La conférence de clôture de l’e-G8 à Deauville était assurée par Mark Zuckerberg, le patron et créateur de Facebook. Une intervention surtout consensuelle, ou les mots “partage” et “social” ont été largement martelés par un Zuckerberg à l’aise dans son job de communicant. Interrogé par Maurice Lévy, le CEO de Publicis, Zuckerberg insiste sur ce qui fait l’ADN de Facebook : du social et de la technologie (une dualité fondamentale dont il fait remonter les origines à son double cursus en psychologie et informatique). C’est l’aspect social qui domine toutefois le discours excellemment rôdé du jeune milliardaire, et plus particulièrement la notion de partage avec ses amis et sa famille. A l’entendre, le succès de Facebook découle simplement de cette caractéristique universelle : tout le monde veut partager des choses avec ses amis et sa famille. C’est également en ces termes que Zuckerberg explique le succès du social gaming, qu’il désigne comme la tendance la plus importante de ces dernières années : “les gens ont envie de jouer avec leurs amis”. Il prédit également un tournant social similaire pour les autres médias, qu’il s’agisse de musique ou de cinéma, mais précise toutefois que ces médias ne sont pas “dans l’ADN de Facebook” et qu’il reviendra donc à d’autres de développer ces tendances. Si les priorités de Facebook pour l’avenir ont été évoquées, c’est surtout de manière négative. Zuckerberg précise par exemple que la question de l’ouverture de Facebook au moins de 13 ans, qui a été largement débattue ces derniers temps, ne constitue pas un développement prioritaire – mais c’est “une question qu’il faut se poser”. De même, il esquive la question d’un éventuel rôle à jouer pour Facebook dans la commercialisation de nouveaux appareils mobiles (smartphones, tablettes) : le boulot de Facebook c’est de construire de “bonnes expériences” pour les utilisateurs – que Zuckerberg appelle parfois les “clients”, mais il se rattrape rapidement. Interrogé à plusieurs reprises sur le succès de Facebook et son rôle dans la société, Zuckerberg joue l’humilité : ce n’est pas Facebook qui a fait les révolutions arabes, avance-t-il, ce sont les gens, et le fait que l’internet permet aux gens de s’exprimer. Ses arguments sont presque darwiniens par moment, quand il explique que c’est le meilleur qui l’emporte et que nous vivons désormais dans un “écosystème de la qualité” où les “meilleurs produits et les meilleures opinions gagnent dans le débat public”. On retrouve les mêmes accents libéraux quand Lévy le questionne – sans grande pugnacité – sur les questions de vie privée : ce sont les gens qui décident de mettre les limites là où ils veulent, et un équilibre existe entre ceux qui choisissent “la transparence” et les autres. Pour le reste, l’intervention de Zuckerberg ressemble essentiellement à un exercice de communication unilatérale. Les quelques tentatives d’échange avec le public tournent court, et les blagues de Lévy tombent visiblement à plat. Celui-ci permet à Zuckerberg de dérouler sans trop de contradictions un discours convenu sur l’intérêt de Facebook pour les marques (une recommandations sociale vaut plus que la publicité la plus créative), l’importance d’utiliser les véritables identités de gens pour les rendre plus responsables, ou, plus anecdotiques, les nouvelles subtilités qui permettent de rejeter des demandes d’amis sans se sentir trop coupable. Et quand Lévy lui demande finalement quel message il veut faire passer aux chefs d’Etat qu’il va rencontrer, Zuckerberg conclut vaguement : “la partie la plus importante de ce débat – de tous les débats – est d’aider les gens à comprendre que tout est connecté”. Facebook et les révolutions arabes Facebook n’est “ni nécessaire, ni suffisant” pour faire la révolution, a assuré mercredi son fondateur et patron Mark Zuckerberg lors de l’e-G8, minimisant le rôle joué par le réseau dans les mouvements démocratiques dans les pays arabes, principalement en Tunisie et en Egypte. “Il serait particulièrement arrogant pour une entreprise de technologie de revendiquer un rôle dans les mouvements de protestation”, a déclaré Mark Zuckerberg, 27 ans, lors d’une intervention destinée à clore les deux jours de débats de l’e-G8 au jardin des Tuileries. “Facebook n’a été ni nécessaire, ni suffisant (pour faire la révolution, NDLR), a-t-il poursuivi. Ce qui l’a été, ce sont des populations qui se sont prises en main”. “Facebook a peut-être contribué et apporté des outils, mais cela aurait pu être autre chose”, a-t-il simplement concédé, ajoutant un peu plus tard que son entreprise avait joué dans les révolutions arabes un rôle “beaucoup moins important que ce que disaient les journaux”. JDM http://blog.lefigaro.fr/medias/2011/05/eg8-conversation-avec-mark-zuc.html