F1 2021 est le premier épisode de la célèbre franchise de Formule 1 à être édité par Electronic Arts, les nouveaux propriétaires de Codemasters. Fallait-il s’attendre à du changement à cette occasion? Pas forcément… La saison 2021 de Formule 1 chez Codemasters est synonyme de nombreuses choses. D’une part, il s’agit du premier épisode à sortir sur les consoles de neuvième génération, à savoir la Playstation 5 et la Xbox Series. Le titre était alors évidemment attendu au tournant pour voir s’il allait être capable de se montrer à la hauteur de ces deux consoles. D’autre part, F1 2021 est le premier opus de la franchise à débarquer sous l’égide de l’éditeur américain Electronic Arts. Tous les amateurs de licences EA Sports comme FIFA ou NHL le savent, le studio américain n’est pas réputé pour apporter des tas de nouveautés à ses franchises d’une année à l’autre. Au contraire, la firme californienne a même tendance à se reposer sur ses acquis et à ne nous proposer, d’année en année, beaucoup de réchauffé. C’était une des craintes, légitime, que pouvaient avoir les amateurs de la franchise de Codemasters. Depuis l’épisode de 2016, le studio britannique n’a eu de cesse d’améliorer sa franchise phare, jusqu’au point d’en faire la référence ultime en matière de simulation de Formule 1. Ceci étant dit, l’acquisition n’a probablement pas eu d’impact sur cet épisode. Et surtout, la franchise faisait déjà du surplace depuis des années… Les sensations de conduite restent excellentes. Le titre reste d’ailleurs la référence absolue en la matière. Depuis des années, on prend énormément de plaisir à rouler sur les différents circuits du championnat de F1 et cette sensation est très loin de disparaître. Les courses sont plaisantes à souhait et gardent cette pointe d’exigence propre à la franchise. Le moindre faux pas vous envoie dans les graviers et est synonyme de retour au paddock. D’ailleurs, on ressent encore plus dans ce titre l’importance de garder une trajectoire propre et loin des vibreurs. Passer sur un vibreur peut complètement anéantir votre temps ou vous ralentir dans votre objectif de dépassement d’un autre pilote. Puis, soyons honnêtes, c’est avant tout pour les sensations que procure le titre manette en mains que nous achetons et jouons à F1. L’arrivée de la next-gen et notamment de la Dualsense est d’ailleurs très bénéfique à la franchise. En effet, lorsque nous jouons sur Playstation 5, la Dualsense retranscrit parfaitement le revêtement du circuit à travers le retour haptique. Les vibrations intenses de la manette nous rappellent d’ailleurs que nous roulons sur les vibreurs ou dans les graviers et qu’un retour sur le bitume s’impose. L’une des principales nouveautés de cet opus 2021 est sans conteste le grand retour d’un mode histoire au sein de la franchise. Intitulé Point de rupture (Breaking Point en VO), ce mode nous place dans la peau de deux pilotes coéquipiers que tout oppose : Aiden Jackson, un rookie fraîchement débarqué de F2 et bien décidé à se faire un nom et Kasper Akkerman, vétéran des pistes et accroché à son baquet telle une sangsue. La cohabitation entre les deux pilotes ne se fait pas sans embûches, et ce sera leur parcours que nous suivons, le tout sous la forme d’un docu-série, très librement inspiré de Drive to Survive, la série Netflix. La narration et la mise en scène sont d’ailleurs extrêmement réussies, ce qui était déjà le cas dans la série. Le nouveau mode Breaking Point est une franche réussite. En soi, Breaking Point est une jolie réussite. Le mode nous donne l’occasion de piloter lors de plusieurs courses importantes du scénario et de devoir faire face à plusieurs objectifs. Il nous a par exemple été demandé de dépasser notre coéquipier avant le drapeau à damier, ou encore de gérer la fin de la course avec un boîtier de vitesse défaillant et ralentissant considérablement notre temps au tour. Le tout forme un mode très rafraîchissant et méritant presque à lui seul le détour. Outre Point de Rupture, F1 2021 ajoute quelques nouveautés qui sont très franchement loin d’être indispensables, mais qui ont malgré tout le mérite d’exister. On retrouve par exemple le génialissime mode Mon écurie, qui nous permet de gérer notre écurie de F1 de A à Z, des pilotes aux sponsors en passant par les infrastructures. Les pilotes se voient désormais affublés d’une note générale lorsque vient le temps de les recruter pour notre équipe. Vous l’aurez compris, plus la note d’un pilote est élevée, plus celui-ci est cher. Une donnée qui n’est pas sans rappeler FUT ou MUT, les très controversés modes de FIFA et Madden. Le mode Mon Ecurie a d’ailleurs l’honneur de voir débarquer quelques légendes de la F1, comme Michael Schumacher ou Ayrton Senna. Malheureusement, leur valeur est tellement haute qu’il est presque impossible de les engager. On ressent d’ailleurs l’influence d’EA jusque dans les menus du titre, où l’on est souvent invité à passer par la caisse pour bénéficier de nouveaux cosmétiques pour notre pilote personnalisé. Autre nouveauté qui fera très certainement plaisir aux habitués de la coop : la possibilité de jouer au mode carrière à deux. Grâce au multijoueur, vous pourrez jouer avec un ami au même mode carrière et faire progresser la carrière de votre pilote jusqu’au sacre de champion de F1. Malheureusement, il n’est possible de jouer en coop qu’en ligne, le local ayant été passé à la trappe par les équipes de développement. La grande majorité des pilotes est extrêmement bien modélisée. On retrouve d’ailleurs l’entièreté des pilotes et circuits, auxquels viendront s’ajouter les trois nouveaux circuits de la saison (Portimao, Imola et Djeddah). Là où F1 2021 déçoit le plus, c’est sans l’ombre d’un doute dans sa technique. Si vous aviez joué à F1 2020, vous ne pourrez reconnaître lequel des deux jeux est le plus récent. L’évolution visuelle entre les deux opus est très faible, et se ressent encore moins sur les consoles next-gen. Toutefois, nous ne disons à aucun moment que le titre n’est pas beau. En effet, il propose par moment quelques jolis panoramas et effets de lumière. Mais il est loin de se présenter comme un pur titre next-gen ou encore de se démarquer de son prédécesseur. Par temps pluvieux, le constat est encore plus déplorable, avec des effets de brume très franchement ratés et indignes des Playstation 5 et Xbox Series. En revanche, F1 2021 s’en sort avec les honneurs pour ce qui est de la modélisation des pilotes. Leurs visages sont criants de réalisme et on a sincèrement l’impression de les voir à la télévision. Pour ce qui est des circuits, l’on a là aussi affaire à un joli travail de la part de Codemasters. Tous sont très fidèles à la réalité, et piloter à toute vitesse sur Monza ou dans le Toboggan des Ardennes nous donnerait presque des frissons. On aura d’ailleurs le plaisir de retrouver les trois nouveaux circuits de la saison 2021 (Portimao, Imola et Djeddah) dans un futur DLC qui sera évidemment gratuit. Si, visuellement, le titre n’est pas vilain, il reste très loin des performances de la next-gen. Les cinématiques auraient par ailleurs pu être bien plus impressionnantes sur consoles next-gen, surtout lorsqu’on voit ce dont est capable la concurrence, notamment chez Forza. La synchronisation labiale des cinématiques, que ce soit dans Breaking Point ou dans tout autre mode en comportant, laisse quant à elle très franchement à désirer. Les phrases des personnages sont finies que leurs lèvres continuent de bouger… Les chutes de FPS sont pour leur part monnaie courante, tout comme le tearing, qui gâche réellement le plaisir du mode Breaking Point et des cinématiques en général. Pour ce qui est du rendu sonore, on prend exactement les mêmes et on recommence. En course, on n’a pas le droit au moindre commentaire et on doit se contenter de notre trop silencieux ingénieur de course. Les doublages lors des cinématiques sont tout simplement ratés, avec le sentiment de regarder une vieille série B. En revanche, le moteur qui rugit en course et les pneus qui frôlent l’asphalte et les vibreurs, ça, ça n’a pas de prix. Avec Breaking Point, Codemasters a dû expérimenter un tout nouveau point : la gestion et l’optimisation de longues cinématiques. Comme mentionné plus haut, les développeurs ont complètement bâclé leur travail. Même sur consoles next-gen, les cinématiques fourmillent de bugs et ne sont guère plaisantes à visionner. Nous n’avons toutefois pas grand-chose à redire sur les courses, si ce n’est une IA perfectible qui aurait pu être un poil plus maline mais qui ne gêne en rien le plaisir de conduire et de dépasser. Conclusion S’il reste la référence dans le domaine du sport automobile, F1 2021 se repose trop sur ses lauriers et ne parvient pas à tirer parti des capacités des consoles next-gen. Le jeu de F1, désormais édité par Electronic Arts, introduit pourtant quelques jolies nouveautés cette année avec le très rafraichissant mode solo Breaking Point, qui est d’ailleurs jouable en local à deux. Les traditionnels modes restent évidemment de la partie, comme le toujours très réussi mode Mon écurie et les modes de jeu en ligne. Niveau contenu, le titre assure. D’un point de vue visuel en revanche, F1 2021 est pratiquement une copie conforme de son prédécesseur. Et il s’agit d’une grosse déception à ce niveau. Les quelques sensations que nous procure la DualSense sur PS5 sont malgré tout là pour nous rappeler que nous jouons sur next-gen, mais c’est bien là la seule différence. En revanche, F1 2021 reste le roi incontesté de la discipline en termes de prise en main. Les sensations restent excellentes et c’est un réel plaisir d’entendre vrombir ces moteurs hybrides. Qu’à cela ne tienne, pour un néophyte, F1 2021 reste un incontournable. Pour ce qui est des habitués de la franchise, on doute que son seul mode Breaking Point ne parvienne à justifier l’achat du titre.