Test – Fobia St. Dinfna Hotel : quand Resident Evil s’invite à l’hôtel

Avec Fobia St. Dinfna Hotel, le studio brésilien Pulsatrix s’attaque à un mastodonte du survival : Resident Evil. Hommage assumé ou simple contrefaçon ? 

Pulsatrix, c’est une sorte d’ovni dans le microcosme des studios de développement. Fondé en 2018 par trois jeunes développeurs brésiliens, le studio pauliste n’a pas fait ses lettres de noblesse avec de petits jeux indépendants. Au contraire, les développeurs se sont mis en tête de débuter directement l’aventure avec un jeu AA, beaucoup plus coûteux, mais également très ambitieux. Et ce titre, c’est Fobia St. Dinfna Hotel. Après quatre années de développement marquées par le confinement et le télétravail, le jeu débarque sur PC, old-gen et current-gen.

Fobia, c’est un FPS horrifique très largement inspiré d’un géant du genre… Resident Evil. Toutes les mécaniques de gameplay, ou presque, nous ramènent aux récents titres de Capcom en vue à la première personne. Fobia veut ainsi rendre hommage à ce monstre du survival, mais la tâche n’est pas aisée, et beaucoup s’en sont mordu les doigts. Les moyens des développeurs étaient-ils suffisants pour arriver à la hauteur de leurs ambitions ? 

Avant toute chose, il faut comprendre le contexte dans lequel s’installe Fobia St. Dinfna Hotel. Nous incarnons Roberto, un journaliste brésilien venu à l’hôtel St. Dinfna pour enquêter sur d’étranges phénomènes paranormaux. Très vite, il se rendra compte qu’il n’est pas seul, que sa vie est en danger, mais qu’il est également capable de “voyager” à travers différentes époques grâce à un appareil photo a priori banal. C’est donc là que réside la subtilité du scénario. D’une intrigue principale prenant place en 2009, les développeurs parviennent à nous faire vivre l’histoire de protagonistes originaires de 1920 et de 1960, eux aussi en danger de mort. Et très vite, l’on se rend compte que leurs destins sont liés.

Fobia alterne différentes époques au sein de son scénario : 1920, 1960 et 2009. Ici, une maisonnette de l’entre-deux-guerres.

Ces trois époques s’articulent autour d’un élément central : une vilaine secte qui mène des expériences sur des personnes prises au hasard. Dans la peau de Roberto (2009), de Christopher (1920) ou du journaliste des années 1960, vous devrez enquêter sur cette secte tout en… survivant. Pour cela, vous serez équipé de plusieurs armes à feu dont la maniabilité et les sensations de tir sont très réussies, mais aussi et surtout d’un appareil photo.

“Une caméra pour connecter les mondes” est inscrit en lettre de sang sur la plupart des murs du début de l’aventure. À l’aide de votre appareil photo, vous vous immergerez dans le passé de certaines pièces et découvrirez des passages secrets, des énigmes à résoudre, mais également des objets vous aidant à avancer dans l’enquête. Une grande partie du gameplay s’articule autour de cet appareil argentique, et l’on aurait même aimé que certains passages délaissent leur côté action pour privilégier l’enquête à l’aide de l’appareil. D’ailleurs, les énigmes auxquelles nous faisons mention sont très réussies, mais l’on regrettera qu’elles soient parfois bien trop compliquées, au point de parfois devenir frustrante.

L’appareil photo vous permet de naviguer entre les époques et de vous frayer des chemins a priori inaccessibles.

Comme précisé plus haut, Fobia est un véritable hommage à Resident Evil. Le gameplay reprend certaines des mécaniques de la franchise de Capcom, comme l’inventaire à compartiments qu’il est possible d’agrandir. Les machines à écrire pour la sauvegarde laissent ici la place à des horloges mystiques parsemées ici-et-là dans les environnements. Sans voler la vedette à Resident Evil, Fobia récupère tous les éléments qui font le succès de la saga initiée en 1996 et les exploite habilement. 

Côté survival horror, nous regretterons que Fobia n’ait pas poussé le curseur à son maximum. Le début de l’aventure, où l’on se balade sans arme, est assez malsain et dérangeant. Mais dès que l’on se retrouve équipé d’un pistolet, plus rien ne semble être en mesure de nous effrayer et nous n’avons plus, qu’à de très rares reprises, connu des sursauts. C’est dommage, car l’ambiance de l’hôtel dévasté par une force inconnue et visité par une petite fille au masque à gaz et un étrange monstre ressemblant à Bane a vraiment tout pour nous faire cauchemarder.

Nous évoquions l’utilisation absolument plaisante du pistolet ou de l’appareil photo, mais abordons cette fois les petits détails qui nous ont moins plu. La maniabilité des personnages n’est tout d’abord absolument pas intuitive et moderne. Le moindre obstacle est infranchissable sans que l’on comprenne pourquoi. Certains déplacements sont plutôt lourdauds et lents. Même la course, que l’on appellerait surtout une marche rapide, n’est pas des plus fluides. Un problème d’ajustement que l’on retrouve également dans la visée et la gestion du pointeur. Bien plus sensible que le gauche, le joystick droit réagit à la moindre pression avec le doigt et rend irritable la prise de certains objets ou l’interaction avec l’environnement. Il s’agit là des deux principales lourdeurs dans le gameplay, mais qui, nous vous rassurons, ne suffisent en rien à gâcher le plaisir de jeu.

Vous n’êtes pas seul dans l’hôtel St. Dinfna… Les développeurs jouent habilement sur l’effet malsain grâce à un habile jeu de lumières.

Visuellement, le résultat n’est pas des plus incroyables et est vraiment en dents de scie. Si les effets de lumière sont tous habilement exploités pour appuyer sur l’ambiance stressante des lieux et pour apporter ce petit supplément d’âme aux endroits dévastés, nous regretterons que certaines modélisations laissent à ce point à désirer, comme celles des (rares) personnages rencontrés dans l’aventure. Le gérant de l’hôtel, que nous rencontrons dès le début, n’est par exemple pas des plus réussi, tout comme son animation qui est légèrement datée. En revanche, la plupart des textures sont très réalistes et divinement bien réalisées en fonction des lieux. Nous regrettons enfin que les ennemis présents dans les environnements ne soient pas très variés et que l’on ait, pratiquement toujours, affaire au même type d’ennemi, une sorte de zombie Groot qui requière qu’on vise le cœur pour s’en débarrasser. Les trois boss ne sont pas moches, mais leur schéma de coups ne se révèle pas non plus très innovant.

À l’aide des différentes armes, vous affronterez les monstres présents dans l’hôtel.

N’espérez enfin pas de doublage francophone. Le jeu est intégralement en version anglaise avec des sous-titres, parfois approximatifs certes, mais en français. Malgré son statut de jeu AAA (selon les dires des développeurs), le titre reste un jeu indépendant. Il est rare qu’un “petit” jeu soit doublé dans plusieurs langues et avec des acteurs de qualité. Ici, même la VO paraît tout droit sortie d’une série B, mais là n’est pas le principal puisque l’on entend les personnages parler qu’à de rares occasions. 

Puis, allons-nous vraiment rouspéter pour ce genre de détails ? Rappelons-le, Fobia St. Dinfna Hotel a souhaité se donner les moyens à la hauteur de ses ambitions, quitte à délaisser quelques menus détails. Avouons-le, les développeurs n’ont absolument pas été avare en contenu, avec un titre plaisant de bout en bout, et ce, durant les 11 heures d’aventure principale. Pour un titre vendu 30 €, ce n’est pas cher payé, surtout quand on sait qu’un Resident Evil Village s’achève en 10 heures et qu’il coûte plus du double.

Conclusion

Si la comparaison avec son illustre modèle, Resident Evil, semble inévitable, Fobia St. Dinfna Hotel a de réels atouts à faire valoir. Avec sa vue à la première personne, Fobia nous emmène dans un lieu résolument sombre, un hôtel totalement délabré par une force malfaisante méconnue et visité par une jeune fille portant… un masque à gaz. Mettant aux prises trois époques (1920, 1960 et 2009), le titre nous plonge directement dans la lutte d’un journaliste pour sa survie face à ce qui semble être une menace sectaire. Un scénario habilement conçu qui s’articule autour de multiples énigmes bien ficelées nous permettant d’évoluer dans le scénario, exploitant toutes un intrigant appareil photo argentique servant de passerelle entre les époques. Un scénario qui délaisse malheureusement très vite l’aspect horrifique de la chose au profit de phases d’action contre des ennemis malheureusement peu variés. Les sensations de tir sont plutôt bonnes, mais le gameplay accuse quelques lourdeurs dans les déplacements et la gestion du pointeur, destiné à interagir avec l’environnement. Qu’à cela ne tienne, Fobia reste une excellente expérience, une très bonne alternative à Resident Evil 7, de surcroit vendue à un tarif attractif. 

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Fobia St. Dinfna Hotel

Gameplay 7.0/10
Contenu 8.0/10
Graphismes 7.0/10
Bande son 7.0/10
Finition 8.0/10
7.4

On aime :

Un très bel hommage à Resident Evil

Un scénario bien imaginé

Une ambiance stressante et malsaine

Des énigmes nombreuses et bien ficelées

Une excellente durée de vie (11h)

On aime moins :

Une certaine rigidité dans le gameplay

Inégal visuellement

Peu de variétés dans les ennemis

Un pointeur pas toujours facile à manier

Le survival vite relégué au second plan