Crédits : AFP/INTERPRESS

Des crédits carbone et bons d’émission de CO2 vendus sur la blockchain

Adam Neumann veut mettre les crédits carbone sur la blockchain.

Le fondateur controversé de WeWork Adam Neumann a récemment lancé une startup. Baptisée Flowcarbon, elle sert de plateforme de vente des crédits carbone tokenisés sur la blockchain. Pour rappel, Adam Neumann est le cofondateur et ancien PDG de WeWork, qui a ensuite fait l’objet de la série télévisée WeCrashed. Aujourd’hui, il affirme vouloir lutter contre le changement climatique grâce à la cryptographie.

Un virage qui se veut “vert”

Adam Neumann est donc le cofondateur et ancien directeur général du fournisseur de services de co-working WeWork. Pour rappel, la direction de WeWork l’a écarté suite à l’échec de sa tentative d’introduction en bourse en 2019. Récemment, l’ex-PDG a entamé un “pivot vers la crypto pour se réinventer”. Il rejoint ainsi le mouvement de la finance régénérative (ReFi). Ce dernier cherche à tirer parti de la technologie blockchain pour résoudre les problèmes environnementaux.

C’est ainsi qu’il a créé une nouvelle société, Flowcarbon. Sur son site Web, la société avance que, selon elle, le système actuel d’achat et de vente de crédits carbone est construit sur une “infrastructure de marché opaque et fracturée”. Les crédits carbone eux-mêmes auraient donc “peu de liquidité, d’accessibilité et de transparence des prix”. En effet, le marché des bons à polluer endosse une réputation synonyme d’opacité et d’arnaques.  Pour faire plus limpide, le problème serait le marché des crédits de carbone en lui-même, et la solution, la facilitation du commerce de ces crédits de carbone. C’est ainsi que Flowcarbon espère rendre ce secteur plus “transparent, liquide et accessible”. Et ce, en transformant les bons sous forme de tokens appelés Goddess Nature Token (GNT).

Des jetons certifiés

Concrètement, le protocole de Flowcarbon propose de vendre des crédits carbone sous forme de jetons aux entreprises qui cherchent à réduire leur empreinte carbone. Il est ensuite possible d’échange les crédits sur des bourses de crypto-monnaies. En bref, Flowcarbon est censé fonctionner par la création d’un nouveau jeton cryptographique, appelé Goddess Nature Token, ou GNT. Ces jetons représenteraient des crédits carbone, et les utilisateurs de Flowcarbon cherchant à échanger des crédits carbone le feraient en achetant et en vendant ces jetons. Les crédits carbone sous-jacents de GNT sont pré-certifiés par des groupes industriels, notamment Verra, Gold Standard, Climate Action Reserve et American Carbon Registry. Ils sont ensuite vendus en paquets aux entreprises, explique l’agence de presse Reuters.

À noter qu’à la base, une compensation carbone a pour but de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Les compensations carbone génèrent des crédits carbone, et les deux s’échangent dans des unités qui représentent une tonne métrique de dioxyde de carbone, rappelle Vox.

Une collecte de fonds révélatrice

Le projet est soutenu par 70 millions de dollars de part de la division cryptographique de la société de capital-risque a16z.

En clair, la levée de fonds s’est réalisée par le biais d’une combinaison de capital-risque traditionnelle et d’une vente de jetons. General Catalyst, Samsung Next, 166 2nd, Sam et Ashley Levinson, RSE Ventures et Allegory Labs ont participé aux côtés d’a16z au tour de table. Et Fifth Wall, Box Group et la Fondation Celo ont pris part à la vente de jetons. Selon Reuters, sur le total des fonds levés lors de ce tour de table, 32 millions de dollars proviennent de sociétés de capital-risque et 38 millions de dollars de la vente du Goddess Nature Token (GNT) de Flowcarbon, le jeton cryptographique sur la blockchain Celo adossé à des crédits carbone. Cette levée de fond prouve que les investisseurs sont toujours prêts à parier sur les projets l’entrepreneur de WeWork, malgré un gros échec.

Des ventes de crédits plus bénéfiques

Selon les supporters du projet, effectuer les transactions concernant ces crédits sur la blockchain permet à ceux qui fournissent ces crédits de lever plus facilement des capitaux. Et donc, de renforcer la transparence pour les acheteurs. En pratique, les fournisseurs de crédits carbone paient des frais de tokenisation de 2% à Flowcarbon pour vendre leurs crédits sur la blockchain. Ce qui est inférieur au coût qu’ils auraient à supporter en vendant ces crédits par les canaux traditionnels. Celui-ci peut atteindre 30% de la valeur du projet. Le crédit peut également être isolé de l’offre groupée et être livré physiquement à un détenteur de jetons si ce dernier souhaite le vendre en dehors de la blockchain.

Citant des données de McKinsey, a16z prévoit que le marché de ces crédits pourrait atteindre 50 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie.

Un objectif environnemental paradoxal

En réalité, pour avoir un impact durable et traçable sur l’empreinte carbone d’une entreprise ou d’un particulier, les crédits de carbone doivent en fait se retirer du marché. Par exemple, Google, enlève du marché toutes les compensations carbone qu’il achète. Le géant californien met ainsi un terme aux échanges afin que personne d’autre ne puisse revendiquer leurs avantages pour le climat.

À noter tout de même que, les utilisateurs de Flowcarbon possèdent, eux aussi, aussi la possibilité de retirer leurs jetons. Et donc, de les échanger contre des crédits carbone classiques sur la blockchain ou de continuer à les échanger. Ainsi, si un utilisateur de Flowcarbon décide de continuer à faire circuler le carbone en échangeant ses crédits carbone, alors il ne pourra pas prétendre avoir compensé ses propres émissions.

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