Google aurait fait une offre pour devenir un fournisseur de cloud militaire. Le géant Google est en quête d’un nouveau contrat d’informatique dématérialisée avec le ministère américain de la Défense (DoD). Et ce, même malgré des réactions négatives de ses employés vis-à-vis de ses projets au Pentagone dans le passé. Selon des rapports, le contrat pourrait se chiffrer en milliards de dollars. L’entreprise espère concourir pour la nouvelle version du contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure) annulé cet été. D’une valeur de 10 milliards de dollars, ce contrat vise à fournir la quasi-totalité des besoins en informatique dématérialisée du ministère de la Défense (DoD). Une affaire d’état Déjà en 2018, le DoD avait lancé un appel d’offres pour un contrat de cloud à attribution unique. Finalement, après de nombreux retards, critiques et contestations juridiques, Microsoft a obtenu le contrat en 2019. Mais à la suite de cette attribution, Amazon Web Services a lancé un vaste combat juridique et public, affirmant que le président Donald Trump l’avait empêché de remporter le contrat. Un contrat qui aurait pu atteindre les dix milliards de dollars sur dix ans. Après trois ans, en juillet dernier, le DoD a décidé d’abandonner JEDI. Selon le ministère, les retards juridiques auraient constitué une menace pour la sécurité nationale. Le contrat d’informatique dématérialisé a donc été relancé sous le nom de JWCC pour Joint Warfighter Cloud Capability. Un cloud militaire Google Google n’avait pas été en mesure de concourir pour le précédent contrat JEDI à prix unique. L’entreprise ne disposait pas des certifications nécessaires, mais elle considère aujourd’hui être en mesure d’assumer au moins une part du nouveau contrat. La partie en question est le JWCC, un programme multi-cloud et multi-fournisseur. Déjà en septembre, l’unité cloud de Google déclarait en interne un projet urgent “Code jaune”. Une alerte qui a permis à l’entreprise de retirer ses ingénieurs d’autres missions pour les concentrer sur le projet militaire. D’un côté, le JWCC permettrait à Google d’avoir plus de contrôle sur ses contrats de sous-traitance. De l’autre, les règles du DoD sur les données sensibles induisent que le fournisseur de cloud ne saura pas nécessairement quelles données il stockera ou quelles charges de travail il traitera. S’il décroche ce contrat, le géant Google n’aura donc pas de contrôle sur les données du cloud militaire mis à disposition du DoD. Une problématique éthique En bref, Google n’a pas encore rendu publique sa proposition pour le DoD. Mais si une chose est certaine, c’est qu’elle suscitera des réactions négatives de la part des employés et remettra en question les principes du groupe concernant l’utilisation éthique de l’intelligence artificielle (IA). Nous ignorons encore si les clauses du contrat obligeraient Google à violer sa liste de principes éthiques en matière d’IA. Cette liste indique que l’entreprise ne concevra et ne déploiera aucune intelligence artificielle destinée à la fabrication d’armes ou de technologies dont le but principal est de nuire aux personnes. De son côté, le ministère de la Défense a déclaré que le projet soutiendrait les militaires au combat. Pour des raisons de confidentialité, aucun autre détail n’est disponible sur l’application exacte. Au-delà de l’IA, l’armée américaine a exprimé par le passé qu’elle n’était pas opposée à des améliorations cybernétiques pour les soldats. Un contrat multipartite Le contrat étudié par Google est ouvert à diverses entreprises. Mais le DoD est clair, “tout fournisseur souhaitant remporter un contrat devra permettre l’accès à des données de guerre cruciales”. Le tout avec une variété de niveaux de classification, y compris d’informations “secrètes et top secrètes”. “Le programme exige de fournir des services avancés d’analyse de données qui permettent en toute sécurité de prendre des décisions opportunes et fondées sur des données au niveau tactique” En juillet, le ministère a déclaré qu’il demanderait des propositions à Microsoft et AWS, qu’il considère comme les deux seuls hyperscalers capables de répondre à ses exigences…. Tout en se disant prêt à tendre la main à Google, Oracle et IBM. La décision concernant les entreprises qui prendront part au programme JWCC devrait être prise d’ici avril 2022.