Before the Storm, la préquelle du succès surprise de 2015 Life is Strange, vient d’être complétée par la sortie de son troisième épisode. L’occasion de faire le bilan sur cette aventure complémentaire à un récit doux-amer impliquant les adolescentes Chloé Price, Rachel Amber et Maxine Caulfield. En 2015, Square Enix et le studio français DONTNOD livraient la première saison de Life is Strange, un jeu épisodique narratif dans la veine des productions TellTale Games (The Walking Dead, The Wolf Among Us) mettant en scène Max Caulfield et son amie Chloé Price. Cette première saison, composée de cinq épisodes, nous mettait dans la peau de Max, une étudiante en photographie ayant le pouvoir de remonter le temps. Celle-ci retrouvait son amie d’enfance, Chloé, déterminée à mener avec elle une enquête autour d’une étudiante mystérieusement disparue. Intimement lié à ces évènements, Life is Strange : Before the Storm prend place trois ans avant cet arc narratif. Autrement dit, il n’est pas nécessaire d’avoir fait la première saison pour l’apprécier, même si de nombreux éléments ont été inclus pour les connaisseurs. Une dramaturgie digne d’une série télé Seulement évoquée, Max fait ici place à Chloé, l’héroïne de cette « saison 0 ». Le joueur incarne donc l’adolescente rebelle, qui va nouer une amitié (voir plus) avec la belle et populaire Rachel. Les deux adolescentes possèdent leur lot de problèmes plus ou moins graves, Chloé souffrant de la mort tragique de son père et de l’absence de son amie Max, tandis que Rachel découvre que son père trompe sa mère. Nous n’en dirons pas plus, si ce n’est que tout est pensé pour provoquer un effet boule de neige, la dramaturgie étant le point fort du titre. En effet, Life is Strange : Before the Storm, tout comme son prédécesseur, se savoure davantage comme une série interactive en trois parties (les épisodes Eveille-toi, Splendide Nouveau Monde et L’enfer est vide étant sortis à plus ou moins 1 mois et demi d’intervalle depuis fin août) que comme un jeu vidéo à part entière. L’atmosphère douce-amère du récit, qui nous fait penser à un croisement entre Twin Peaks et Dawson’s Creek, est très réussie, tout comme les dialogues et les voix des protagonistes. On regrettera cependant que l’esthétique du jeu, dans la lignée de la saison 1, souffre d’animations au contraire peu expressives ne rendant pas grâce aux émotions vécues par les protagonistes. Un gameplay très simpliste Before the Storm met donc l’accent sur les déboires adolescents et les conséquences inattendues de ses propres actes par le biais de mécanismes proches des jeux TellTale Games (The Walking Dead). Le gameplay se veut encore plus simpliste que dans la saison 1, laissant complètement de côté les allers-retours dans le temps pour ne préserver que les aspects hérités du point and click. On fait marcher l’héroïne sur de courtes distances (un bouton permet de courir mais les environnements sont tellement balisés qu’il ne sert au final pas à grand-chose), on interagit avec les objets présents dans chaque scène et l’on effectue un certain nombre de choix au cœur de dialogues afin de faire évoluer le récit. Si certains choix sont libres, on ne constate pas d’embranchements significatifs en mesure de radicalement changer l’histoire, qui, quoique l’on décide, nous amènera là où elle le veut. Plus intéressantes mais au final malheureusement trop peu présentes, des phases de “défi d’insolence” apparaissent au détour de certains dialogues, permettant de provoquer volontairement certains protagonistes afin de les faire plier à sa propre volonté. Amusant mais hélas de trop courte durée. Une tempête de contemplation Vous l’aurez peut-être compris, Life is Strange : Before the Storm est plus encore que son prédécesseur un jeu d’ambiance qui prend son temps. Terriblement. Il va même jusqu’à assumer complètement son aspect contemplatif par le bais d’une poignée de scènes où il ne se passe absolument rien. Durant ces moments, les protagonistes restent là, savourant simplement l’instant présent, en admirant par exemple un panorama. Parfaites pour les cœurs tendres qui seront séduits par la relation entre Chloé et Rachel, ces scènes risquent d’agacer les plus endurcis (heureusement pour eux, elles peuvent être écourtées en appuyant simplement sur un bouton). Mais que l’on soit ou non sensible à l’histoire des adolescentes, il est un fait que le titre manque cruellement d’action. Le premier épisode, qui pose tranquillement le background, apparaît partiellement anecdotique, et en laissera plus d’un sur la touche. Heureusement, les deux épisodes suivants sont plus intéressants et « s’emballent » un peu plus au fur et à mesure jusqu’à l’ultime plan final…qui donne envie de se replonger dans la saison 1. On notera qu’un épisode bonus intitulé “Adieux”, faisant probablement la liaison directe entre les deux saisons, sortira début 2018. Conclusion Life is Strange Before the Storm est une préquelle inférieure à son modèle. Moins passionnante et captivante, elle laisse au joueur l’impression d’être davantage un simple spectateur qu’un réel acteur possédant le destin des protagonistes entre ses mains. Même s’il reste dans la lignée du jeu original, avec notamment un récit poignant et des dialogues très bien écrits, Before the Storm peine à fasciner et ennuie même quelque peu à cause de son manque réel d’action et de suspense (rien à voir avec un Walking Dead qui vous prend – littéralement – aux tripes, ou même avec la première saison dont les évènements s’avéraient bien plus passionnants). Il n’en demeure pas moins, tout comme son prédécesseur, un titre vraiment à part dans le panorama vidéoludique actuel, et il ne serait pas étonnant de voir l’aventure Life is Strange dans sa globalité devenir culte aux yeux des joueurs les plus sensibles.