L’Europe veut doubler sa part dans la production de puces d’ici 2030

Avec son Chips Act, l’Europe réagit face à la pénurie actuelle de semi-conducteurs.

Ce samedi 29 janvier 2022, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, a confirmé que l’Union européenne (UE) entendait multiplier par quatre sa production de puces électroniques d’ici 2030.

Ainsi, l’UE se prépare à accorder des milliards d’euros d’aides d’État à des sites de production de semi-conducteurs, sous certaines conditions.

Faire face à la pénurie

Dans un contexte de numérisation croissante des activités, l’économie mondiale connaît aujourd’hui une pénurie de semi-conducteurs. En réponse à cela, la Commission européenne veut investir plusieurs dizaines de milliards d’euros. L’objectif ? Quadrupler d’ici 2030 la production de semi-conducteurs en Europe.

En clair, actuellement, l’Europe contribue à hauteur de 10% du marché mondial et la majorité de l’approvisionnement provient de producteurs hors de l’UE. Ainsi, ce nouveau virage vise une part de marché de 20 % d’ici 2030. Et, étant donné que la demande de puces va doubler entre 2022 et 2030, l’Europe va devoir quadrupler sa force de productivité pour réussir ce nouveau défi.

Financé pour partie par des fonds européens, ce projet se matérialisera par un Chips Act. “Une initiative majeure pour notre industrie et cruciale d’un point de vue géopolitique”, définit le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton. Il s’agira de mettre en place un nouveau cadre, destiné à “faciliter les aides d’États pour la production des semi-conducteurs”, affirme le commissaire.

Promouvoir les puces nouvelle génération

L’un des principaux objectifs de la future loi sur les puces est d’attirer des investissements pour des projets, appelés “méga-fabriques”. Pour obtenir un financement, ces projets devront être “les premiers du genre” en Europe, accepter de garantir la sécurité de l’approvisionnement et s’engager à investir dans les technologies de pointe.

Ainsi, pour bénéficier des fonds du Chips Act, les sociétés bénéficiaires devront présenter un plan d’investissement et d’innovation sur cinq à dix ans. Aussi, ce programme favorisera la production de puces de moins de cinq nanomètres, voire de moins de deux nanomètres. Autrement dit, la production de puces qui devrait s’imposer sur le marché dans le futur.

Plus de puces et moins de dépendance

Grâce à un outil de contrôle des exportations, l’Europe ambitionne également d’imposer de nouvelles règles d’approvisionnement en cas de crise. Le but de ces nouvelles règles sera de soutenir la production de l’Union européenne via des aides publiques et d’améliorer sa “boîte à outils” pour anticiper et mieux réagir aux pénuries. Ainsi, en temps de crise, le gouvernement pourra contraindre les fabricants de concentrer leur production sur certaines puces, par exemple.

Un des objectifs principaux de ce plan est de donc rendre l’Europe moins dépendante de la production asiatique de semi-conducteurs. Une dépendance et une vulnérabilité dont les effets se sont démultipliés pendant la pénurie des composants. “Si nos importations depuis Taïwan devaient rencontrer un problème, les usines européennes seraient en rupture de puces en trois ou quatre semaines seulement”, s’inquiète le commissaire européen.

Pour conclure, M. Breton a déclaré que la valeur des incitations financières envisagées serait “proportionnelle” à celle de la loi américaine sur les puces. Autrement dit, environs 46 milliards d’euros. Le Chips Act devrait être dévoilé officiellement le 8 février prochain.

_
Suivez Geeko sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.