Le Conseil norvégien de la consommation considère que les lootboxes contribuent à “l’exploitation” des joueurs et des joueuses. Les lootboxes sont des sortes de coffres à butin. Ils sont souvent accessibles via de l’argent réel ou de la monnaie virtuelle achetée via de l’argent réel. Leur contenu n’est pas connu à l’avance. Des récompenses aléatoires En clair, à la façon d’une pochette surprise, le joueur achète une boîte à bas prix et en ignore le contenu. Ainsi, une fois la “lootbox” déballée, le joueur y trouve aléatoirement quelques objets plutôt basiques avec peu de valeur, ou, au contraire, des objets rares. Vous l’aurez compris, le pourcentage d’objets rares étant très faible, les chances d’en obtenir un sont moindres face aux probabilités d’en obtenir un plus commun. C’est ainsi que, pour satisfaire ses désirs, et dans l’espoir d’obtenir l’objet convoité, le joueur devra parfois acheter de nombreuses lootboxes. Un pari coûteux Face à cette tendance, qui peut parfois coûter cher à ses adeptes, un rapport norvégien a fait les gros titres. Rédigé par Le Conseil norvégien de la consommation, il a été signé par les agences de protection des consommateurs de 18 pays membres. ⚠️Today we are publishing a report on how the gaming industry exploits consumers using lootboxes 20 organizations in 18 European countries are joining us and call for better regulation of video games. 🎮https://t.co/V68erOe2z7#lootbox #gaming #darkpatterns #deceptivedesign pic.twitter.com/BjkzqgqPkG — 🇺🇦Finn Lützow-Holm Myrstad (@finnmyrstad) May 31, 2022 Le texte appelle à une meilleure réglementation des jeux vidéo. Le Conseil norvégien de la consommation vise tout particulièrement FIFA 22. Il pointe du doigt son “large arsenal d’astuces pour pousser les consommateurs à dépenser autant de temps et d’argent que possible en exploitant les consommateurs qui espèrent recevoir la récompense malgré une infime chance et probabilité d’y parvenir”. Dans le mode FUT de ce jeu, les packs contenant des bonus aléatoires ne peuvent être achetés que via de l’argent réel. Pour justifier sa position, le Conseil utilise donc les jeux FIFA 22 et Raid : Shadow Legends comme études de cas. C’est en décrivant leur pratique qu’il dénonce un “large arsenal de ruses pour pousser les consommateurs à dépenser autant de temps et d’argent que possible en exploitant l’espoir des consommateurs de recevoir la récompense malgré une chance et une probabilité minuscules de le faire”. La situation en Belgique Ces boîtes au trésor sont l’un des principaux sujets de discorde entre l’industrie du jeu vidéo et les législateurs. Depuis 2018, la Belgique et les Pays-Bas estiment que certains modèles économiques de jeux vidéo s’apparentent à des jeux de hasard. Les lootboxes font bien sûr partie du lot. En fait, selon ces législations, tout lot obtenu aléatoirement via de l’argent réel relève du jeu de hasard, interdit aux mineurs. Et la législation belge est bel et bien respectée et contraignante. Prenons l’exemple de Counter-Strike Global Offensive, un “jeu de tir à la première personne” (FPS). Fruit du jeu Half-Life, il était à l’origine payant. Aujourd’hui, Counter-Strike Global Offensive est gratuit mais en Belgique, les joueurs n’ont plus accès à toute une série d’éléments permettant notamment d’améliorer les skins ou encore les armes. Une série de recommandations Selon le Conseil, “la combinaison d’une conception trompeuse, de récompenses aléatoires, de monnaies virtuelles et de l’exploitation de biais cognitifs est trop puissante pour que des mesures d’éducation des consommateurs ou d’amélioration de la transparence puissent atténuer les dommages causés par ces pratiques”. C’est ainsi qu’il conclut son rapport par un certain nombre de recommandations spécifiques à l’intention des décideurs politiques. Par exemple, l’interdiction des pratiques de conception trompeuse, l’inscription de tous les achats dans le jeu en monnaie du monde réel, l’interdiction des lootboxes dans les jeux susceptibles d’être joués par des mineurs, une plus grande transparence des algorithmes et des ensembles de données utilisés dans les lootboxes, et une meilleure application par les organismes de protection des consommateurs. “Les problèmes liés aux boîtes à butin étant multiformes et intersectoriels, il est essentiel que les experts des différentes autorités réglementaires coopèrent pour échanger des informations et des ressources lorsqu’ils se penchent sur le secteur des jeux vidéo”, peut-on lire dans la conclusion du rapport. À noter que, normalement, ce rapport ne pourra pas entraîner une disparition radicale des lootboxes. Pour les voir disparaître, il faudra plutôt une décision européenne globale.