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Pourquoi l’industrie du jeu vidéo belge est en plein boom

Pas moins de 23 nouveaux studios de développement sont nés en 2022 en Belgique. Le secteur grandit et le nouveau tax shelter implémenté en début d’année offre aujourd’hui un contexte favorable pour la création de studios de développement en Belgique. 

Si le chiffre d’affaires généré par les studios belges a légèrement baissé en 2022, passant de 88 à 85 millions d’euros en l’espace d’un an, l’industrie grandit. Le secteur s’attend à un nouveau chiffre d’affaires record en 2023, en grande partie grâce au succès de Baldur’s Gate 3, le nouveau jeu du studio Larian, qui rencontre un énorme succès aussi bien critique que commercial.

C’est un fait, Larian tire le secteur en avant depuis des années. Mais il n’y a pas que lui. “On a besoin de plus de hits commerciaux et critiques comme Baldur’s Gate 3 pour faire parler de nous. On attend par exemple beaucoup d’Outcast 2, développé à Charleroi” explique David Verburgen, le PDG de Belgiangames. L’ennui, c’est que s’il existe des studios de taille modeste (10 à 30 développeurs), comme Abrakam (Faëria), la majorité des studios en Belgique sont tout petits. On ne dénombre d’ailleurs que 1085 développeurs de jeux sur le territoire, répartis dans 133 compagnies. Soit un peu moins de 10 par studio. Une grosse partie du développement est également externalisée. Si Larian est un studio belge à la base, il a ouvert des studios à travers le monde. Tous ont contribué au développement de Baldur’s Gate 3.

“La Belgique a un retard historique sur ses voisins” explique David Verbrugen. Au Royaume-Uni, par exemple, on dénombre aujourd’hui plus de 2652 studios de développement. Plus de 24.0000 employés. Soit 19x plus qu’en Belgique… pour un pays qui n’est jamais que 6 fois plus peuplé que le nôtre… Et le Royaume-Uni n’est pas un cas isolé. La Pologne dénombre aujourd’hui plus de 2200 studios, dont certains très prestigieux comme CD Projekt, auteur de The Witcher et Cyberpunk.

Les choses évoluent toutefois dans la bonne direction. “Entreprendre n’est jamais facile, mais je pense que c’est un très bon moment pour se lancer dans l’industrie en Belgique.”, affirme Jean-Michel Vilain, CEO chez Abrakam. “En Flandre, on a un fonds qui investit beaucoup dans des studios. La Wallonie vient seulement de commencer à investir. Les gros studios se trouvent toujours en Flandre” explique aussi David Verbrugen. Sur les 133 studios belges, 90 sont basés en Flandre, 15 à Bruxelles et 28 en Wallonie. 70% du chiffre d’affaires est également généré dans le nord du pays. “Je pense qu’en Flandre comme en Wallonie, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. On a encore un long chemin devant nous. Ceci étant dit on reste une petite région et la qualité des productions est excellente” commente David Verbrugen. Certains signes pointent également vers l’ouverture de gros studios en Belgique. “Il y a des sociétés qui s’intéressent à notre région. Un studio brésilien va bientôt ouvrir un studio à Charleroi.”

“C’est surtout un manque d’investissement. Créer un jeu vidéo, ça coute beaucoup d’argent. Le talent on l’a. On a des écoles très renommées en Belgique, à Tournai notamment, sacrée 3 fois meilleure école au monde. Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez de projets, et pas de taille assez grande. Du coup il n’y a pas assez d’emplois et les gens quittent le pays.” Plusieurs studios nous ont aussi fait part de leur ressenti concernant la situation en Belgique. “Avoir des idées et lancer des projets est assez facile, le plus dur est de trouver des investisseurs pour réaliser le projet de A à Z” déclare Bobby Tam, Creative Director chez Wild Bishop.

La Belgique a également fait le choix assez douteux – selon plusieurs développeurs à qui nous avons pu parler – d’investir beaucoup d’argent dans la réalité virtuelle, un marché de niche. Il y a certes eu de jolis succès, comme Space Pirate Trainer, Cubism ou Painting VR, mais les jeux se vendent rarement à plus de quelques centaines de milliers d’exemplaires. On est donc loin du “hit”. Guillaume Bouckaert, le cofondateur de Games.Brussels reste cependant optimiste quant à l’avenir du secteur en Belgique. “Il faut continuer à croire en nos talents, qu’on leur donne la possibilité de continuer à se développer, que la plupart des studios réussissent à pérenniser l’investissement qui a été fait avec ces subsides sur le long terme et qu’on ait peut-être une grosse structure qui émerge avec l’entièreté de ses employés sur le sol belge. Cela permettrait de fédérer l’industrie et l’aider à se stabiliser économiquement et à l’international.

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