Jamais deux sans trois. Nacon remet le couvert cette année avec un troisième épisode de sa franchise de moto consacrée au Tourist Trophy de l’île de Man, censé se dérouler début juin. Un troisième opus enfin abouti ? Pas nécessairement… Les adages “jamais deux sans trois” et “on prend les mêmes et on recommence” sont habituels dans le microcosme des jeux vidéo de sport. Les FIFA ou F1 d’EA Sports sont coutumiers du fait, et certains autres studios ne semblent pas non plus motivés à renouveler leur formule d’une année à l’autre. C’est le cas de Nacon et RaceWard, les développeurs de la franchise TT Isle of Man depuis cinq ans. En autant d’années et trois épisodes, le moins que l’on puisse dire est que la franchise ne s’est pas vraiment renouvelée, loin de là. L’île de Man, c’est un petit bout de terre situé en mer d’Irlande, pile entre la Grande-Bretagne et l’Irlande. Dépendance de la Couronne britannique, cette toute petite île de 83.000 habitants organise chaque année sur ses routes la Tourist Trophy, et ce depuis 1907. Une course de motos de 60,32 km qui traverse les villages et plaines de l’île britannique. Devenue mythique, cette course a fait l’objet de nombreuses adaptations vidéoludiques, dont TT Isle of Man Ride on the Edge. Isle of Man 3 est le premier épisode de la franchise à sortir sur consoles de neuvième génération, à savoir la PS5 et les Xbox Series. A ce titre, nous sommes en droit d’espérer de la part des développeurs une nette amélioration graphique par rapport au précédent épisode, d’autant que les graphismes de celui-ci n’étaient pas glorieux. Malheureusement, l’arrivée sur une nouvelle génération de consoles n’aide absolument pas à l’amélioration des graphismes qui paraissent toujours aussi vieillots. A première vue, le titre paraît joli. Mais quand on s’attarde aux détails, on se rend compte que les textures font office de cache-misère. En réalité, c’est bien plus complexe que ça n’y paraît. Si vous jouez à TT Isle of Man 3 à toute allure, ce que vous ferez 95% de votre temps, le titre vous paraitra plutôt joli voire même très beau. Mais c’est en partie grâce à l’effet de flou appliqué par les mouvements et la vitesse. En se concentrant sur les différents éléments du décor, on s’aperçoit très vite que ceux-ci sont brouillons et répétitifs. Les arbres sont pratiquement tous les mêmes avec l’un ou l’autre changement au niveau de la taille par exemple, et les différents environnements ne varient pas beaucoup entre eux. Indéniablement, en recréant un jeu sur la même course pour la troisième fois, on ne peut éviter une certaine redondance au niveau de l’aire de jeu. L’île de Man n’est pas très grande et, malgré le semi monde ouvert sur lequel nous reviendrons, on a quand même l’impression de voir encore et encore les mêmes paysages et décors. Ce n’est pas vraiment pas très varié, et les spectateurs présents au bord de la route ne sont vraiment pas réussis ni bien animés. En revanche, notons la très juste modélisation des différentes motos. Criantes de réalisme, on a sincèrement l’impression de piloter les bécanes officielles des pilotes qui, eux aussi, sont sous licence officielle. Au total, ce sont 38 pilotes et une dizaine de véhicules qui sont proposés, pour une conduite des plus compliquées, aux manettes de Supersport (des motos de 600 et 750cc) et de Superbike (des motos de 1000cc). Depuis trois épisodes, le terrain de jeu reste le même : l’île de Man. Il n’y a dès lors plus beaucoup d’intérêt dans la franchise si elle ne se renouvelle pas suffisamment. Nous avons ainsi la possibilité de conduire une Honda CBR 600 RR, une Kawasaki ZX-10RR ou encore une Yamaha YZF-R6 qui, si elles sont génialement modélisées, bénéficient aussi d’une représentation sonore des plus réussies. Montée en régime, passages de rapports ou encore freinage, on a réellement l’impression d’être à bord de ces motos surpuissantes. Ajoutez à cela des commissaires qui sifflent au passage d’un véhicule pour avertir les spectateurs ou encore des musiques rock pendant les courses, et l’immersion est totale. Abordons désormais le gros point noir de la franchise : sa jouabilité. La maniabilité des motos est ultra exigeante, à tel point que ce ne sera pas donné à tout le monde de piloter les motos sans vous retrouver dans les roses. C’est ultra compliqué, et il faudra ainsi plusieurs heures de jeu avant de correctement piloter les bécanes. Le moindre passage dans l’herbe, sur un trottoir ou le moindre frottement avec une haie sera fatal et vous coûtera littéralement votre course. Toutefois, la persévérance est évidemment récompensée, et dès que vous aurez compris les rouages du gameplay, le kiffe sera de mise. Le gameplay est ultra exigeant. Indéniablement, le jeu ne s’adresse pas à Monsieur et Madame Tout-le-monde. Comme pour les précédents opus, Nacon et RaceWave ont opté pour un monde semi-ouvert. S’il vous est bien évidemment possible de vous balader comme bon vous semble sur les 571 km² de l’île, il vous sera impossible de prendre des raccourcis et de rouler dans les champs. Vous êtes cantonnés à la route, ce qui est à peu près normal quand on sait à quel point c’est déjà difficile de rouler sur du bitume. Côté contenu, nous avons le droit à un mode carrière divisé en saison incluant des événements, le tout nous menant à la fameuse course Tourist Trophy. Un mode course rapide, un multijoueur en ligne et des défis hebdomadaires et mensuels sont également au programme. A la manière d’un RPG, le titre nous propose d’acquérir diverses pièces allant d’une rareté légère à importante. Celles-ci nous permettent alors d’améliorer notre tenue de route par temps humide, de réduire l’usure des pneus ou encore la température des freins en activité. Enfin, notons que sur Xbox Series X, nous avons eu affaire à quelques ralentissements fort fâcheux. Dans un jeu ou la dextérité et la rigueur sont de mises, c’est un défaut à côté duquel nous aurions aimé passer. Avec els textures et éléments du décor cache-misère, ça fait vraiment tache… Conclusion Si Isle of Man 3 n’est pas le jeu de course de motos parfait, on sent malgré tout que les développeurs veulent faire pour un mieux et améliorer la recette. Toutefois, d’un épisode à l’autre, les différences ne sont pas vraiment notables. Même s’il y a un changement de génération, les graphismes ne se sont guère améliorés, avec beaucoup d’éléments et textures dans le décor qui semblent faire office de cache-misère. Niveau gameplay, là aussi, il n’y a guère d’évolution, peut-être un mal pour un bien pour les puristes étant donné la rigueur et la complexité du pilotage. La physique et les véhicules ne se pilotent correctement qu’après plusieurs heures de jeu si on est néophyte, avec des sensations de conduite qui deviennent alors jouissives et excellentes, auxquelles viennent s’ajouter d’excellentes réalisation sonores très immersives. Avec TT Isle of Man, ce sont 32 pilotes et une dizaine de véhicules qui sont proposés sur les routes de l’île de Man, dont on a malheureusement rapidement fait le tour… Cette course iconique est certes impressionnante la première fois. Malheureusement, difficile d’éviter la répétition d’année en année avec un jeu à licence entièrement centré sur cet événement.