Test – Company of Heroes 3 : une suite séduisante pour le RTS

Après la France et le front de l’est, la franchise Company of Heroes s’intéresse à un chapitre moins connu, mais ô combien important de la Seconde Guerre Mondiale : le théâtre de guerre méditerranéen.

Si Total War est devenu une référence en la matière concernant les adaptations de guerres antiques, médiévales ou encore napoléoniennes sous forme de jeux de stratégie en temps réel, les guerres mondiales contemporaines sont restées le terrain de jeu de Sega et de sa franchise Company of Heroes. Depuis 2006 et le premier épisode, ce sont deux opus, cinq extensions et une dizaine de récompenses qui garnissent le palmarès de la franchise.

Mais avec Company of Heroes 2, Relic Entertainment, le développeur, a commis un énorme impair. Si la presse fut emballée par le titre, les joueurs lui ont reproché de très larges inexactitudes historiques et beaucoup de caricatures sur l’armée soviétique. Un faux pas que se devaient de rectifier les développeurs avec ce nouvel épisode. Et direction donc l’Italie et l’Afrique du Nord pour ce troisième épisode.

Les plaines et les paysages luxuriants de la Méditerranée apportent beaucoup de fraîcheur à la franchise.

Un changement d’environnement totalement différent, mais qui fait tellement de bien à la franchise. Après les décors enneigés de la Russie, Company of Heroes s’intéresse désormais au soleil africain et italien et aux batailles qui y ont fait rage entre 1940 et 1945. Un changement de cap vraiment bienvenu et rafraîchissant, puisque contrastant complétement avec les épisodes précédents. Les troupes dirigées changent aussi, car l’on contrôle tantôt les Anglais, tantôt les Partisans italiens, tantôt les Allemands. 

On pourrait croire que l’arrivée dans la Botte et sur le Continent africain nous assurerait de fantastiques paysages ensablés et ensoleillés. Certes, si la direction artistique profite de ce changement de cap, difficile de remarquer une réelle différence sur le plan visuel. Les graphismes semblent absolument inchangés en dix ans, avec des effets visuels assez vieillots et peu impressionnants, mais aussi et surtout des unités qui ne sont absolument pas bien modélisées. Le constat est d’autant plus amer lors des cinématiques animées, où l’on a affaire à des animations et des dessins d’un autre âge. En revanche, la modélisation de la carte de campagne, dont nous parlerons davantage plus tard, est très réussie et jolie. 

Attardons-nous enfin à ce qui est, à nos yeux, le plus important dans un RTS : le gameplay. Avec CoH 3, ne vous attendez pas à un tout nouveau jeu de stratégie. Vous ne serez clairement pas dépaysés sur ce point en passant de CoH 2 à celui-ci. Les développeurs ont repris le même gameplay qui fait le succès de la franchise depuis 17 ans et se sont contentés d’y apporter quelques changements et nouveautés qui apportent beaucoup de fraîcheur.

Les affrontements sont toujours aussi palpitants et requièrent énormément de stratégie.

Ainsi, du côté des affrontements et phases de combat, le jeu reste dans ce qu’il proposait déjà jusqu’alors : des combats rythmés et puissants lors desquels la connaissance tactique des unités et du terrain est primordiale. Chaque seconde importe et le moindre faux pas peut littéralement inverser le cours des choses et vous rendre la tâche bien plus ardue, pour ne pas dire impossible. C’est là que réside tout le génie de Company of Heroes, ce à quoi les développeurs ont apporté une nouveauté incroyablement ingénieuse : la pause tactique. 

Que ce soit à l’entame d’une opération ou en plein milieu du théâtre de guerre, vous avez la possibilité de mettre le jeu sur pause en appuyant sur Espace et de réorganiser vos troupes. Vous estimez que, pour rallier un point B depuis un point A, une unité devrait passer par un chemin spécifique et ainsi rester à l’abri, vous pouvez le lui dire. Vous souhaitez qu’un char s’occupe d’abord d’un ennemi avant de progresser, donnez-en-lui l’ordre. Une file d’attente des ordres enregistre ceux que vous donnez à vos ordres et ceux-ci s’exécuteront dans l’ordre que vous les aurez donnés. Ce système nous permet ainsi de faire plusieurs choses en même temps et de ne plus avoir à switcher continuellement entre deux unités pour les faire progresser. 

Autre point sur lequel les développeurs se sont attardés : les bâtiments. Il est toujours possible, et ce, comme avant, de permettre à une unité d’intégrer un bâtiment afin d’obtenir une bonne protection et une excellente vue sur le champ de bataille. Cependant, la protection n’est plus aussi sûre que par le passé, puisque les bâtiments peuvent être détruits de manière ultra-réaliste par les missiles et chars. S’abriter dans un bâtiment n’est donc plus la panacée, d’autant que l’infanterie ennemie (mais vous en avez aussi la capacité) peut envoyer des fusiliers et autres unités d’infanterie pour vous y débusquer et faire sortir vos unités. Une vraie bonne idée là aussi donc, puisque cela rebat complétement les cartes en pleine partie.

La pause tactique est la vraie bonne idée de ce troisième opus.

Mais dans un tel titre, le pathfinding des unités se doit d’être exemplaire, ce qui n’est pas forcément le cas dans Company of Heroes 3. Pathfinding, kézaco ? Il s’agit en fait du chemin que va adopter une unité pour partir d’un point A vers un point B. Calculé automatiquement par la machine, celui-ci se veut bien souvent hasardeux et pas optimal, à tel point que nous avons parfois retrouvé nos unités complétement buguées et coincées. En 2023, et surtout avec l’expérience qu’a Relic dans le genre, cela ne devrait plus arriver. Pareil pour les temps de chargement qui sont incroyablement longs, et ce, même si vous avez installé le titre sur un SSD. Il y a un chargement avant chaque bataille, et il faut généralement attendre quelques minutes avant de pouvoir jouer, ce qui peut s’avérer assez longuet tout de même. Espérons que la sortie du jeu final améliore quelque peu ce souci. 

Enfin, Company of Heroes 3 a totalement revu la manière dont est menée la campagne, puisqu’il semble directement inspiré d’une autre licence de Sega, à savoir Total War. Vous vous retrouvez sur une grande carte de l’Italie, avec les différentes villes et les postes importants parsemés ici-et-là, et devrez progresser et remplir les objectifs au fil des tours. Vous contrôlez des compagnies composées de plusieurs unités et progressant avec des points d’action sur la carte. Cela change totalement avec ce que la franchise proposait jusqu’alors. Vos unités progressent vers une ville ou une unité ennemie et vous pouvez alors, comme dans Total War, choisir de résoudre la bataille automatiquement ou de la mener vous-même, vous transportant alors vers le gameplay plus traditionnel de Company of Heroes.

Comme sur le champ de bataille, vous aurez à remplir quelques objectifs, principaux ou secondaires, et aurez parfois la consigne de les réaliser avant un certain nombre de tours. Vos subordonnés échangeront régulièrement avec vous et vous permettront d’ailleurs de choisir entre l’une ou l’autre option. Par exemple, un général nous conseillait de privilégier la prise d’une ville par la terre tandis qu’un amiral nous demandait de prendre une autre ville depuis sa plage après l’avoir bombardée. Chaque choix influencera la suite de la campagne et le déroulé du théâtre de guerre.

Pour la première fois, le jeu offre une campagne avec une carte directement inspirée de Total War.

Cependant, et contrairement à la franchise Total War, la campagne de Company of Heroes ne nous laisse que très peu de libertés, si ce n’est celles expliquées ci-dessus. Le recrutement d’unités est vraiment chaotique et mal expliqué, tandis que l’utilisation des avions et des bateaux n’est absolument pas optimisée. Dommage, l’intention était louable, il ne reste plus qu’aux développeurs à peaufiner le tout pour le prochain opus.

Excepté cette campagne, Company of Heroes 3 dispose d’un mode Opérations, bien plus traditionnel et enchaînant les missions. Celui-ci prend place en Afrique du Nord, là où la Campagne s’attardait sur l’Italie. Enfin, le multijoueur est ici mis à l’honneur avec des parties PvP permettant des équipes jusqu’à quatre joueurs, ainsi que des matchs PvC offrant, là aussi, des matchs à 4 contre 4.

Conclusion

Company of Heroes 3 est certes une excellente entrée dans la franchise de stratégie en temps réel, mais ce nouvel opus s’apparente davantage à une très grosse extension du deuxième épisode plutôt qu’à un nouveau jeu à part entière. Graphiquement d’une part, puisque malgré les dix années écoulées, la série ne semble pas avoir fait de réels progrès. Le moteur reste le même, les explosions (excepté la dégradation des bâtiments) et les effets sont identiques et seules les plaines, paysages et déserts luxuriants de l’Afrique du Nord et de l’Italie nous offrent ce dépaysement. C’est en revanche du côté du gameplay qu’il faut regarder pour voir le plus de changements, même si, là encore, les différences ne sont pas très nombreuses entre le second et le troisième épisode. Notons l’excellente idée de la pause tactique qui bouleverse considérablement les batailles ainsi que la très agréable campagne, librement inspirée de Total War mais restrictive sur certains points. Mis à part ces quelques couacs, Company of Heroes 3 reste assurément l’une des bonnes sorties de ce début d’année et un fantastique RTS. Il nous a d’ailleurs donné l’envie de nous replonger dans les deux premiers épisodes…

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Company of Heroes 3

Gameplay 8.5/10
Contenu 7.5/10
Graphismes 6.0/10
Bande son 9.0/10
Finition 7.5/10
7.7

On aime :

Une campagne à la Total War bien fichue

Le retour d'un excellent monstre du RTS

L'Afrique du Nord et l'Italie, rafraîchissants pour la série

Le concept de la pause tactique ultra bien développé

L'importance de l'infanterie et des bâtiments rehaussée

On aime moins :

Mais de nombreuses restrictions avec la campagne

Un pathfinding parfois hasardeux

Aucune (ou presque) évolution graphique par rapport à CoH 2

Des temps de chargement excessivement longs