Le Betagroup, un écosystème complet pour les startups

Ce soir va se dérouler la 34e session du Betagroup, à l’ULB, à partir de 18h30. Le scénario commence à être connu au bout de trois ans et demi. Comme dans la majorité des cas, 5 ou 6 startups vont se présenter devant une assistance composées d’entrepreneurs, de communicants, de personnes gravitant dans l’entrepreneuriat web et de quelques investisseurs.
Logo Betagroup

Les présentations se terminent par quelques live tweets (chacun est le bienvenu sur scène pour “tweeter en live” l’une ou l’autre annonce (partenariats, promotion d’un événement, offrir un emploi ou tout autre proposition pertinente pour le groupe). La soirée se conclut peut-être par la partie la plus importante, à savoir le networking. Une fois par mois, ce sont quand même 400-500 personnes liées à l’entrepreneuriat qui se rencontrent. Si les codes ne correspondent pas à ce qu’il se fait dans des Cercles comme celui de Lorraine, Val Duchesse ou d’autres, on est dans une dynamique somme toute semblable. On fait du business. Des entreprises naissent de rencontres faites là-bas. Mais autour d’une bière – parfois chaude (grosse différence avec les Cercles précités).

Depuis les premiers Betagroup, qui se tenaient en petit comité, l’association a grandi, s’est diversifiée et a surtout réussi à se faire aimer du plus grand nombre. Des personnalités de l’entrepreneuriat belge soutiennent pleinement les diverses entreprises liées au Betagroup. Il y a a peu, José Zurstrassen soulignait, dans une interview accordée à Geeko, tout l’apport positif que pouvait avoir le Betagroup pour l’entrepreneuriat web en Belgique.

Photo Jean DerelyNéanmoins, tout n’est pas rose. D’aucuns se posent des questions sur l’efficacité du Betagroup à sortir des startups qui tiennent la corde plus d’un ou deux ans. D’autres s’interrogent sur le financement public de cette ASBL. Interrogations qui sous-entendent que les subsides ne soient que du saupoudrage mal utilisé. Rencontre donc avec Jean Derely, fondateur et gestionnaire au quotidien de l’ASBL Betagroup. Il va nous parler du Betagroup, de son développement, de son financement et de son futur.

On parle beaucoup du Betagroup depuis 2 ans. Vous attendiez-vous à cela lorsque vous avez commencé ?

Alors là, pas du tout. L’idée a germé en avril 2008, lors d’un dîner chez des copains. Je venais de revenir des Etats-Unis quelques mois auparavant. Je ne savais pas encore trop ce que j’allais faire en Belgique. J’ai voulu reproduire ce que j’avais vu outre-Atlantique au Web Innovators Group à Boston. Il n’y avait à l’époque rien de semblable chez nous. Je me suis donc lancé en septembre 2008. J’ai loué un auditoire à l’ULB pour faire un petit event. L’idée était de parler des startups belges. En trouvant un financement et des sponsors pour quelques jours de boulot par an.

Et vous voilà maintenant 3 ans et demi plus tard, toujours à l’ULB. Mais avec un peu plus de monde. Quel bilan tirez-vous de cette période ? Et plus précisément, que pouvez-vous nous dire à propos de la viabilité des startups qui sont passées par le Betagroup ?

Au début, c’est vrai il y a eu pas mal de critiques. Nombreuses étaient les startups qui ne tenaient pas la route. S’il y avait de très bonnes choses, je rentrais quand même souvent frustrés chez moi. Certains entrepreneurs venaient présenter leur entreprise avec une très mauvaises présa’. Le manque de pragmatisme était criant chez d’autres. Il manquait souvent pas mal de choses pour prétendre à un financement. Mais depuis lors, les choses ont vraiment changé. Heureusement.

Avant d’aller plus loin dans les explications, pourriez-vous nous donner quelques chiffres ?

En 2008, le Betagroup a accueilli 12 startups. 45 en 2009. 57 en 2010. 57 en 2011. Et une vingtaine en 2012. Cela fait quand même quelque 190 entreprises qui sont venues se présenter en 3 ans et demi. La moitié sont des side projects qui ne décollent généralement pas. Il est très difficile de savoir exactement ce que deviennent les autres sociétés. Pour moi la moitié d’entre-elles vivotent à peine voire sont complètement hors courses. Ce qui nous laisse quand même 25 % d’entreprises qui sont passées par le Betagroup qui prospèrent.

Lesquelles, par exemple ?

Knowledge Plaza, Proxyclick, Open ERP, Getyoo

Vous dites que les choses ont changé par rapport au début.

Pour ne plus être frustré, je me suis très vite dit qu’il fallait donner un coup de pouce aux entrepreneurs. J’ai alors lancé, avec des partenaires comme l’Agence bruxelloise pour l’entreprise, des workshops pour qu’ils améliorent leurs présentations, qu’ils apprennent à faire un plan financier, à monter un site e-commerce, à faire du marketing digital… On en organise 4 par an. Je peux vous dire qu’on voit la différence d’année en année, surtout au niveau des présentations.

C’est à partir de ce moment-là que vous avez reçu votre premier soutien financier public, non ? Qui équivaut à 50.000 euros par an ? Quid du budget global du Betagroup ?

Oui, en effet. Le ministre bruxellois de L’Economie Benoît Cerexhe a alors accordé un premier subside à l’ASBL Betagroup. [50.000 euros pour le Betagroup] Subside qui a été reconduit cette année encore. A côté de cela, on peut compter la même somme venant des sponsors. Cela fait donc un budget annuel de 100.000 euros bruts pour un mi-temps, des locations… mais aussi pour l’organisation de 10 événements gratuits, 4 workshops, de rencontres avec des investisseurs… Par ailleurs, nous apportons aussi notre soutien à divers événements comme cela été le cas pour l’une ou l’autre Webmission. Je trouve que le bilan est plus que positif.

Le Betagroup n’est pas seulement connu pour ses réunions mensuelles et ses workshops. Le Betacowork prend de plus en plus de place, tant en Belgique qu’à l’étranger. Le Betainvest commence à faire son trou.

Le Betacowork et le Betainvest découlent eux aussi des premiers constats : manque de préparation, manque d’encadrement et manque de financement. Le Betacowork est né à la fin 2010 (notre article de l’époque) sous la houlette du dynamique Ramon Suarez. Qui a fait de cet espace de coworking un magnifique endroit pour l’épanouissement des startups. De l’autre côté, il y a le Betainvest, qui est géré par Léo Exter. Lui, a été lancé pour aider les startups à rencontrer des investisseurs. Dans un cadre un peu plus pro et formaté que le Betagroup. Ce dernier est plutôt destiné aux idées innovantes. Le Betainvest, lui, va se concentrer sur des idées qui rapporteront de l’argent. C’est bizarre de faire cette distinction mais c’est comme cela en Belgique. L’innovation pure, c’est pour la Sillicon Valley.

Quel avenir pour le Betagroup ?

Cela fait trois ans que l’ASBL est sur les rails. Il faut encore la pérenniser et penser à son futur. Pour le moment, elle dépend trop de moi. J’ai moins de temps, mon projet Woorank est en plein boom et me demande de plus en plus d’attention. Je songe à engager quelqu’un pour la gestion au quotidien. Mais sinon, je pense que la boucle est bouclée : les startups se présentent au Betagroup, se forment dans les workshops, sont hébergées au Betacowork et peuvent aller chercher des fonds grâce au Betainvest.

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