La première saison de l’anthologie de l’horreur “The Dark Pictures” se termine avec “The Devil in Me”, un épisode ambitieux, qui se révèle pourtant être le moins abouti des quatre jeux sortis à ce jour… Après le très sympathique “House of Ashes” et le très maîtrisé “The Quarry”, on s’attendait forcément à une très bonne surprise avec l’ultime chapitre de l’anthologie Dark Pictures de Supermassive Games. Le studio l’avait toutefois annoncé très tôt, “The Devil in Me” serait un épisode très différent de ses dernières productions. Et de facto, il y a du changement dans l’air, tant au niveau du gameplay que de l’univers. Tout d’abord, parce que contrairement aux précédents jeux “Dark Pictures”, The Devil in Me ne sombre pas instantanément dans le paranormal. Le jeu tente une approche plus réaliste de l’horreur en nous faisant découvrir l’histoire du “premier serial-killer de l’histoire des Etats-Unis”, le bien nommé H.H. Holmes. Un parti pris séduisant sur le papier, mais qui peine à convaincre dans la pratique. Car si l’intro nous ramène à l’époque du serial-killer, le reste du jeu prend place des décennies plus tard. Le jeu nous propose ici d’incarner les membres d’une équipe de tournage qui se rendent dans une réplique de l’hôtel où ont été commis les meurtres de H.H. Holmes. Caméras au poing, ils filment chaque recoin des lieux pour tourner LE documentaire qui sera un tournant dans leur carrière. Mais ils sont loin de s’imaginer ce qui les attend… Le casting peine à séduire. Comme nous l’avons dit plus haut, The Devil in Me s’écarte des précédents volets de la série en optant pour un style plus réaliste. L’atmosphère est parfaitement maîtrisée et le jeu réserve son lot de jump scares. Ceci étant dit, le rythme en prend un coup. The Devil in Me prend beaucoup plus de temps à installer son scénario que ses prédécesseurs et les séquences d’action sont également beaucoup moins nombreuses que par le passé. De façon générale, on reprochera au jeu un scénario qui peine à décoller et son casting qui n’est qu’une succession de clichés sans aucun charme. Difficile de s’attacher pour le moindre personnage. Tous ont des têtes à claques et surtout, leurs interactions ne font que renforcer notre désintérêt pour leurs sorts… Or, dans un film d’horreur, il est essentiel de s’attacher aux personnages pour se sentir immergé dans le scénario. Dans The Devil in Me, les personnages sont si agaçants qu’on a qu’une envie : en finir au plus vite avec eux. Les statistiques parlent par elles-mêmes : presque la moitié des joueurs qui ont terminé le jeu l’ont fini sans aucun personnage encore en vie à la fin de l’histoire… Côté gameplay, la recette reste globalement la même : un mélange de cut-scenes, de QTE, quelques rares puzzles peu intéressants, et un peu d’exploration du manoir, en temps réel. Seulement voilà, comme dans les précédents jeux, si l’on dirige bien le personnage comme dans un survival-horror, on n’est jamais réellement inquiété par son environnement puisque le jeu n’intègre aucune séquence de course-poursuite ou d’affrontements durant les séquences in-game, tout cela n’est intégré que par le biais de QTE. On est donc là face, encore une fois, à un simple walking-simulator. Ce nouvel épisode introduit toutefois une petite nouveauté : chaque personnage a ici une capacité qui lui est propre. L’un pourra utiliser son appareil photo pour capturer des images, l’autre remettre le courant… Dans la pratique, cela ne change toutefois pas grand chose puisqu’on est amené naturellement à utiliser leurs compétences lors de sortes de mini-jeux pour la résolution d’énigme. Le gameplay reste globalement très pauvre et clairement, on en attendait beaucoup plus à ce niveau. L’atmosphère du jeu reste maîtrisée. Difficile donc de ne pas être déçu par ce nouvel épisode, qui rate le coche niveau scénario, casting et rythme. The Devil in Me n’est certes pas un mauvais jeu, mais la formule a cette fois beaucoup plus de mal à prendre. Et surtout, les deux précédents jeux du studio faisaient beaucoup mieux d’un point de vue narratif. Visuellement, les environnements très lumineux de ce nouveau volet ont également tendance à moins flatter la rétine que les environnements très sombres de House of Ashes. Cerise sur le gâteau, la finition du jeu est désastreuse avec des bugs en pagaille, des animations d’un autre âge, de gros problèmes de synchronisation labiale et, même, pour la première fois dans la série, des phrases qui n’ont pas été traduites en français. On le sent, la sortie du jeu a été rushée pour coller à l’agenda et c’est bien dommage. On l’espère, pour sa seconde saison, The Dark Pictures reviendra avec quelque chose de plus consistant et surtout des mécanismes de gameplay revus. La formule narrative est certes séduisante, mais côté gameplay il faut l’avouer, la série n’a pas beaucoup progressé en quatre épisodes… Conclusion Si la qualité n’avait cessé de grimper avec les trois premiers volets de la série, “The Devil in Me” fait retomber le soufflé. L’ultime épisode de l’anthologie de l’horreur de Supermassive Games rate le coche à presque tous les niveaux avec un scénario globalement moins intéressant, un casting pénible, un gameplay qui peine à se renouveler et un rythme beaucoup trop lent. Même les amateurs d’horreur auront du mal à apprécier à être séduits par une formule qui a tendance à tourner en rond. De surcroit, cet épisode souffre également d’une finition désastreuse, avec des bugs en pagaille, des phrases qui n’ont même pas été toutes traduites, des problèmes de synchronisation labiale… Si vous voulez à tout prix vous faire peur avec une expérience cinématographique, préférez lui l’excellent The Quarry, ou le très sympathique House of Ashes.