Ces carburants de synthèse sont une alternative au tout électrique, mais sont encore extrêmement coûteux. Explications. Carburants de synthèse, vraie solution ? Alternative au tout électrique, l’e-fuel, ou e-carburant envahit les débats sur le futur des voitures thermiques depuis ce mardi 21 mars. Et pour cause, l’Allemagne vient de s’opposer au projet de loi européenne qui devait interdire la vente de ces véhicules à partir de 2035. Problème, de nombreux pays, comme l’Allemagne ou la Pologne, ont souhaité revoir le texte pour y inclure les e-fuel, des carburants synthétiques qui permettraient de réduire les émissions de 90%. La Commission européenne élabore donc un nouveau projet de loi. Mais que sont ces “nouveaux carburants” ? Hydrogène et émissions de CO2 Les e-fuels sont une nouvelle classe de carburants, créée à partir de CO2 déjà formé et d’hydrogène. Ce dernier est fabriqué grâce à une électrolyse de l’eau, un procédé utilisant un courant électrique pour séparer l’oxygène des deux atomes d’hydrogène qui sont présents dans les molécules d’eau (H20). A noter que l’électricité utilisée ici doit être non polluante et dans l’idéal renouvelable, pour que l’hydrogène obtenu soit “vert” et que le carburant de synthèse soit propre. Le CO2 est quant à lui capté dans l’atmosphère soit à partir de rejets de diverses industries soit par un procédé de captation énergivore. Les deux ressources combinées permettent de créer du méthanol. Ce dernier sera lui-même raffiné, de la même manière que le pétrole, pour en extraire différents carburants comme de l’essence, du kérosène ou du gasoil. La combustion de ces “nouveaux” carburants pourrait ainsi permettre de réduire les émissions de particules fines ou d’oxyde d’azote, mais surtout de rejeter du CO2 déjà produit. Et pour cause, selon une étude menée en avril 2021 par l’ONG Transport et Environment, l’e-fuel permettrait de réduire de 70% l’empreinte carbone, comparé aux carburants composés de pétrole. A l’échelle individuelle, la quantité moyenne de CO2 émise par une voiture roulant aux e-carburants serait réduite de 40% par rapport à une voiture à essence. L’e-fuel est ainsi considéré comme un carburant “neutre”, puisqu’il est censé rejeter la même quantité de CO2 que celle captée pour le produire. Il n’aggraverait donc pas la situation, mais ne polluerait pas plus, sur le papier… Une solution controversée Aussi “neutres” qu’ils paraissent, les e-carburants inquiètent autant que les combustibles au pétrole sur le plan écologique. En effet, une autre étude de l’ONG Transport et Environment révèle que les voitures fonctionnant à l’e-fuel polluent autant que les voitures au pétrole. “Lorsqu’elle est brûlée, l’essence synthétique produit près de trois fois plus de monoxyde de carbone – qui prive le cœur et le cerveau d’oxygène – que l’essence”, peut-on lire. Pourtant, pour le marché automobile, les e-carburants représentent un avantage de poids. Des constructeurs comme Audi ou Porsche ont d’ailleurs déjà investi dans la production d’ e-fuels, notamment au Chili pour ce dernier, avec un objectif de capacité de plus de 550 millions de litres en 2026. Mais c’est bien la production des e-fuels qui inquiète. D’une part, parce que leur production nécessite de l’électricité verte et donc un investissement suffisant en production d’énergie renouvelable. Selon une étude du Think Tank allemand Agora-Energiewende publiée en 2018 : “L’excédent d’énergie renouvelable ne suffira pas à couvrir les besoins en énergie de la production de carburant synthétique. Au lieu de cela, des centrales électriques renouvelables doivent être construites explicitement dans le but de produire des carburants synthétiques”. D’autre part, il n’est pas certain que l’industrie soit assez efficace pour fournir le parc automobile mondial. L’association européenne des compagnies pétrolières, rapporte notamment dans un rapport de 2022 que seulement 2% des 287 millions de voitures en circulation sur le sol européen pourraient bénéficier des e-carburants. Présenté comme une alternative au tout électrique, l’e-fuel ou carburant synthétique permettrait aux constructeurs automobiles et aux pays de l’Union européenne de prolonger l’utilisation des voitures thermiques. Cependant, l’efficacité de ces “nouveaux carburants” doit encore s’améliorer pour que les moteurs thermiques puissent remplir les objectifs fixés par l’Union, à savoir, éliminer progressivement les émissions à partir de 2035.