Après un “Vanguard” très décevant, Call of Duty fait son retour sous le feu des projecteurs avec la suite très attendue de l’excellent Modern Warfare. Aux commandes de ce nouveau volet, on retrouve le prestigieux studio Infinity Ward, auteur des meilleurs épisodes de la franchise. Les fans le savent, les studios se succèdent dans la production des Call of Duty. Les meilleurs volets de la franchise ont tendance à être produits par Infinity Ward et Treyarch. Les moins bons par Sledgehammer Games et Raven Software. Cette année, c’était au tour du studio le plus prestigieux de nous livrer son bébé. Et vu l’énorme succès rencontré par le reboot de Modern Warfare il y a quelques années, autant dire que cette suite était attendue au tournant… La narration est soignée. Le scénario, en revanche, peine à décoller. Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler, pour les quelques étourdis, que ce Modern Warfare 2 n’est en aucun cas un remake du Modern Warfare 2 sorti il y a une dizaine d’années, et également développé par Infinity Ward. Il s’agit de la suite directe de Modern Warfare, le reboot de la sous-série de Call of Duty. Les fans étaient donc fixés avant même de lancer le jeu : il fallait s’attendre à un jeu dans la lignée du premier épisode, avec un conflit moderne, l’utilisation de quelques gadgets, et un mode multi très classique. Pas de mode Zombie donc, ni de battle royale – celui-ci étant désormais proposé de façon distincte, comme un jeu stand-alone. Certaines missions sont très réussies, à l’image de l’assaut donné sur ce navire. Notre test s’intéressera donc aux deux aspects principaux du jeu avec d’un côté son mode solo et de l’autre son multijoueur. Et clairement, ledit mode solo est nettement plus réussi que celui des deux derniers jeux de la franchise : Cold War et Vanguard. Logique, c’est Infinity Ward aux commandes. Pour autant, Modern Warfare 2 n’est pas tant une véritable suite au premier volet qu’on l’aurait pensé. Certes, on reprend les commandes de la même escouade, la Task Force 141. Mais on se retrouve cette fois-ci à la poursuite d’un dénommé Hassan Zyani, qui est suspecté d’avoir dérobé une arme extrêmement puissante. Et c’est malheureusement là que le bas blesse. Car si le premier Modern Warfare était parvenu à faire preuve d’originalité et à nous tenir scotché à notre manette avec son scénario ambitieux, cette suite multiplie les clichés : des Russes qui vendent aux armes à un terroriste musulman, on fait difficilement plus grossier. Et malheureusement, le scénario a tendance à vite partir dans tous les sens pour nous faire voir du pays… La campagne de Modern Warfare 2 comporte en tout et pour tout 16 missions. En mode normal, vous devriez toutefois n’avoir aucun mal à tout finir en moins de cinq petites heures de jeu, c’est un peu moins que la moyenne, même pour un Call of Duty. Et malheureusement, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Les développeurs ont eu la drôle d’idée de vouloir à tout prix multiplier les “expériences de jeu”. On se retrouve donc aux commandes d’un drone qui bombarde des cibles mouvantes dans une mission, puis on dirige ses hommes à distance dans un simili-X-Com, avant de guider un missile vers un convoi ennemi. Pour le reste, on trouve un paquet de missions extrêmement courtes, qui se bouclent en moins de cinq minutes top chrono – et au cours desquels on éliminera tout au plus une dizaine d’ennemis. Les développeurs ont voulu miser sur le côté réaliste et l’immersion et ça fonctionne, en particulier dans la mission qui prend place à Amsterdam. Mais quid de ce qui fait l’ADN de la série? Clairement, on s’écarte de l’ ADN de la franchise pour nous proposer une expérience qui se veut avant tout narrative et cinématographique. L’action passe au second plan et les développeurs tentent à tout prix de diversifier l’action. Avec plus ou moins de succès puisque dans la pratique, on constate parfois une énorme différence de qualité entre les missions jouées. Si certaines d’entre elles marquent l’esprit, d’autres sont aussi pénibles que longues – à l’image par exemple de cette course-poursuite dans le désert, aux commandes de divers camions et jeeps. La fameuse course-poursuite de ce Modern Warfare 2. Le mode solo de Modern Warfare 2 est loin d’être le meilleur de la série. Il est peut-être plusieurs crans au-dessus des deux derniers épisodes, mais il est sans l’ombre d’un doute le moins réussi d’une production Infinity Ward. On le sent, le studio à forcer sur tous les points en tentant à tout prix de nous servir un cocktail explosif qui multiplie les séquences de jeu, et de nous en mettre plein les yeux avec un scénario à coucher dehors. Il y a pourtant de très bonnes idées dans ce volet, comme le système de craft d’objets pour ces quelques missions de survie, au cours desquelles il faudra utiliser des leurres pour attirer l’attention d’ennemis, se faufiler dans leur dos et les éliminer silencieusement. L’ennui, c’est que souvent, l’IA ne suit pas du tout. Un exemple concret : dans la ville mexicaine, il suffit de se glisser dans un coin, d’éliminer un ennemi et de faire du bruit pour voir les ennemis venir les uns après les autres en queuleuleu, et les éliminer avec une attaque au corps à corps les uns après les autres… L’IA est au raz des pâquerettes et est absolument incapable de comprendre la situation. Pire, certains ennemis sont désormais des sacs à PV grâce aux jolies armures qu’ils arborent. Visuellement, le jeu nous en met souvent plein les yeux. Vous l’aurez compris, à force de vouloir en faire trop, Modern Warfare 2 a tendance à se perdre un peu en chemin et à oublier de nous servir ce pour quoi on est justement venu : des gunfights intenses. Rassurez-vous, quelques missions sortent du lot, à l’image de l’attaque de la prison, au Mexique. Lors de ces séquences de gunfights, on retrouve les sensations propres de la série. Modern Warfare 2 reste en ce sens un bon shooter – mais qui a étonnamment tendance à se transformer en un jeu narratif trop grand public pour séduire les masses. La bonne nouvelle, c’est qu’en multijoueur, on retrouve ce même plaisir à tirer sur ses ennemis en série. Modern Warfare 2 propose un contenu toutefois assez limité, avec trois petites missions jouables en coopératif – principalement de la défense de zones contre des PNJ -, 10 cartes “standards”, utilisées pour des affrontements en 6 contre 6 et 5 “battle maps” pour les affrontements de masse, un mode de jeu similaire à celui d’un Battlefield, dans lequel il faudra prendre le contrôle de points stratégiques sur la vaste carte. On peut y utiliser différents véhicules comme des jeeps ou des tanks. Globalement, l’expérience de jeu est plutôt fun et le gameplay caractéristique de la série est au rendez-vous. La mission de la prison fait partie des plus réussies. On regrette toutefois que le jeu ait été lancé sans tout un tas d’options. Par exemple, pas de stats sur ses performances, pas de rewards non plus pour de mini-défis, et plusieurs disparations au niveau des modes de jeu. Le 2vs2 de Modern Warfare (2019) a disparu. Le mode Champion Hill de Vanguard est aux abonnés absents également. On retrouve certes 10 modes de jeu en tout, dont des classiques comme le Team Deathmatch, le Domination ou le Search and Destroy, mais seulement deux petites nouveautés : le Prisoner Rescue et le Knockout, qui ne sont pas de franches réussites. Le Prisoner Rescue oppose deux équipes de six joueurs dans la protection et la récupération de deux prisonniers sur une carte. Knockout propose également du 6 vs 6, avec toutefois une différence puisqu’il faudra acquérir et conserver un sac de cash cette fois. Les deux modes se jouent en 5 rounds. Du grand classique. Pas de mode zombie, pas de battle royale, pas de grosse surprise. En revanche, il faut bien l’admettre, le multijoueur est relativement réussi. Infinity Ward ne commet pas les mêmes erreurs qu’en 2019, avec des cartes adaptées aux combats de masse et aux combats en 6vs6. On ne va pas vous le cacher, à la sortie, le contenu est un peu léger et clairement il faudra voir le suivi du jeu sur la durée pour comprendre si Modern Warfare 2 peut s’inscrire dans le temps. Dans cette mission, il faut guider son unité à distance, comme dans un X-Com. Là où le bas blesse en revanche, c’est au niveau de la finition. Les temps de chargement vers le menu principal sont longs, le cross play n’est pas désactivable – il faudra donc se coltiner les excités de la souris sur consoles -, et la recalibration de la difficulté avec votre niveau de joueur est très punitive en multijoueur. Après quelques parties seulement, on est catapulté dans une partie avec des pros de la gâchette qui ne font qu’une bouchée de nous… Tant qu’on y est, on pestera aussi sur le mode solo en difficile, qui devient si difficile qu’il perd complètement toute forme de fun. Les ennemis vous tirent dessus à travers les portes, savent à tout moment où vous vous trouvez et vous tuent en une balle. La difficulté est artificiellement élevée, et c’est bien malheureux puisqu’il faudra obligatoirement connaitre certains niveaux par cœur pour les terminer dans ce mode de jeu. Pour le reste, pas grand chose à signaler, Modern Warfare 2 est très réussi esthétiquement, sans être une claque graphique. La mise en scène est soignée, les décors fourmillent de détails, on a droit à plusieurs panoramas absolument splendides et il faut bien l’avouer, les développeurs ont été plutôt inspirés esthétiquement. En revanche, on ressent quand même bien qu’il s’agit d’un épisode cross-gen. C’est beau, mais ça ne tire pas encore parti complètement des capacités des consoles new-gen. Conclusion S’il fait mieux que ses deux prédécesseurs, et impressionne même techniquement, Modern Warfare 2 peine toutefois à totalement convaincre, la faute à un contenu assez léger sur sa partie multijoueur, à un mode solo court, qui tente à tout prix de nous en mettre plein les yeux et multiplie les séquences de jeu, et à des choix douteux dans le recalibrage de la difficulté en multijoueur, le cross-play et la difficulté du solo… C’est probablement l’épisode le moins réussi développé par le studio Infinity Ward. Ceci étant dit, les sensations sont là. La partie multijoueur reste soignée, le gameplay est fun et même si le solo souffre de gros problèmes de rythme, on retrouve quelques séquences marquantes. Clairement, ce n’est pas le meilleur Call of Duty, mais c’est sans doute le moins des Modern Warfare… Sur la durée, le titre pourrait toutefois s’imposer grâce aux ajouts promis par les développeurs.