Les mystères autour de la mafia japonaise ne cessent de faire fantasmer les mafiosi en herbe. Édité par Sega, la série des Yakuza a permis à bon nombre de joueurs d’entrer dans ce monde très fermé. Douze ans après la sortie du premier titre, les fans peuvent revivre l’expérience du premier volet dans une version totalement remise à neuf. C’est donc une vieille histoire que nous refourgue Sega. Sorti en 2005 sur Playstation 2, Yakuza – ou Ryū ga Gotoku, pour les amateurs de langue japonaise – est le premier titre d’une saga de 6 épisodes qui compte presqu’autant de spin-off. Développant l’univers des mafiosi japonais, Yakuza a souvent été qualifié de la version asiatique de GTA. Crime, meurtre, mais aussi honneur et loyauté sont les mots d’ordre de cet univers rempli de malfrats, pots de vin, victimes et abus. Le titre avait déjà connu un portage en 2012 sur Playstation 3 et sur Wii U en 2013, mais Sega semble vouloir user jusqu’à la corde cette histoire puisqu’il sort un nouveau remake en 2016, au Japon. Ce n’est qu’en août 2017 que le reste du monde pourra profiter d’un Yakuza Kiwami totalement retravaillé. Rien que pour la qualité et la beauté des images, on pardonne le manque d’originalité scénaristique. On soulignera tout de même l’ajout d’une cinématique de 30 minutes totalement inédite. Petite parenthèse tout de même sur la saga pour les non familiers. Jeu d’action-aventure, Yakuza mêle les phases d’exploration et d’aventure à travers divers chapitres. La progression est parfois linéaire avec un développement de l’histoire principale et parfois non-linéaire où le joueur peut se balader à travers l’environnement, découvrir de nouveaux quartiers japonais, réaliser des quêtes annexes et collecter de nouveaux objets. Axé aussi beaucoup sur les combats, Yakuza demande une grande familiarité avec les touches et les enchaînements afin de terrasser la vermine avec des combos surpuissants. Honneur et courage sont aussi des mantras importants de la saga, code de la famille des Yakuzas. Une histoire connue mais immersive Malgré le portage total de l’histoire du premier épisode, le scénario conserve son charme. Riche parfaitement construit, Yakuza Kiwami nous plonge dans le destin honorablement tragique de Kazuma Kiryu, un ex-yakuza emprisonné pendant 10 ans pour un crime dont il avait endossé la responsabilité pour protéger son ami d’enfance, Kazama Shintarô. Celui-ci avait assassiné l’un des grands parrains japonais pour avoir tenté d’abuser de sa petite sœur. Après dix ans loin des codes de la rue, Kiryu devra réapprendre à survivre dans un monde où il sera à la fois rejeté par sa famille de mafieux et rechercher par les proches de celui qu’il a soi-disant tué. Malheureusement pour lui, son ami d’enfance Kazama Shintarô ne lui sera pas d’une très grande aide étant donné qu’il est devenu l’un des parrains les plus cyniques des Yakuza. Relations compliquées, retournements de situation et folie meurtrière sont au rendez-vous et entrainent le joueur dans la vie compliquée d’un gangster dont le mantra est l’honneur et le courage. Des qualités peu communes dans les rues où seule la loi du plus fort semble désormais régner. Combats épiques sur base d’arts martiaux Si le jeu comporte plusieurs séquences d’exploration, Yakuza est avant tout une série de jeux de « Beat’em all ». Pour combattre la pègre et se défendre face aux Yakuzas mécontents, notre cher Kazuma Kiryu va devoir réapprendre à maitriser les techniques ancestrales des arts martiaux. Et quelle richesse ! On est loin des coups de poings et de pieds basiques, ici, on enchaine avec tous les parties du corps et objets trouvés au sol. Coups de pied circulaires, manchettes, écrasements des vertèbres, batte de baseball. Sensible, s’abstenir. Le tout est de maîtriser les touches. Durant la progression, un tutoriel viendra aider les mafieux en herbe à intégrer la complexité des enchainements. La concentration est de rigueur, surtout face à 3, 4 ou 5 ennemis. Les combats sont rarement à nombre égal ici. Mais cela n’est rien comparé aux affrontements des boss. Chacun ayant son style, notre Kiruy – et le joueur – devra maîtriser les 4 modes des combats plus intensément qu’avec des malfrats de premier ordre. Sega a d’ailleurs modernisé les combats à ce niveau par rapport au titre de 2005. Chaque situation implique son mode ; Brawler, Rush, Beast et Dragon de Dojima, chacun ayant ses avantages et inconvénients. La maîtrise est accompagnée par une puissance de frappe grisante pour le joueur. On notera également l’apparition répétée et incongrue d’un personnage devenu clé dans la saga : Majima. Un mafieux plutôt perturbé qui bondit devant notre héros meurtri à n’importe quel moment pour un combat épique. Les Majima Everywhere ont la particularité d’apporter un petit côté comico-flippant à l’aventure. Des quêtes annexes pour tous Les quêtes secondaires et l’extermination des vermines viendront compléter le gain d’expérience, utile pour améliorer ses techniques de combats. Kazuma Kiryu pourra également s’équiper de bon nombre d’arme en tout genre et déguster des mets afin de restaurer sa jauge de vie. Pour ce remake, Sega offre deux nouvelles activités dans le quartier de Kamurocho. Le premier, le Pocket Circuit Car Racing est une course de voitures sur circuits électriques. Le second, MesuKin : Battle Bug Beauties est un jeu de combat Pierre-Papier-Ciseau plutôt particulier puisque ce sont des jeunes dames en petite tenue qui s’affrontent. Vous vous en doutez, avec un tel contenu, la durée de vie du jeu est tout bonnement exceptionnelle. Ceux qui accrocheront au concept en auront donc largement pour leur argent. Attention, on tourne La saga n’a jamais caché son attachement pour le 7ème art. De par son inspiration dans les films de gangsters japonais (Aniki, mon frère), les scénarios des volets de Yakuza ont toujours reçu un travail très remarquable. La série a d’ailleurs connu deux adaptations au cinéma. On remarque également une attention artistique particulièrement réussie au niveau des images. S’inspirant très fortement des rues de Tokyo, les connaisseurs peuvent facilement se replonger dans cet univers parfaitement reconstruit avec ses rues aux milliers de devantures de magasins, aux logos en tout genre et ses spots lumineux qui feraient jalouser le soleil. Visuellement très joli, ce portage est à la hauteur de nos attentes, même s’il est vrai qu’on trouve des titres encore plus aboutis techniquement. Sa réalisation technique justifie en tout cas parfaitement le prix plein auquel il est proposé! La caméra apporte elle aussi un regard artistique sur l’envers des mafieux japonais. Les mouvements et les plans filmés sont d’une grande souplesse lors des cinématographies et apportent une tension supplémentaire à l’histoire. Lors des scènes trop violentes, la caméra évite de montrer les gueules cassées et le sang qui gicle pour laisser aller l’imagination du joueur. On notera malheureusement l’absence de traductions françaises, les personnages s’exprimant uniquement en japonais ou en anglais. Seuls les sous-titres permettent de comprendre ce qu’il se passe, mais il faut avouer que les dialogues originaux apportent un certain charme à l’expérience. Autre point niveau sonore, les combats sont encadrés par une musique des plus épiques, voire kitsch. Appréciera qui pourra. Conclusion Yakuza Kiwami n’est ni un simple portage ni un remaster réussi, mais bel et bien une refonte totale d’un jeu qui avait déjà séduit bon nombre de joueurs à travers le monde en 2005. Visuellement très abouti, ce remake d’un jeu culte mérite le détour, ne serait-ce que pour son scénario passionnant, ses séquences de combat dignes des meilleurs films de kung-fu et ses activités secondaires, souvent hilarantes. Pour ne rien gâcher au plaisir, les développeurs proposent même quelques petites nouveautés, avec des cinématiques inédites et de nouvelles activités. Beau, captivant et palpitant, Yakuza Kiwami souffre toutefois des mêmes défauts que ses ancêtres et n’intéressera malheureusement qu’un public de niche. Si vous possédez une PS4 et que l’univers des mafiosis vous attire, n’hésitez toutefois pas une seconde à plonger dans ce remake!