Production indépendante d’Annapurna Interactive, Stray est un ovni vidéoludique. Il vous met dans la peau d’un petit chat roux perdu au beau milieu d’une ville où vivent des robots. S’il s’agit encore d’un jeune studio indépendant, Annapurna Interactive commence sérieusement à faire son trou dans l’industrie vidéoludique. En seulement cinq ans, ce sont pas moins de 23 titres qui ont été édités par le studio californien. Plutôt plaisants et agréables à découvrir, les jeux made in Annapurna sortent régulièrement du lot pour leur concept inédit et intéressant, comme avec Maquette et ses casse-têtes ou 12 Minutes et sa boucle temporelle. Dernier exemple en date : Stray. Exclusivité temporaire pour Sony et ses PS4 et PS5, le titre nous embarque dans une aventure drôlement surprenante. En effet, vous êtes directement expédié dans la peau d’un animal poilu à quatre pattes, à savoir un chat. Vous allez, littéralement, vivre comme un chat. Grimper sur les toits des immeubles, rentrer dans des appartements, voire carrément faire vos griffes sur l’une ou l’autre carpette, préparez-vous à vivre dans la peau d’un félin. C’est bien simple, tout le monde a déjà rêvé de devenir un cat. Mais certainement pas le chat roux de Stray. Se baladant au soleil dans un environnement vert et très herbacé avec sa meute de chats, votre personnage va malencontreusement louper son saut en longueur et tomber dans les bas-fonds d’une sombre ville cyberpunk où vivent dans la misère d’étranges robots anthropomorphes. Vous devrez ainsi vous frayer un chemin parmi d’innombrables dangers pour regagner le monde libre. C’est l’histoire d’une amitié entre un chat et un robot volant… Non, ce n’est pas le début d’une blague. Très vite, notre héros fera la rencontre de B-12, un tout petit robot qui vous servira d’interprète, mais qui vous accompagnera également dans votre aventure. Traduire les explications des robots de la ville, mais aussi vous donner des indices sur la suite à donner aux événements, ce malicieux petit bout de métal volant vous sera d’une aide précieuse et vous évitera de mourir d’ennui. Car il faut bien se l’avouer, ce n’est pas en jouant à Stray que l’on va vivre une aventure pleine d’action et de frissons. Aux antipodes de ce type de jeu, l’aventure d’Annapurna nous plonge dans un récit posé et très calme. Ce n’est en soi pas une tare, mais si vous cherchiez votre nouveau jeu d’aventure trépidant, passez votre chemin. Un titre tout en verticalité, qui peut malheureusement lasser un public plus âgé. À la place, Stray nous impose de nous immerger dans la peau d’un petit chat de gouttière et de son quotidien. En sautant d’un rebord de fenêtre à un autre en passant par une boîte en carton ou une corniche, Stray surprend avant tout par sa verticalité. À de nombreuses reprises, vous aurez à atteindre l’une ou l’autre fenêtre ou encore à rejoindre le toit d’un immeuble pour progresser dans l’aventure. Plutôt agréable, on s’aperçoit très vite que Stray nous plonge dans une sorte de dirigisme pour les sauts à effectuer. Contrairement à ce que pouvaient laisser entrevoir les différents trailers, il n’est absolument pas question de sauter n’importe où à tout-va. Au contraire, une petite icône vous indiquera à quels endroits vous pouvez sauter et à partir d’où. Plutôt frustrant quand on sait qu’un chat aime se faufiler n’importe où et sauter sur tous les points en hauteur. Comme dans la vraie vie, n’espérez donc pas rater un chat et donner lieu à une scène cocasse. Les développeurs ayant visiblement choisi de privilégier un jeu dans lequel il est impossible de “mourir” pour un saut raté. Il s’agit d’ailleurs là de notre plus grande frustration dans le titre, même si l’on ne souhaite évidemment pas la mort de notre boule de poils rousse. C’est tellement jouissif de passer d’un immeuble à un autre par des corniches ! Pour progresser dans l’aventure, vous aurez à résoudre quelques énigmes très faciles, avouons-le. Si le titre nous permet d’explorer certains environnements à notre guise et de récupérer la poignée de collectibles présents, ce sont surtout les énigmes qui représenteront les pierres d’achoppement sur votre parcours. Ne vous tracassez pas, elles rayonnent par leur simplicité. En une poignée de secondes, vous trouverez la solution. La plupart des adultes ne trouveront ainsi aucun défi dans Stray, tandis que les enfants trouveront là une aventure très plaisante avec sa poignée d’énigmes à leur niveau. Mais Stray saura, à quelques moments, nous surprendre par ses quelques phases d’action. Cela peut paraître contradictoire en comparaison à ce qui était expliqué plus haut, mais détrompez-vous. Celles-ci s’avèrent bien trop rares pour dire de véritablement s’imposer dans le titre. Course-poursuite avec les Zorks (des sortes de rats du futur), phase d’infiltration sous la visée des snipers robotisés ou encore extermination des Zorks avec une lumière violette, autant de passages rythmés et amusants, mais qui ne sont pas très nombreux. Ils viennent heureusement diversifier un gameplay qui aura tôt fait de tourner en rond et de se mordiller la queue. Mais encore une fois, une aventure calme et posée comme celle de Stray n’est aucunement mauvaise, elle est juste davantage adaptée à un public plus jeune. D’ailleurs, le titre se boucle en à peu près 8 heures de jeu, ce qui est plutôt raisonnable pour un titre vendu 30 €, disponible gratuitement pour les abonnés PS Plus et un poil répétitif sur le plan du gameplay. La ville est habitée par des robots anthropomorphes à première vue amicaux. Sauter, grimper ou encore griffer, c’est à peu près tout ce qu’est capable de faire notre animal de compagnie. C’est d’ailleurs assez réel, puisqu’il est même capable de ronronner et de miauler (cette action peut d’ailleurs être activée en pressant la touche “rond”). C’est d’ailleurs l’occasion de saluer le très joli travail réalisé par les équipes de Blue Twelve (le développeur) sur la bande sonore. Les bruits et petits cris du chat paraissent plus vrais que nature, et il est par ailleurs comique de voir nos propres animaux de compagnie réagir en entendant les miaulements sortir de la Dualsense. Notons enfin que les différentes mélodies collent terriblement bien aux différentes ambiances et qu’elles ont été habilement composées par un spécialiste du chiptune. Enfin, saluons la jolie patte graphique de Stray. Une ville très morose, mais aux environnements joliment fichus et ultra détaillés, c’est ce qui nous attend durant les 3/4 de notre aventure. Au début de l’histoire, ce sont des paysages verdoyants qui sont sous nos yeux, et qui sont, eux aussi, plutôt jolis. Pour finir, et non des moindres, l’animation du chat est tout simplement impeccable. C’est heureusement un point sur lequel Blue Twelve s’est parfaitement appliqué, et nous n’avons pratiquement rien à redire tant l’animation d’un félin peut se révéler très ardue. Quelques petits bugs de collision viennent parfois gâcher l’immersion, mais rien de bien grave. Conclusion Il ne fait aucun doute que Stray est une expérience hors du commun, et ce, aussi bien dans le sens positif que négatif du terme. En nous faisant incarner un petit chat roux dans une ville abandonnée par les humains et dans laquelle vivent des robots anthropomorphes, Blue Twelve et Annapurna prennent un pari très audacieux, voire fou. Plutôt poétique et touchant, le titre s’adresse principalement à un public jeune ou en quête d’une aventure posée, sans réelle prise de tête. Grimper sur les toits, passer de gouttière en gouttière ou faire vos griffes sur une moquette ou un morceau de bois, le titre nous immerge vraiment dans le quotidien d’un félin, tout en résolvant quelques énigmes plutôt sommaires. Pour un public plus averti en quête de sensations fortes, il est toutefois évident que Stray n’est pas fait pour eux. Le gameplay est parfois frustrant et assez répétitif et les phases d’action ne sont pas nombreuses. Il y a en revanche un élément qui mettra tout le monde d’accord, c’est la direction artistique du titre. Le level-design est très inspiré et fourmille de détails, tandis que la bande sonore paraît terriblement fidèle à la réalité. Les environnements sont quant à eux très réussis. Notons également que le travail d’animation sur le chat est juste incroyable, tant il se révèle difficile à réaliser. Si Stray ne mettra pas tout le monde d’accord, il ralliera à coup sûr les passionnés de félidés.