Test – Dragon’s Lair Trilogy : un joli condensé nostalgique de QTE

Depuis sa parution en 1983, Dragon’s Lair est quasiment sorti sur toutes les consoles à travers les générations. Si Nintendo avait déjà eu droit à cette compilation (sur Wii et 3DS, notamment), c’est maintenant au tour de la Switch d’accueillir ces petits classiques interactifs.

Sorti à l’époque sur bornes d’arcade équipées de laser disc, le premier Dragon’s Lair est devenu un petit classique par son originalité et sa direction artistique. Il marque en effet d’une part la naissance du quick time event (QTE), qui consiste à appuyer sur le bon bouton dans un temps imparti (une direction ou la touche d’action, dans ce cas-ci). Et, d’autre part, le jeu n’est ni plus ni moins qu’un dessin animé interactif réalisé par une pointure de l’animation au cinéma, Don Bluth, à qui l’on doit entre autres Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ainsi que Fievel et le Nouveau Monde.

L’artiste livre pour les besoins de Dragon’s Lair une aventure ancrée dans l’heroic fantasy où un preux chevalier, Dirk, s’aventure dans un château pour y délivrer la princesse Daphné des griffes d’un dragon. On en restera là pour le scénario, le jeu étant aussi très chiche en dialogues (deux ou trois lignes maximum). Les situations s’enchaînent, le joueur passant d’un tableau à l’autre en décidant à chaque fois très rapidement dans quelle direction se diriger pour progresser et éviter les nombreux pièges qui se présentent. Haut, bas, gauche, droite ou une pression sur le bouton d’action sont donc les seules manipulations demandées. Un gameplay simple et extrêmement limité, qui s’avère également extrêmement punitif car la moindre erreur ou un timing inapproprié sont synonymes de mort immédiate.

Dragon’s Lair

Dragon’s Lair casual

A l’époque, le joueur disposait de seulement trois vies pour achever la quête. Ici, vous pouvez en avoir cinq et les « continue » sont illimités. Ce qui simplifie grandement la tâche, même si l’on continue de pester à chaque fois que l’on se trompe. Pourtant, il est possible désormais de voir où appuyer (une aide peut être activée pour obtenir une indication de direction), alors qu’à l’époque il fallait réagir en fonction du contexte, avec parfois un endroit de l’écran qui clignotait en guise d’indice. Il fallait donc parfois un peu tâtonner, ce qui rendait la progression réellement aventureuse, faire preuve d’excellents réflexes et retenir par cœur chaque passage pour pouvoir tout faire d’une traite, les patterns ne changeant pas d’un iota.

On conseillera donc aux plus téméraires voulant vivre l’expérience comme à l’époque de désactiver l’aide dans les options (elle est activée par défaut) pour ne pas voir les flèches et indications en bas de l’écran qui ont en plus tendance à nous faire dévier le regard des magnifiques animations qui se déroulent sous nos yeux.

Dragon’s Lair 2 : Timewarp

Séance de courts métrages d’animation

Le jeu, très difficile à l’époque, trouvait son intérêt dans la découverte des nouvelles animations que nous réservaient la scène suivante et dans l’appréhension de nouveaux pièges retors (les mises à mort, parfois amusantes, avaient également leur intérêt). Cette édition gâche tout bonnement les sensations de découverte, d’autosatisfaction et de récompense en présentant dans ses extras le film complet (également visible par séquence) de l’aventure, à visionner avec ou sans les morts.

Disponible d’entrée de jeu (s’il avait été déblocable seulement après avoir achevé la quête, ç’aurait été une belle et juste récompense), le court métrage ainsi visible à tout moment annihile tout bonnement tout intérêt à se frotter au jeu. A moins d’être un grand nostalgique ou d’être un peu sado-maso (on rappelle que le gameplay n’est qu’une succession frénétique de QTE), on ne voit dès lors pas l’intérêt de se lancer dans l’aventure.

Dragon’s Lair Trilogy

On se surprend ainsi à passer son temps dans le mode cinéma plutôt que dans le jeu même, pour admirer tranquillement les jolis courts métrages de Don Bluth. A 19,99€ la compilation sur le Nintendo eShop (il n’y a pas de version boite pour l’instant), cela fait tout de même un peu cher pour trois dessins animés qui durent chacun 10 minutes maximum, aussi beaux soient-ils.

La présence de deux niveaux de difficulté, facile et difficile, n’apporte véritablement rien de plus (la seule différence est un timing plus serré pour appuyer sur le bon bouton), et les petits bonus présents (une interview, non sous-titrée, des artistes et un storyboard animé), ne justifient pas le prix, d’autant que ces extras étaient déjà présents dans les éditions précédentes sur les autres consoles. Ajoutez à cela des petits détails dans la finition qui laissent à désirer (de nombreuses fautes de grammaire et d’orthographe dans les textes de présentation, l’écran qui reste noir lorsque l’on quitte un jeu, etc.) et vous obtenez un portage franchement fainéant, sans aucune nouveauté (si ce n’est le mode portable inhérent à la Switch).

Space Ace

La trilogie de Don Bluth

En outre, il faut tout de même préciser qu’il y a un gros mensonge derrière l’appellation trilogie. On n’est pas ici en présence de trois jeux Dragon’s Lair, mais d’un « diptyque agrémenté de Space Ace ». L’édition comprend en effet Dragon’s Lair premier du nom et sa suite Dragon’s Lair 2 : Timewarp ainsi que Space Ace, qui est d’ailleurs sorti la même année que le premier jeu.

Sorti plus tard, en 1991, Timewarp nous fait voyager dans le temps (on y croise Alice au pays des merveilles et même Beethoven !), toujours à la rescousse de la princesse Daphné cette fois kidnappée par un sorcier. Space Ace nous plonge quant à lui en pleine science-fiction avec le maigrichon Dexter qui doit sauver son amie Kimberley des griffes du méchant Borf. Les deux jeux apportent néanmoins une véritable dimension scénaristique qu’il manquait au premier Dragon’s Lair, avec également un enchaînement de séquences qui répond cette fois une vraie continuité là où le premier jeu reste complètement aléatoire dans ses enchaînements. En outre, Timewarp et Space Ace disposent de nombreux dialogues, ce qui dynamise grandement l’action.

Ces deux titres, toujours réalisés par Don Bluth, s’avèrent donc plus riches et délirants que le premier Dragon’s Lair, avec une petite atmosphère psychédélique inspirée de Barbarella en plus pour Space Ace.

Conclusion

Où sont passés le challenge, la découverte et la frustration de Dragon’s Lair ? Avec la possibilité d’obtenir les indications à l’écran, son mode cinéma immédiatement disponible et les « continue » infinis, Dragon’s Lair Trilogy s’est émoussé et n’est plus qu’une succession frénétique de QTE sans grand intérêt. Autant s’asseoir tranquillement et admirer les dessins et animations de Don Bluth qui n’ont rien perdu de leur charme. Pour les nostalgiques et les historiens du jeu vidéo, Dragon’s Lair reste néanmoins une expérience unique en son genre, qui peut être presque vécue comme à l’époque si l’on ignore les aides, et qui marqua les débuts du QTE. Pour le meilleur et pour le pire à venir…

_
Suivez Geeko sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.

Dragon's Lair Trilogy

Gameplay 4.0/10
Contenu 4.0/10
Graphismes 7.0/10
Bande son 7.0/10
Finition 6.0/10
5.6

On aime :

Les dessins et l’animation de Don Bluth

Dragon’s Lair 2 : Timewarp et Space Ace, plus délirants

Vendu moins de 20€

On aime moins :

Gameplay ultra limité et punitif

Le mode cinéma importunément disponible d’entrée de jeu

Durée de vie très courte (environ 10 min par jeu)

Aucune nouveauté