Confiée aux petits gars d’Insomniac (Ratchet & Clank, Sunset Overdrive), la nouvelle adaptation de Spiderman était attendue au tournant par les fans de l’univers Marvel. Il faut dire qu’à l’inverse des DC Comics, les superhéros Marvel n’avaient jamais eu droit à une adaptation digne de ce nom sur le petit écran. Aussi ambitieux que la trilogie Batman de RockSteady, le Spiderman d’Insomniac est – à l’image de la plupart des “AAA” – un titre qui se déroule en monde ouvert. Exit donc la progression en ligne droite puisque le joueur pourra ici choisir les missions qu’il accomplira et pourra très bien choisir de se promener dans les allées d’un Manhattan plus vrai que nature s’il le souhaite. La richesse du titre vient toutefois du fait qu’à l’image du Batman de RockSteady, Spiderman propose un véritable fil conducteur. L’histoire principale – qui n’est pas tirée des films mais vue davantage comme un complément – poussera le joueur à travers une intrigue haletante, tout en le faisant croiser de nombreux personnages connus de l’univers de Spiderman. Spiderman ne fait toutefois guère preuve d’originalité au niveau de sa construction, alternant phases d’exploration, combats de boss, séquences musclées, d’infiltration et mini-jeux à tour de bras, et usant et abusant même un peu trop de ses séquences hyper-scriptées. Le talent d’Insomniac, c’est d’être parvenu à dissimuler un jeu banal derrière de jolis artifices : en l’occurrence, une mise en scène terriblement dynamique. Spiderman n’a rien à envier aux plus grosses production du moment. Et c’est là ce qui fait tout son charme. On a l’impression de prendre littéralement part au Marvel que l’on a l’habitude de voir sur grand écran. Tout ici, respire le cinéma. Des dialogues savoureux aux angles de caméra audacieux, en passant par les QTE – inévitables dans les combats de boss -, Spiderman est un ode aux superproductions hollywoodiennes. Cantonner le talent d’Insomniac à un simple travail de portage serait toutefois une grossière erreur tant Spiderman a également de contenu à offrir sur le plan ludique. Tout d’abord, parce que le jeu parvient à retranscrire brillamment les sensations de survol de Spidey dans Manhattan. Le joueur se sent ici libre comme l’air. Il peut se laisser glisser d’un immeuble à l’autre, grimper le long des façades d’immeubles ou marcher en rue, auquel cas les fans de Spiderman se feront un plaisir d’interagir avec lui en se photographiant à ses côtés ou en lui faisant un joli high 5. Nerveux, les combats pousseront également le joueur à faire preuve d’audace au niveau du gameplay en alternant envolées, esquives, gadgets et coups. On notera d’ailleurs que la panoplie de superhéros de Spidey est plutôt bien fournie et le personnage a droit à son lot de coups. Loin d’être un simple beat them all dans ses phases de combat, Spiderman se transforme en un véritable jeu d’action, proposant des scènes de combats musclées et jouissives. Le constat est un poil moins positif en ce qui concerne les combats de boss. Insomniac a ici fait preuve d’un peu moins d’originalité que RockSteady, s’évertuant à forcer le joueur à éviter les attaques des différents boss pour répliquer pratiquement à chaque fois de la même façon avant de donner le coup final dans une scène QTE. Un peu plus d’originalité n’aurait pas fait de mal. Autre déception : en dépit de sa diversité, Spiderman fait preuve d’une certaine répétitivité dans sa construction et a la fâcheuse tendance à proposer trop de mini-jeux… qui n’ont rien de vraiment exceptionnel. On aurait sans doute préféré qu’Insomniac laisse cet aspect de son jeu au placard. A l’inverse, le gain de nouvelles compétences par le système d’arbre permet au joueur d’adopter son propre style dans les combats en favorisant les combats au corps à corps ou les cabrioles. Autre point fort du jeu : les collectibles et nombreux costumes à collecter, qui permettront au joueur de débloquer à chaque fois un pouvoir propre, associé au costume. Enfin, difficile de ne pas évoquer la réalisation graphique du jeu, somptueuse à tous les niveaux. Visuellement, Spiderman n’a rien à envier aux autres grosses productions du moment. Les animations sont d’un réalisme troublant, les effets visuels superbes et le niveau de détails tout simplement impressionnant. Il suffit de laisser Spidey se promener sur les vitres d’un immeuble pour se rendre compte du soin apporté à la modélisation des intérieurs des buildings. Au niveau de sa durée de vie non plus, le jeu d’Insomniac ne déçoit pas avec son lot de missions secondaires et ses 20 à 30 heures de jeu pour boucler la campagne solo. Pas de doute, vous aurez largement de quoi faire! Une petite note toutefois à l’égard de ceux qui n’ont jamais craqué pour Spidey : aussi réussi soit cet épisode, si l’humour, l’univers et le personnage de Spiderman n’ont jamais été votre tasse de thé, ce n’est pas cet épisode qui y changera quelque chose. Spiderman, sur PS4, s’adresse avant tout aux fans de l’homme araignée. Et c’est d’ailleurs cette fidélité extrême au matériau d’origine qui en fait un titre d’une richesse étonnante. Seul regret pour les fans : les rencontres avec les grands vilains de Spiderman sont peu nombreuses et quelques grands absents sont à noter… Dommage. Conclusion Attendue au tournant, cette nouvelle adaptation de Spiderman en jeu vidéo ne décevra pas les fans de l’homme araignée. Aussi brillant que le Batman de RockSteady, le Spiderman d’Insomniac offre une expérience d’une rare fidélité au matériau d’origine. Riche en contenu, le jeu d’Insomniac est également une jolie claque graphique et une très belle exclusivité pour la console de Sony. En revanche, si l’homme araignée n’a jamais été votre dada, les chances que ce titre vous séduise sont plutôt maigres. Aussi réussi puisse-t-il être, le jeu de Sony s’adresse avant tout aux fans purs et durs de Spiderman.