Test – Berserk : une adaptation décevante du célèbre manga

Depuis l’épisode sorti sur Dreamcast, Berserk n’avait plus eu droit à un portage digne de ce nom en jeu vidéo. Koei tente aujourd’hui un retour aux sources avec un opus totalement axé sur l’action, dont le concept est calqué sur celui des Dynasty Warriors.

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Berserk, c’est un célèbre manga écrit et dessiné par Kentaro Miura. L’histoire qui nous y est contée est celle de Guts, un guerrier contraint d’affronter une kyrielle de démons dans un univers moyenâgeux et pour ce faire, il est armé d’une épée dont la lame est particulièrement impressionnante. La réussite de l’œuvre repose sur son scénario réfléchi et sur sa violence. En quelques mots, Guts finit par être trahi par son leader et se lance dans une quête de vengeance. Entre retournements de situations imprévisibles, personnages hauts en couleur, intrigues politiques… l’histoire de Guts est riche en péripéties. A cela, il faut également ajouter la force du héros qui, associée à sa lame, offre des scènes particulièrement jouissives tant le sang coule à flots.

Koei Tecmo avait donc un matériau de qualité à partir duquel travailler. C’est pourquoi, les fans espéraient retrouver les ingrédients qui ont fait la renommée du manga sur PS4 et PS Vita.

Un manga comme source d’inspiration

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Berserk and the Band of the Hawk est un muso (ou musou), soit un genre en vogue au Japon et qui se caractérise par des combats de masse entrecoupés de quelques cinématiques et phases de dialogues. Sachez aussi que le jeu ne sera pas disponible en français. Il vous faudra donc connaître l’anglais pour suivre les aventures des héros.

Dans ce titre, on suit l’ascension de Guts dans la troupe du Faucon menée par le charismatique Griffith. Guts est un mercenaire et se bat donc au sein d’une troupe qui l’a, en quelque sorte, recueilli. Et c’est ici qu’entre en ligne de compte le premier défaut du soft. L’histoire nous est contée par le biais d’extraits raccourcis (certaines scènes ont été recoupées ou plutôt censurées) des films d’animation. Le résultat est qu’un néophyte de l’univers de Kentaro Miura devra tout de même s’accrocher pour en comprendre la trame. Mais là où le bât blesse, c’est que le scénario semble faire les frais d’une simplification. Dans les faits, reproduire une œuvre écrite, soit un manga dans le cas présent, n’est jamais facile. Mais dans le cas présent, le travail semble avoir été, dans une certaine mesure, bâclé. Des scènes issues des films suivies de quelques écrans de texte sont censées immerger le joueur dans l’histoire prenante de Berserk, mais malheureusement le procédé n’y parvient pas. Les ingrédients étaient pourtant de qualité puisqu’on dispose d’extraits de films acclamés par les critiques et d’un scénario captivant élaboré par Kentaro Miura. Si en théorie, l’idée n’est pas mauvaise, sa concrétisation laisse à désirer.

Précisons également que le manga d’origine n’est toujours pas terminé et que donc, ce soft ne bénéficie pas de véritable fin.

Et si l’accomplissement de chaque mission offre l’accès à des dialogues optionnels, ceux-ci ne renforcent pas vraiment l’immersion tant recherchée et ne contribuent que dans une très faible mesure à développer le background de l’histoire imaginée par Kentaro Miura.

Un gameplay jouissif

Les fans auront donc l’occasion de pester contre le traitement accordé au scénario, cependant, il reste un autre point important à étudier : le gameplay. Les premiers combats dans lesquels les hommes de Griffith se lancent opposent ces derniers à des chevaliers, les suivants verront des montres et autres démons envahir le champ de bataille.

En d’autres mots, il y a de la piétaille à massacrer et c’est précisément ce que veulent les fans de Berserk. Dans ce jeu, selon les missions, le joueur pourra incarner différents personnages, le plus souvent Guts. Lors des assauts de la troupe du Faucon, ce sont Judeau, Casca, Griffith… qui pourront être contrôlés. Chacun des protagonistes possède son style mais le plus abouti reste le héros principal. Celui-ci peut effectuer de nombreux combos mais qui, malheureusement, mettront plusieurs heures à se débloquer. A l’instar de la plupart des beat’em all, Berserk and the Band of the Hawk est très facile à prendre en mains. Une touche à marteler pour des attaques rapides, une autre pour une attaque plus lourde et une dernière pour esquiver. A cela, il faut ajouter la possibilité d’utiliser une arme secondaire (des couteaux à lancer, une arbalète, etc.) et l’existence de deux jauges. Assez bien pensées, la combinaison de ces dernières permet au personnage contrôlé de réaliser une attaque dantesque qui tuera, en un seul coup, de nombreux ennemis. Certains personnages ont même la capacité de se transformer quand ces jauges sont à leur maximum, et donc, de réaliser des attaques encore plus destructrices.

Ces simples mécaniques permettent donc d’engendrer des dégâts importants : en deux, trois coups, les corps volent et se déchirent, les cris se font entendre sur le champ de bataille, le sang gicle par litre… D’un autre côté, on regrette que le sang disparaisse, seul celui éclaboussé sur le personnage principal restant visible.

Pourtant, le contrat est tout de même rempli à ce niveau : massacrer des ennemis est jouissif et surtout, constitue un défouloir absolu.

Des défauts à revendre

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Malheureusement, de nombreux points viennent ternir l’expérience de jeu proposée. Or, certains partaient de bonnes idées qui sont d’ailleurs, en partie, assez bien exploitées. A cet égard, on citera la possibilité de monter un cheval. Celui-ci offrant l’opportunité de rejoindre rapidement un point d’intérêt assez éloigné sur la carte. Mais, à contrario, la gestuelle du destrier en question est assez bizarre et chevaucher tout en tuant des ennemis reste bien moins plaisant et facile que sur le sol.

Et ce n’est pas tout. Il n’est, par exemple, pas rare de voir une dizaine d’ennemis apparaître et/ou disparaître sans crier gare. Si le bug n’est pas régulier, il permet de ne plus se focaliser sur les problèmes de clipping. Toujours dans ce domaine, les graphismes des lieux ne sont pas dignes de la console de Sony : lisses et ternes, les habitations, châteaux et autres infrastructures entrent dans le moule des productions moyennes. D’ailleurs, s’il n’est pas toujours aisé de reproduire fidèlement un lieu représenté dans un manga ou toute autre oeuvre littéraire, on constate tout de même que les équipes de développement ont pris, lors de certaines missions, des libertés qui feront grincer les dents des fans.

A l’inverse, les personnages sont tous facilement reconnaissables grâce à une modélisation de bonne facture et leurs mimiques sont fidèles à celles imaginées dans le manga de Kentaro Miura et retranscrites au sein des films.

A cela, on retrouve aussi des points négatifs communs à presque tous les jeux de ce type : personnages ennemis copiés-collés, corps qui disparaissent, et surtout – surtout -, une répétitivité qui finira par agacer le plus patient des joueurs. Car c’est bien là le problème, si le concept en soi est plutôt séduisant, ceux qui ont déjà parcouru plusieurs Dynasty Warriors – et ses nombreux spin-offs -, auront la sensation de jouer à un simple skin du jeu de Koei.

Une expérience riche ?

Par ailleurs, le titre offre quelques activités annexes. Il est notamment possible d’augmenter les capacités de ses personnages. Le procédé est géré par le jeu et se fait automatiquement en fonction des exploits réussis sur le champ de bataille. Le joueur pourra par contre choisir d’augmenter les caractéristiques de tel ou tel objet en le fusionnant à d’autres, tous gagnés lors des combats ou achetés à la boutique.

Deux autres modes constituent aussi le titre. Le premier permet de refaire une mission réussie dans le mode histoire et le second est un mode survie. Ce dernier présente l’avantage d’incarner n’importe quel personnage débloqué lors des douze heures qui composent la campagne solo. En d’autres mots, ceux qui n’en n’auraient pas assez avec le mode principal pourront continuer à massacrer leurs adversaires par ce biais.

D’autres bonus pousseront les plus motivés à parcourir le titre de long en large. A cet égard, Berserk propose des puzzles dont le joueur débloquera des pièces en avançant dans le jeu. En d’autres mots, les carottes poussant les joueurs à continuer présentent un attrait assez limité.

Quoi qu’il en soit, Berserk and the Band of the Hawk est un beat’em all moyen dans lequel on retrouve la violence du manga dont le jeu est tiré. Malheureusement, de nombreux points négatifs entachent un titre qui avait de quoi présenter un important potentiel.

 

Conclusion

Berserk and the Band of the Hawk était assez attendu chez les fans du manga et c’est justement à cette partie des joueurs que le jeu est à réserver. Ils y retrouveront la violence propre au matériau de base et pourront contrôler des personnages qu’ils connaissent par cœur. D’ailleurs ceux-ci sont assez bien modélisés et présentent leur propre style de combat sur le champ de bataille. A côté de ces quelques points positifs, le titre en question révèle d’importants défauts comme un scénario assez mal mis en valeur et pas toujours compréhensible pour les novices de l’oeuvre de Kentaro Miura, quelques bugs déplaisants, des décors pauvres et ternes, etc. Cependant, Berserk bénéfice d’une opportunité : le genre (le muso) n’est pas très répandu dans nos contrées et les quelques softs que l’on peut trouver chez nous souffrent en général des mêmes défauts.

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Berserk

Gameplay 7.5/10
Contenu 6.5/10
Graphismes 5.5/10
Bande son 6.5/10
Finition 5.5/10
6.3

On aime :

Un gameplay jouissif

Fidèle au manga

Les transformations qui rendent les attaques encore plus destructrices

La possibilité de contrôler certains personnages secondaires

On aime moins :

Des décors fades

Un scénario mal exploité

Beaucoup de bugs

Des récompenses un peu légères

Techniquement, c'est moyen