La reconnaissance faciale dopée à l’intelligence artificielle représente un risque pour les libertés et la vie privée des citoyens, selon l’EDPB. Le Comité européen de la Protection des Données (EDPB) et le Contrôleur européen de protection des données (CEPD) ont transmis leurs recommandations concernant l’utilisation de technologie de reconnaissance faciale couplée à l’intelligence artificielle. Pour ces deux institutions européennes, le recours à ce type de technologie pourrait mener à des atteintes aux libertés et à la vie privée des citoyens européens. C’est pourquoi les deux institutions demandent conjointement à la Commission européenne l’interdiction de la reconnaissance faciale dopée à l’IA dans les lieux publics. « La reconnaissance de visages, de la démarche, des empreintes digitales, de l’ADN, de la voix, manière de taper au clavier et autres signaux biométriques ou comportementaux, dans tous les contextes, interfère avec les droits fondamentaux et libertés dans une telle mesure que cela pourrait remettre en question l’essence même de ces droits et libertés », ont conclu les deux instances. Elles prônent pour une interdiction pure et simple de l’intelligence artificielle pour la captation de données biométriques dans les lieux publics. Un tel déploiement signifierait la fin de l’anonymat dans les lieux publics pour les présidents de l’EDPB et CEPD, Andrea Jelinek et Wojciech Wiewiórowski. Les deux institutions recommandent à la Commission européenne d’établir un texte qui interdirait toute analyse par intelligente artificielle qui viserait à « catégoriser les individus dans des clusters basés sur les origines ethniques, le genre ainsi que l’orientation politique ou sexuelle ». Un avis qui ne manque pas de clarté. Malheureusement ce dernier n’est pas contraignant puisque la consultation de l’EDPB et du CEPD est facultative, de même que leur avis. Ce sera à la Commission européenne de trancher. Cette dernière pourrait tout de même autoriser l’utilisation de la reconnaissance faciale couplée à l’IA dans certaines conditions plutôt qu’une interdiction totale. Le recours à l’intelligence artificielle pour la captation de données biométriques dans les lieux publics pourrait avoir lieu dans le cas de la disparition d’enfant ou d’une « menace spécifique, substantielle et imminente ». Une logique qui vaut déjà si l’on suit le RGPD puisque le règlement interdit l’utilisation de systèmes biométriques à distance à des fins d’identification, sauf en cas d’intérêt public substantiel. La Commission européenne souhaite en réalité mettre en place un cadre précis et dédié au recours à cette technologie au sein de l’UE.