Situé en plein cœur d’Ixelles, Dystopia est la première escape room de Belgique à reposer entièrement sur la technologie. Bien que le phénomène soit encore relativement récent en Belgique, le nombre d’escape rooms présents dans la capitale ne cesse de croître. Alors, forcément, se démarquer des autres devient une nécessité. Autrement dit, on travaille le scénario et l’ambiance pour renforcer l’immersion des joueurs. La nouveauté étant, comme partout, un facteur décisif. Cela, les créateurs de Dystopia l’ont bien compris. « On a voulu tout miser sur la technologie et on ne voulait ni cadenas, ni clés. On a gardé le principe des codes, mais nous l’avons remanié », nous explique Pierre-Henri Wibaut, cocréateur de l’escape room. Réaliser un escape game basé sur la technologie, le pari est osé. Cependant, les deux hommes ont de l’expérience avec Crafteke, la société fondée par Pierre-Henri Wibaut. Scans 3D, réalité virtuelle, installations interactives… L’entreprise touche à tout en fonction des besoins et des envies. Lier le jeu vidéo au réel Dystopia provient d’un constat simple : l’absence de partage, paradoxalement liée à l’interactivité. « Nous voulions proposer une technologie qui permettrait de “gamifier” le réel, mais sans que les gens soient scotchés sur un écran comme dans le cas des réalités virtuelles et augmentées. C’était vraiment le point de départ », indique le CEO de Crafteke. En 2020, entre deux confinements et sans jamais avoir réalisé d’escape room auparavant, les deux collègues entament l’écriture d’un scénario, chacun de leur côté. La thématique, un savant mélange de cyberpunk et de science-fiction. L’agencement des pièces et des lumières retransmet parfaitement l’ambiance souterraine. Une fois l’histoire en place, arrive la phase d’expérimentation et la problématique question du temps. Comme le résume Pierre-Henri Wibaut : « L’interactif on connaissait, mais faire un escape game c’est un autre niveau ». Or, quoi de plus efficace comme méthode, que de tester par soi-même ? « On est parti faire des escape games », enchaîne-t-il. « Une pas terrible et deux très bien, parce qu’on voulait voir à quoi correspondait le bas de gamme et le haut de gamme de l’escape room ». Outre la question du timing, l’intérêt est donc aussi de présenter un produit de qualité. Pari gagnant jusqu’ici, puisque Dystopia accumule les critiques positives. Ne pas briser le 4e mur Évidemment, Dystopia reprend les codes traditionnels de l’escape game. Les joueurs effectuent des actions qui font progresser le scénario. Cependant, l’escape room de Crafteke se repose davantage sur des stimuli sensoriels (sons, lumières, etc) et l’interactivité. Ces deux points étant étroitement imbriqués. En définitive, Dystopia réunit quasiment tout le savoir-faire de ses créateurs. « C’est un peu un showroom », s’en amuse Pierre-Henri Wibaut. Le CEO de Crafteke reconnaît d’ailleurs qu’ils ont peut-être été un peu gourmands. Avec une installation qui tient de l’artisanat technologique et un temps de développement deux fois plus long que prévu, Dystopia relève presque du parcours du combattant. Les co-créateurs de Dystopia ont intégré l’électronique dans tous leurs puzzles. Mais l’attente en valait la peine pour cet escape game qualifié « d’ovni » par sa clientèle. Non content d’être la première escape room entièrement technologique, Dystopia se distingue également par sa volonté de ne pas briser le quatrième mur. « Pour nous, ça cassait trop l’immersion », précise Pierre-Henri Wibaut, « et donc on a complètement fondu le système d’indice dans la trame scénaristique. C’est-à-dire que les gens ont vraiment la sensation d’être sous terre, en train de parler à une intelligence artificielle. IA qui est en fait une interlocutrice, mais qui n’est là que pour donner des “ordres de missions” ». Situé à Ixelles dans le quartier temporaire See U, phase transitoire du projet Usquare.brussels, Dystopia n’est, pour le moment, qu’une installation éphémère. Cependant, il reste une chance pour le CEO de Crafteke : « On ne sait pas si on va rester, mais on a fait quelque chose de chouette qui permet de conserver le bâtiment historique ». Reste à voir ce qu’en pensent les décideurs. En service depuis le mois de septembre, l’escape room est officiellement ouverte jusqu’en mai 2023.