yanase (Gundam 00, Xenoblade Chronicles X) et Yoji Shinkawa (Metal Gear Solid) sur le projet, la promesse était de taille. D’autant qu’il s’agissait d’un spin-off de la saga des Front Mission. Pourtant, tout dans Left Alive semble avoir été fait pour vous faire détester ce jeu. Un sentiment qui naît dès les premiers instants du jeu et qui ne cesse de s’intensifier au fil des heures.

Guerre sans pitié

Durant l’an 2127, la ville fictive de Nova Slava se fait envahir par l’État voisin à coup de soldats enfermés dans des machines humanoïdes et lourdement armés. Pris de court, la population se fait massacrer sans aucune pitié. C’est à travers ce chaos qu’on va suivre l’histoire de 3 personnages qui tentent le tout pour le tout pour traverser cette situation en vie. Une tâche compliquée de par la présence de militaires vicieux et cruels qui ont reçu l’ordre de tuer tout ce qui bouge.

Face à des soldats lourdement équipés, nos trois protagonistes vont devoir faire des choix pour essayer de s’en sortir. Tenter le tout pour le tout et affronter les troupes ou se faufiler en essayant d’éviter tout affrontement. Contrairement à ce que laissaient penser les premières images de Left Alive, il n’est pas question de grandes contre-attaques musclées, mais plutôt de tentatives désespérées de quelques survivants de survivre à cette guerre.

Que ça soit sur ce point ou sur les décisions que le joueur prendra durant ses dialogues avec d’autres personnages, chaque choix aura des conséquences sur le déroulement de l’histoire. Un scénario intéressant qui aurait vraiment pu valoir quelques choses si le gameplay n’avait pas véritablement massacré toute la sympathie que l’histoire aurait pu nous apporter.

Douloureux du début à la fin 

On entame le nerf du problème : le game-design dans sa totalité. Premièrement, les commandes – sur PS4 en tout cas – ne respectent pas les quelques principes de base telles que la croix pour sauter ou courir. En revanche, c’est R3 pour s’accroupir. Les premières secondes de jeu, presque directement sous les coups de feu, sont faites à tâtons tant la découverte de la direction et des mouvements est difficile. Au-delà des commandes, le premier personnage, Mikhail, est d’une lourdeur étonnante. Lent, même durant sa course, il manque clairement de légèreté et de fluidité. Des défauts qui ne sont pas exclusifs au soldat puisque la chère Olga l’est également.

Les mécanismes d’infiltration et de couverture sont tous aussi lourds. Impossible de se jeter derrière un obstacle pour éviter des balles ou de regarder si le champ est libre de manière fluide, ici, chaque mouvement est saccadé. Et si le joueur préfère une stratégie plus frontale, viser un ennemi est une véritable horreur, pareil pour les attaques au corps-à-corps. Tout manque de fluidité et de précision, voire au final d’intelligence. Une tragédie pour un titre qui se révèle autant exigeant, car chaque erreur entraîne souvent la mort de notre personnage.

À mi-chemin entre le jeu d’action et d’infiltration, Left Alive déçoit énormément de par les nombreux problèmes de game-design. Si le titre se présente comme un jeu exigeant, c’est rarement pour de bonnes raisons qu’il l’est. Parce que, oui, il est difficile, mais simplement parce que de nombreuses choses ne fonctionnent pas. En plus de la lourdeur des personnages, des commandes illogiques, s’infiltrer tout en immobilisant les ennemis au passage n’est tout bonnement pas possible puisqu’aucune touche ni commande ne permet d’assommer ou d’éliminer un ennemi en arrivant par dernière. On ne parlera pas du taser qui n’immobilise que durant une ou deux secondes. Une aberration pour un jeu d’infiltration.

Autre aspect inutilement difficile ; le manque d’armes et de munitions. Bien que la rareté des armes et des munitions ait un sens dans un jeu de survie, tout ce qui gravite autour des armes n’a pas de justification logique. En effet, même si on décide de miser exclusivement sur des headshots (tirs dans la tête) pour économiser des balles, cela n’aura pas plus d’effet que tirer dans la jambe ou le bras de son ennemi. Un peu frustrant tout de même. Au final, on tire dans le tas sans grande conviction, encore faut-il arriver à viser correctement les ennemis puisque la caméra capricieuse et la gestuelle de nos personnages n’aident vraiment pas.

Pour ce qui est du corps à corps, là aussi, on sent un décalage important avec les ennemis. Ceux-ci sont beaucoup plus mobiles que nos « héros » et possèdent des armes presqu’illimitées. Plus agiles, ceux-ci ont tout le temps de nous massacrer pendant qu’on essaye tant bien que mal de déplacer notre personnage.

Autre aberration, la vitesse de marche et de course. Si on tente d’aller vers notre ennemi pour aller au corps à corps, celui-ci n’a qu’à reculer et il sera alors impossible de le rattraper puisqu’on a la même allure. Et si on tente le sprint, là on sera trop rapide et on atterrit soit à ses côtés, soit derrière lui. Évidemment, les ennemis ne souffrent pas des mêmes handicaps donc ils ont tout le temps de nous mitrailler. La gestion des déplacements des personnages – en plus de la lourdeur – est approximative et douloureuse.

Une manière, peut-être, de nous forcer à la discrétion. Or, cette solution ne sauve en rien le titre. Les ennemis sont nombreux et extrêmement bien placés pour rendre notre infiltration compliquée. Il ne faudra pas trop compter sur les quelques objets de diversion (fumigènes ou cocktail Molotov) puisqu’ils sont en réalité trop limités ou n’infligent pas assez de dégâts aux ennemis pour nous laisser le temps de passer.

Au final, le gameplay est un véritable enfer, mais pas pour les bonnes raisons. On se fait rapidement repérer lors des infiltrations, l’approche musclée se conclus trop souvent à notre désavantage, les objets rassemblés – on ne peut rien fabriquer lorsqu’on est caché – sont anecdotiques tellement ils sont rares et inutiles dans notre quête. Arriver au bout d’un niveau, revient surtout à un concours de circonstances et de beaucoup de chance plutôt que d’une habilité à la manette.

Joli, mais vieillot

Le contexte du jeu avait pourtant de quoi séduire. L’atmosphère chaotique est bien représentée dans les décors, même s’il est souvent beaucoup trop visible que des éléments se trouvent là pour telle ou telle raison. On a le sentiment qu’on nous indique le chemin ou que, justement, on nous l’indique mal. On est rapidement perdu.

Par ailleurs, la qualité des décors est à la hauteur du reste du jeu. C’est joli, une vraie identité se dégage des décors, mais ça manque terriblement de finition. On se cogne dans tout, notre personnage est fait en carton et les décors aussi. L’exploration est rendue difficile puisqu’on rentre dans les meubles sans vraiment les toucher ou on est bloqué par … rien. On peut tout de même souligner les quelques sympathiques cinématiques, mais c’est tout. Même les fans auront du mal à lui trouver des atouts.

Enfin, le jeu des doubleurs – uniquement en anglais sous-titré français – est relativement bon et c’est malheureusement l’un des rares points positifs du jeu. La cruauté des personnages est bien retranscrite dans leur voix. Une intensité soulignée par des musiques adéquates. Dommage que le scénario ne soit pas plus excitant…

Conclusion

Spin-off de la très bonne série des Front Mission, Left Alive avait tout pour séduire sur le papier, avec son univers sombre et son gameplay atypique, axé sur la survie. Malheureusement, Square Enix nous livre un raté comme on en voit rarement tant le game-design du jeu est mal foutu et sa prise en main douloureuse. Tout repose sur l’alignement des astres et le karma pour progresser dans le jeu plutôt que l’habilité du joueur. Même les fans de Front Mission auront du mal à lui pardonner ses nombreux petits défauts. Une chose est sûre : en cette période plutôt chargée en sorties, il y a largement de quoi trouver mieux…

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Left Alive

Gameplay 2.0/10
Contenu 5.5/10
Graphismes 5.0/10
Bande son 6.5/10
Finition 3.0/10
4.4

On aime :

D'excellents doublages en V.O.

Une direction artistique inspirée

On aime moins :

Un gameplay chaotique

Une difficulté non justifiée

Une caméra capricieuse

Des bugs en pagaille

Une I.A. désastreuse