PriceRunner accuse Google d’avoir fait la promotion de ses propres comparaisons de prix dans les résultats de recherche. Le site suédois de comparaison de prix PriceRunner poursuit Google pour 2,1 milliards d’euros. Le géant du Web aurait manipulé les résultats de recherche en faveur de son propre service d’achat concurrent. Un comportement anticoncurrentiel PriceRunner a déclaré lundi qu’il prévoyait de poursuivre Google devant le tribunal de Stockholm. Concrètement, le site de comparaison de prix suédois base ses accusations sur une décision de justice 2017. Il y a quatre ans, la Commission européenne a établi que Google avait enfreint les lois antitrust. Dans les faits, le géant a favorisé Google Shopping, son propre produit de comparaison d’achats. Et ce, par le biais de son propre moteur de recherche. Ainsi, après une enquête de sept ans, l’organe exécutif de l’UE a infligé à Google une amende historique de 2,42 milliards d’euros. Google a ensuite fait appel de la sanction. Finalement, en novembre 2021, la Cour de justice de l’Union européenne a confirmé la décision. À noter que le verdict peut encore faire l’objet d’un appel. Une “question de survie” Dans un communiqué, Mikael Lindahl, le directeur général de PriceRunner, a qualifié cette affaire de “question de survie” pour de nombreuses sociétés entrepreneuriales européennes et d’opportunités d’emploi dans le domaine de la technologie. En clair, PriceRunner affirme que Google ne s’est pas conformé à la décision de la Commission. La société continuerait donc d’abuser de sa position dominante parmi les moteurs de recherche sur Internet. Mikael Lindahl précise qu’il a lancé son action en justice après des “préparations approfondies et minutieuses”. Pour justifier ses accusations, il cite une étude menée par la société comptable Grant Thornton. Celle-ci avait révélé que les prix des offres affichées dans le service de comparaison de Google pouvaient être de 16 à 37 % plus élevés pour des catégories populaires comme les vêtements. Plaider pour les consommateurs L’objectif premier, pour le site, est d’obtenir une indemnisation pour les dommages qu’il considère que Google lui a causés pendant de nombreuses années. “Mais nous considérons également ce procès comme un combat pour les consommateurs qui ont énormément souffert de la violation par Google du droit de la concurrence au cours des quatorze dernières années et encore aujourd’hui”, insiste Mikael Lindahl dans le communiqué. En effet, le site affirme prendre le parti des clients qui n’ont pas eu accès à une distribution équitable des services de comparaison de prix. Selon PrinceRunner, les consommateurs européens paient des milliards de dollars en trop chaque année. Cela s’expliquerait par le fait que le moteur de recherche renvoie des liens vers des produits plus chers que les équivalents proposés par d’autres services de comparaison de prix. Les dommages financiers concerneraient donc tant les clients que les entreprises concurrentes offrant ces services. La réponse de Google Dans un mail adressé à l’AFP, Google se défend. La société assure que son “système est soumis à un contrôle intensif de la part de la Commission européenne et de deux groupes d’experts externes”. Après l’ordonnance d’exécution antitrust de 2017, Google a apporté quelques modifications initiales au fonctionnement de son service. Le moteur de recherche a ainsi adopté un modèle d’enchères. Des changements fortement critiqués par les plaignants. Ils considéraient qu’ils ne remédiaient pas à l’injustice et ne respectaient pas l’exigence de l’UE en matière d’égalité de traitement des services de comparaison des prix. “Les changements que nous avons apportés aux annonces de shopping en 2017 fonctionnent avec succès, générant de la croissance et des emplois pour des centaines de services de comparaison de prix qui exploitent plus de 800 sites Web en Europe”, a déclaré le porte-parole de Google dans le courriel. Selon lui, le système fait l’objet “d’une surveillance intensive de la part de la Commission européenne et de deux groupes d’experts extérieurs”. Selon lui, si PriceRunner n’a pas connu les mêmes succès que les autres, c’est parce que la société a choisi de ne pas utiliser les annonces d’achat sur Google. Plus de 2 milliards d’euros de dommages et intérêts La somme concernant les dommages et intérêts est estimée à 2,1 milliards d’euros. Mais PriceRunner en espère beaucoup plus. En effet, avec cette action en justice, le site mise sur une compensation à hauteur des bénéfices qu’elle a perdus au Royaume-Uni depuis 2008, et en Suède et au Danemark à partir de 2013. Le siège de PriceRunner se trouve en Suède. Le groupe est également présent au Danemark, en Norvège et au Royaume-Uni. Dans le futur, il envisage une expansion dans d’autres pays. Pour la petite histoire, la fintech suédoise Klarna a racheté l’entreprise fin 2021.