Six mois après la sortie remarquée de SpellForce III, THQ Nordic nous gratifie d’un nouvel ajout à la franchise avec Conquest of Eo. Un pari réussi, mais qui aurait mérité un bien meilleur traitement. Voilà déjà 20 ans que la franchise SpellForce existe. Beaucoup moins connue et populaire que les Civilization et autres 4X, la saga créée par Phénomic Game Development et Encore, Inc en 2003 est parvenue à se forger une solide base de fans qui, après deux décennies, sont restés fidèles à cet univers enchanteur. Ayant toujours privilégié le côté RPG et RTS de la chose, la franchise s’éloigne quelque peu de ce qui faisait son essence avec Conquest of Eo, en privilégiant la stratégie au détriment du rôle-playing. Explications. Avec Conquest of Eo, la franchise SpellForce vous donne la possibilité d’incarner un héros qui aura choisi entre l’une des trois classes proposées, à savoir Nécromancien, Artificier et Alchimiste. Le premier privilégie la magie et une armée de morts-vivants, l’alchimiste conçoit fioles explosives et potions tandis que le dernier crée des objets magiques pour équiper ses unités. Trois classes différentes donc, mais un seul et même objectif : poursuivre la quête de votre maître qui consiste en la recherche de la source de magie ultime, le Feu éternel. Proche d’un 4X, Conquest of Eo se laisse très facilement prendre en main. L’avantage avec Conquest of Eo est que vous allez, en quelque sorte, pouvoir façonner votre propre expérience de jeu. C’est-à-dire que plusieurs cartes du monde différentes s’offrent à vous en début de partie, chacune représentant un niveau de difficulté. Libre à vous également de combiner plusieurs conditions de victoires pour façonner la meilleure expérience personnelle possible. Autant de possibilités qui font que chaque nouvelle partie que vous ferez sera légèrement différente des précédentes. Mais ne vous leurrez pas. L’histoire restera la même quelle que soit l’orientation que vous donnerez à votre aventure. Un peu à la manière d’un Civilization, les ressources jouent un rôle-clé dans SpellForce. Depuis la tour de votre maître (qui vous sert de QG), vous pourrez récupérer de l’or, amasser des points de recherche ou encore créer de nouvelles unités ou objets. Tout cela dans le but d’améliorer vos forces de morts-vivants, de confectionner des potions toujours plus puissantes ou créer des glyphes pour permettre à vos unités de gagner en force. Vous l’aurez compris : votre but est de gérer la tour et les ressources qui y sont puisées, tandis que vos unités défendent vos intérêts sur le champ de bataille ou récupèrent elles-mêmes des ressources. Un scénario agréable, un univers payant, mais une répétitivité lassante. Les combats se jouent au tour-par-tour, comme dans tout bon 4X qui se respecte. Les affrontements fonctionnent selon le principe des points d’action, mais rassurez-vous : le jeu reste assez facile à prendre en main pour n’importe quel néophyte qui s’y frotte. Certes, les affrontements peuvent vite s’envenimer si vous ne prenez pas les bonnes décisions. Mais (mal)heureusement, le peu d’intelligence de l’IA fait qu’il est rapidement possible de rattraper le coup et de l’emporter. Les combats sont plutôt dynamiques, mais pâtissent d’une certaine répétitivité. En effet, le nombre d’unités disponibles n’est, d’une part, pas très élevé, puisque entre quatre et huit unités sont déployées lors des batailles. Celles-ci sont rapidement expédiées, un peu trop à notre goût d’ailleurs, et s’enchaînent vraiment vite sans qu’on ait vraiment le temps de s’y attarder. Si le gameplay s’inspire énormément des 4X à la Civilization, le scénario, lui, s’apparente réellement à un Heroes of Might & Magic. Très réussi, il nous embarque dans une aventure très heroic fantasy, et le monde du Royaume d’Eo est bien imprégné de cette patte fantastique. En revanche, si les décors sont plutôt jolis, sans être époustouflants, force est d’admettre qu’ils ne fourmillent pas vraiment de détails ni d’éléments. Dommage, car l’univers de l’heroic fantasy a de quoi faire rêver. Les décors ne sont pas vraiment riches en éléments ou détails. La bande son est, quant à elle, plutôt agréable à l’oreille. Les mélodies s’accordent plutôt bien au jeu et à la situation en cours. On regrettera en revanche que le jeu ne dispose d’aucune traduction française, et notamment au niveau du doublage. Il faudra faire avec des voix originales et aucun sous-titres francophones. Difficile à aborder donc pour des non-initiés à la langue de Shakespeare. Les menus ne sont également pas traduits en français, un véritable coup dur pour les francophones. Conclusion Conquest of Eo ne fait assurément pas partie du top 3 des meilleures entrées de la franchise SpellForce. Néanmoins, il s’agit d’une bonne porte d’entrée dans la saga pour les néophytes qui n’en ont jamais entendu parler. L’univers est grisant et le scénario très agréable à suivre. L’aspect RPG mis de côté au détriment d’un gameplay à la Civilization, Conquest of Eo semble avant tout avoir été pensé pour les personnes qui n’ont jamais touché à un SpellForce de leur vie. Les affrontements sont très faciles à prendre en main, mais se concluent beaucoup trop vite. Il n’y a qu’entre 4 et 8 unités sur un champ de bataille, ce qui peut s’avérer très peu pour un jeu de stratégie. La difficulté est parfois de mise, mais la stupidité de l’IA permet heureusement à tout un chacun de s’essayer à Conquest of Eo. Nous évoquions l’excellent univers du soft, nous regrettons toutefois qu’il n’ait pas suffisamment été exploité dans la construction des niveaux, beaucoup trop fades à notre goût. Cependant, malgré une VF totalement absente qui pourrait en rebuter plus d’un, Conquest of Eo est un bon jeu de stratégie. Il n’arrive en revanche pas au niveau des précédents épisodes.