Test – Deathloop : un jour qu’on ne voudrait jamais voir se finir

Dernière grosse exclusivité (temporaire) de la PS5 pour 2021, Deathloop débarque enfin sur la nouvelle console de Sony, deux ans après son annonce. Le nouveau jeu d’Arkane est-il le hit qu’on attendait? 

E3 2019. Lors de la conférence de Bethesda, les joueurs ont le plaisir de découvrir la nouvelle création d’Arkane Studios : Deathloop. Nouveau titre des papas de Dishonored, Deathloop séduit immédiatement grâce à son système de jeu basé sur une boucle temporelle. Un concept que les joueurs ont récemment pu redécouvrir dans Returnal, un titre plaisant qui n’était, toutefois, pas parvenu à convaincre pleinement.

Qu’à cela ne tienne, les Lyonnais d’Arkane ambitionne de créer la nouvelle référence de la boucle temporelle dans le jeu vidéo. C’est ainsi que Deathloop est né. Si le titre débarquera d’ici un an sur Xbox, il n’en reste pas moins l’une des grosses exclus de la Playstation 5 pour sa première année de commercialisation. 

Deathloop nous place dans la peau de Colt Vahn, un homme prisonnier d’une boucle temporelle sur l’île de Blackreef. Dès qu’il meurt, il revient sur cette splendide plage éclairée par le lever du soleil et se retrouve sans les armes qu’il a pu récolter durant son périple. Pour s’échapper de l’île et de ce “jour sans fin”, Colt va devoir tuer en une journée les huit Visionnaires présents sur l’île, parmi lesquels Egor Serling, le Dr. Wenjie Evans ou encore Julianna Blake. Celle-ci sera d’ailleurs la principale menace de Colt, puisqu’elle va constamment le traquer et liguer tous les Eternalistes (gardes de l’île) contre lui. Colt a d’ailleurs tissé une relation particulière avec Julianna, que l’on apprendra à découvrir au fil des heures de jeu. A plusieurs moments, Colt échangera quelques mots avec sa meilleure ennemie, et ces discussions sont de purs moments de plaisir.

Le scénario est, certes, tiré par les cheveux, mais est rapidement clair et bien expliqué. Du Arkane Lyon tout craché.

L’intrigue a beau être tirée par les cheveux, elle s’inscrit parfaitement dans ce qu’Arkane nous a habitué avec ses Dishonored. Très spéciale, l’histoire se vit à travers tout le titre et sa superbe direction artistique. A travers toute l’île, on découvre une ambiance réalisée de la meilleure des manières. Updaam, par exemple, cette espèce de ville plantée sur Blackreef, dispose d’une atmosphère très typée et inspirée des années 60, avec son lot de couleurs et d’enseignes démesurées. Il n’y a que quatre cartes, certes, mais elles sont toutes génialement conçues et on prend tellement de plaisir à les reparcourir à chaque run.

Sans surprise, la direction artistique est magnifiée par une bande sonore de très grande qualité. Les mélodies sont, d’une part, toutes superbement composées et s’allient parfaitement à l’ambiance et aux décors du titre. D’autre part, le doublage est impeccable. Arkane Studios s’est appliqué à proposer un doublage VF de grande qualité, et force est de constater, que ce soit Colt, Julianna ou un des Visionnaires, que les voix françaises sont de très haut niveau. 

Il n’y a que quatre cartes, mais elles sont toutes habilement conçues et imaginées.

Côté gameplay, difficile de faire mieux pour un FPS basé sur le concept de boucle temporelle. Les gunfights sont ainsi d’une justesse incroyable et terriblement nerveuses. Avant d’engager le combat, deux approches sont toujours proposées. La furtivité et éviter le combat autant que possible avec des assassinats discrets, ou du rentre-dedans et tirer sur tous les Eternalistes qui se dressent devant vous. Nous allons être honnêtes : nous n’avons privilégié la furtivité qu’à de rares moments tellement nous prenons plaisir à tirer avec les armes de Deathloop. Les sensations de tir sont incroyablement bonnes et difficile de trouver à redire à leur propos. Une chose est néanmoins certaine : avant chaque attaque, il est vivement recommandé d’analyser le champ de bataille et les forces ennemies en présence. Vous pourrez ainsi observer les Eternalistes présents et connaître leurs atouts et faiblesses, mais également la ronde qu’ils effectuent. Malheureusement, on regrettera qu’il y ait une certaine imprécision dans le système. Nombreuses sont les fois où nous avons voulu ping un adversaire et où la manipulation ne s’est pas correctement effectuée.

On regrettera également que l’IA n’ait pas été suffisamment travaillée et ne propose au final pas tant de défi que ça. Comme les stormtroopers, les Eternalistes ne visent pas très bien et ne nous touchent que trop rarement. S’ils nous infligent parfois des dégâts, il est trop rare que nos ennemis nous tuent et provoquent le retour au matin. Seuls les Visionnaires parviennent à nous tuer, et encore, ça n’arrive qu’à de rares moments.

Habilement, Deathloop mêle plusieurs genres. Le FPS donc, avec ses phases de gunfights très réussies, et le rogue-lite. En effet, vous prenez le risque de perdre tout votre arsenal à chacune de vos morts. Un concept qui peut, de prime abord, s’avérer frustrant, mais qui se révèle finement conçu et intelligemment imaginé. Très tôt dans la partie vous acquerrez le pouvoir d’accumuler et de contrôler du Residuum. Cette ressource indispensable dans Deathloop vous permettra de “sauver” votre arsenal durement acquis et donc de ne plus le perdre entre chaque boucle. Sans cela, vous vous retrouveriez tous les matins sur la même plage en devant repartir de zéro et sans la moindre arme. 

Les gunfights et phases d’affrontement sont tout simplement exquises.

Sans révolutionner le gameplay, l’utilisation qu’a fait Arkane de la Dualsense est plutôt intelligente. Les gâchettes adaptatives résistent légèrement lorsque vous tirez, mais deviennent également bien plus dur à enfoncer lorsque votre arme s’enraye. De son côté, le retour haptique est habilement exploité sans en faire de trop. Les pas de Colt sont reproduits dans les vibrations de la manette, tout comme les coups de feu de vos armes. Les appels de Julianna dans le talkie-walkie ressortent enfin dans le haut-parleur de la manette. C’est d’ailleurs un plaisir d’entendre notre meilleure ennemie entre nos mains, comme si nous tenions nous-même le talkie.

Les armes ne seront, heureusement, pas les seuls éléments que vous pourrez acquérir pour affronter vos ennemis. Ainsi, vous aurez le droit à une grenade pouvant se transformer en leurre ou en mine laser, mais également des breloques. Ces petits objets, eux aussi visibles grâce à leur aura, amélioreront considérablement les capacités de Colt. Dès le début, la breloque récoltée permet à notre héros de faire un double-saut. Plus tard, d’autres breloques permettront d’améliorer la santé de Colt, mais également sa résistance aux balles. Des breloques pourront également être assignées à des armes, pour réduire leur recul ou encore améliorer leur puissance de feu. Les breloques peuvent elles aussi être perdues entre chaque boucle. C’est pourquoi le Residuum reste votre meilleur allié et qu’il faudra essayer d’en accumuler le plus possible. Heureusement, de nombreux objets du quotidien (pneus, bouteilles, jerrican…) présentent une concentration en Residuum importante vous permettant de le capter.

Il est toujours vivement conseillé d’analyser le champ de bataille et les ennemis avant de se lancer dans une gunfight.

Si le Residuum est l’élément clé de la boucle, il ne faut pas oublier l’objet principal de votre quête : l’assassinat des Visionnaires. Pour cela, vous allez devoir étaler vos meurtres sur les quatre périodes de la journée (matin, midi, après-midi et soir). Au fur et à mesure de vos expéditions, vous allez glaner plusieurs informations sur les habitudes de vos cibles. Tel antagoniste aimera par exemple se retrouver dans un endroit à une période particulière de la journée.

Autant le dire de suite : vous ne parviendrez absolument pas à tuer les huit Visionnaires dès votre première run. Il faudra ainsi savoir à quel moment vous rendre dans un lieu pour assassiner quelqu’un, sachant qu’à chaque changement de carte vous avancez dans la journée. Une fois la soirée passée, vous revenez sur la plage et recommencez depuis le début. Il faudra donc mourir ou, en tout cas, achever la journée à de nombreuses reprises pour enfin trouver la formule gagnante et tuer tous les Visionnaires en une journée. Heureusement, les informations récupérées pour vos meurtres ne sont pas perdues entre chaque mort. Toutefois, on reprochera aux développeurs d’Arkane d’avoir négligé la clarté dans les menus où l’on planifie nos journées. Les informations sont mal agencées, et la façon dont l’on peut choisir notre objectif n’est vraiment pas claire. 

Là où la création d’Arkane est intelligente, c’est dans les répercussions qu’ont vos actes sur les cartes. Si, par exemple au matin, vous annulez des festivités à Updaam avec des explosions et attaques en série, vous en retrouverez les stigmates dans l’après-midi. Comme l’effet papillon, chaque acte a ses conséquences. La sécurité sera également renforcée sur un lieu dévasté par l’une de vos attaques. 

Dès le début, Deathloop nous en met plein la rétine avec de magnifiques paysages.

Même avec un patch déployé après sa sortie, Deathloop conserve plusieurs bugs. A de nombreux moments, nous avons eu des ennemis qui se sont téléportés d’un lieu à l’autre sans aucune raison (rassurez-vous, ils ne disposent pas de ce pouvoir). Lorsque nous privilégions les graphismes à la performance, le titre passe à 30 FPS. Irrémédiablement, le constat est plus saccadé et bien moins plaisant à jouer. Libre donc à vous de privilégier le mode avec ray-tracing à 60FPS avec baisses. Pas de panique, le jeu reste très joli même sans la 4K.

En revanche, si les 30FPS vous conviennent et que vous faites des graphismes un atout majeur pour votre expérience de jeu, alors vous en aurez pour votre argent. C’est bien simple, Deathloop est, à ce jour, l’un des titres les plus jolis de la nouvelle console de Sony. Les différents environnements sont magnifiques, tandis que les effets de lumière sont tous très réussis. S’il y a un léger abus du lens flare, on ne peut que s’incliner devant un titre aussi soigné visuellement parlant…

Conclusion

Avec Deathloop, Arkane Studios nous livre l’un des FPS les plus atypiques jamais créé et sans l’ombre d’un doute, l’une de ses meilleures productions. Si on avait peur que le concept de boucle temporelle soit redondant, les développeurs sont parvenus à joliment implémenter tout cela dans le gameplay et évitent ainsi la répétitivité des séquences en boucle. Avec son scénario bien ficelé, dont on découvre de nouvelles bribes lors de chaque run, son concept unique qui consiste en une course à la montre pour assassiner les 8 Visionnaires de Blackreef et son univers plein de charme, Deathloop est un titre qui marque les esprits. L’île et ses quatre cartes que vous explorerez beigne dans un environnement délicieusement 60’s. Côté gameplay, le jeu se révèle très nerveux dans ses gunfights. On regrette toutefois que les ennemis basiques ne présentent pas de réel défi, si ce ne sont les Visionnaires, grands antagonistes du titre et bien plus précis dans leurs tirs. On notera au passage que le titre intègre aussi une dimension tactique. Il est vivement recommandé d’analyser le champ de bataille avant de se lancer. Un système de reconnaissance a été mis en place pour avoir un aperçu de ce qui vous attend. Avec sa direction artistique superbe et sa bande son de haute volée, Deathloop séduit également au niveau de sa réalisation. Il s’agit de l’un des premiers titres next-gen développés et le jeu ne déçoit pas. Certains paysages sont absolument superbes. On regrette en revanche que la finition ne soit pas exceptionnelle. Les bugs sont nombreux, l’interface manque de clarté et l’IA déçoit. 

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Deathloop

Gameplay 9.0/10
Contenu 8.0/10
Graphismes 8.0/10
Bande son 8.0/10
Finition 7.0/10
8.0

On aime :

De très jolis environnements et paysages

Des gunfights terriblement nerveux

La boucle temporelle très bien exploitée

Une DA tout simplement incroyable

Un doublage VF au top

On aime moins :

Une IA pas très compétitive

Quelques bugs à déplorer

Un système de reconnaissance des ennemis capricieux

Des menus pas toujours clairs