Si l’histoire du Dragon de Dojima s’est conclue dans Yakuza 6, le studio Ryu ga Gotoku n’a pas fini d’exploiter la saga des Yakuza. Pour ce septième épisode, le studio nous propose une refonte complète du concept. Quatre ans après la sortie de Yakuza 6, titre qui clôturait l’arc narratif du Yakuza repenti Kazuma Kiryu alias le Dragon de Dojima, et trois ans après le remake du second volet, Sega nous livre un septième épisode. S’il n’est plus question de Kiryu, Yakuza : Like a Dragon reprend malgré tout les bases de la franchise tout en introduisant quelques nouveautés. Dans ce septième volet, les fans de la saga feront la connaissance d’Ichiban Kasuga, apprenti Yakuza membre de la famille Arawaka. Pour prouver sa valeur et son honneur, le jeune Ichiban accepte de purger une peine d’emprisonnement pour un crime qu’il n’a pas commis, pensant ainsi être accueilli comme un héros à sa sortie de prison, 18 ans plus tard. Malheureusement, cela ne se passe pas comme prévu puisqu’il découvre que son sacrifice ne lui a servi à rien, pire, qu’il a été trahi par son ex-mentor, Masami Arakawa. Abandonné par ceux qu’il pensait être sa seule famille, Ichiban va alors se démener pour savoir ce qu’il s’est passé durant son absence et tenter de comprendre pourquoi il a été trahi malgré son sacrifice. Voilà les bases du scénario de Yakuza : Like a Dragon. Si le titre introduit un tout nouveau personnage et un nouvel environnement – le quartier de Yokohama –, le jeu exploite des thématiques déjà bien exploitées dans les précédents volets ; l’univers des Yakuzas, les trahisons, l’honneur, etc. Cependant, à l’image du nouveau héros, le ton de Like a Dragon se veut quelque peu plus léger que celui des précédents volets, ce qui n’est pas une mauvaise chose, cela marque d’ailleurs la scission avec Kiryu. Outre les thématiques abordées, on retrouve le même rythme que dans les précédents volets. Le jeu prend son temps pour poser les bases et introduire son nouveau personnage central. Une introduction particulièrement longue puisqu’il faudra en effet patienter plusieurs heures avant de véritablement découvrir le nerf de l’histoire de Yakuza : Like a Dragon, mais aussi profiter de toute la richesse du jeu au niveau du gameplay. Le fait est qu’on s’ennuie beaucoup durant la première partie du jeu, d’autant plus que celui-ci se veut très dirigiste. Au final, on se retrouve à enchainer les cinématiques et les combats sans saveur (ni aucune chance d’échec) durant un bon moment. Fort heureusement, quand l’histoire commence vraiment, on se laisse porter par la mésaventure d’Ichiban qui devient plus attachant et plus profond comme personnage. Yakuza : Like a Dragon introduit un tout nouveau héros qui se retrouvera rapidement dans les ennuis. Yakuza : Like a Dragon n’introduit pas seulement un nouveau personnage, mais aussi et surtout un nouveau gameplay. Le jeu repose en effet désormais sur des combats au tour par tour. C’est véritablement là où se situe la nouveauté de cet épisode. Les précédents volets de la saga se rangeaient plutôt du côté beat them up en temps réel. Ce choix de gameplay s’emboite plutôt bien dans l’aventure Yakuza : Like a Dragon et dans sa progression qui nous pousse à nous confronter régulièrement à des malfrats dans la rue. Une fois le combat lancé, le joueur peut choisir d’attaquer, d’utiliser des objets, de parer une attaque ou de réaliser une action spéciale qui exige des points de mana via une interface d’action qui rappelle assez fort celle de Persona 5. Le tout fonctionne plutôt bien, même si, comme nous l’avons déjà dit, il faudra attendre un certain temps pour que les combats deviennent vraiment plaisants. Dans la première partie du jeu, les affrontements sont en effet peu intéressants, de même que les ennemis qui sont loin d’être redoutables. Quant aux attaques spéciales, elles ne le sont pas vraiment… Ce n’est finalement que lorsque l’intrigue à proprement parler commence que les combats dévoilent tout leur potentiel. C’est ainsi qu’au bout de quelques heures de jeu, Ichiban Kasuga sera épaulé par d’autres personnages lors des combats. Le joueur devra donc jongler entre ses hommes pour venir à bout des ennemis. Les adeptes des jeux au tour par tour ne seront pas perdus, l’expérience de Yakuza 7 reste assez classique, mais le jeu parvient malgré tout à se démarquer en reprenant des éléments caractéristiques de la saga des Yakuza. Le joueur pourra ainsi compter sur les QTE censées renforcer les attaques, mais surtout sur la possibilité de se servir des décors pour mettre K.O. ses ennemis. On pourra ainsi lancer un vélo à la figure d’un adversaire, comme dans les précédents volets. On retrouvera également la violence et les attaques plutôt spectaculaires caractéristiques de la saga ce qui est évidemment une très bonne chose. La nouvelle orientation de la saga avec des combats au tour par tour fonctionne plutôt bien. À chaque victoire, nos héros gagneront de l’expérience qui leur feront monter de niveau et augmenteront leurs statistiques (attaque, défense, magie, soin, etc.). À la manière d’un RPG, le joueur pourra faire évoluer ses personnages et leur affubler des armes et de l’équipement pour les rendre plus performants au combat, mais aussi dans leur boulot. Il est en effet question de choisir un job, une spécialisation qui se traduira par certaines aptitudes, mais dans les faits, l’amélioration de nos personnages se fera sans nous. L’évolution des statistiques et l’apparition de nouvelles compétences se font en effet automatiquement à chaque niveau. C’est plutôt dommage. On aurait préféré que le studio pousse cet aspect à fond et nous laisse gérer nous-mêmes l’évolution de nos personnes, mais cela aurait peut-être trop dénaturé la série. Malgré cela, le tout fonctionne assez bien et il est assez plaisant de se lancer dans un combat avec toute la bande. Évidemment, il faudra se montrer quelque peu stratégique pour éviter de se faire massacrer, gérer les attaques, les parades et les soins, mais cela reste tout de même assez basique. Les armes et la spécialisation de ses personnages ne seront pas les seuls aspects sur lesquels le joueur pourra avoir un impact. Yakuza : Like a Dragon propose en effet au joueur d’avoir un rôle à jouer dans le développement de la personnalité d’Ichiban. En fonction de ses choix durant les quêtes secondaires ou principales et de son comportement en général, le joueur influencera les 6 facettes de son héros (Passion, confiance en soi, charisme, gentillesse, intelligence et style) et il ne faudra pas les prendre à la légère puisqu’en fonction des orientations du héros et de ses relations avec ses camarades, ses jobs et statistiques seront boostés. Cet aspect de l’aventure permet d’impliquer davantage le joueur dans l’histoire, mais aussi dans la manière où Ichiban la vie ce qui n’est pas une mauvaise chose tant le jeu se veut dirigiste. Yakuza : Like a Dragon intègre de nombreux mini-jeux plutôt fun. Pour comprendre ce qu’il s’est passé durant son incarcération, notre cher Ichiban devra mener l’enquête. Pour cela, il devra aller interroger des personnes ici et là, tabasser d’autres gens à gauche ou à droite, etc. La trame principale se veut malheureusement fort dirigiste. On se cogne assez souvent à des murs invisibles dans les rues de Yokohama et c’est plutôt dommage. Si c’était déjà le cas dans les précédents volets, on aurait apprécié que le studio exploite le concept de monde ouvert à fond et laisse plus de liberté aux joueurs, même si la retranscription de la ville de Yokohama est la plus ambitieuse de la saga. Fort heureusement, les missions annexes, activités en tous genres et autres mini-jeux sont là pour faire passer la pilule et allonge la durée de vie du jeu. Une fois encore, le nouveau volet des Yakuza propose un grand nombre d’activités pour faire passer le temps ou pour dynamiser quelque peu l’aventure. On peut ainsi se rendre dans une boutique pour acheter de la nourriture et des boissons, se rendre au restaurant, dans des boutiques de bornes d’arcades – que nous n’avons pas pu tester avec la version prélancement –, mais aussi faire des courses poursuites en kart ou collectionner un maximum de canettes en tricycle. C’est fun, même si gérer certains mini-jeux ne sont pas des plus faciles en raison d’une direction catastrophique. Le cadre est vraiment très plaisant. On a envie de se poser pour admirer toutes les enseignes. Les adeptes de la série des Yakuza ne seront pas dépaysés avec Like a Dragon. Si on change de ville, l’environnement reste sensiblement le même, de même que les graphismes. Certains plans sont particulièrement beaux et travaillés durant les cinématiques – mentions spéciales à la scène au-dessus du restaurant canard laqué, ainsi qu’aux gros plans où l’on peut voir les pores de la peau des personnages – et c’est aussi parfois le cas lors du gameplay, mais à d’autres moments, c’est beaucoup moins joli. On a vraiment l’impression qu’il y a un déséquilibre visuel dans le jeu, avec d’un côté une vraie mise en scène soignée et de l’autre, des séquences moins travaillées. Les personnages expriment parfois trop d’émotions avec leur visage – plus que dans les précédents volets – et parfois, ils semblent totalement figés. Dans le même ordre d’idée, on se retrouve bloqué parfois par un mur invisible en plein milieu de la ville. En 2020, on a quand même vu beaucoup plus immersif… Techniquement, le titre n’est pas non plus exempt de défauts et on le remarque particulièrement lors des cinématiques. Lorsqu’une séquence va se lancer, le jeu freeze tout simplement. C’est encore une fois très déstabilisant, car le jeu stoppe net. On n’est pas dans le cas d’un ancien Final Fantasy où le jeu nous stoppait lorsqu’on rencontrait un ennemi sur la carte et lançait une animation particulière, ici, le jeu freeze vraiment pendant un mouvement et ce n’est vraiment pas agréable ni à voir ni à jouer. On a également pu observer quelques baisses de framerate à certains moments, même lors de cinématiques. Les écrans de chargement sont également très étranges. Ils arrivent à des moments inopinés, lors d’une cinématique et ne durent parfois qu’une ou deux secondes sans pour autant que la scène ait changé. Il est probable que ces petits défauts n’apparaissent dans la version next-gen du jeu. Plus globalement, Yakuza : Like a Dragon offre une expérience de jeu déséquilibrée au niveau technique, avec des bons et des mauvais côtés. On assiste parfois à de très bonnes animations et parfois à des choses qui semblent dater d’il y a une décennie. On regrette par exemple que les animations des ennemis soient autant limitées. Ils font tous exactement les mêmes mouvements et sont animés par une IA également très limitée. À côté de cela, les interactions avec l’environnement sont bancales, on peut faire tomber une moto en la frôlant à peine. Les décors très détaillés manquent aussi souvent de textures. On a l’impression que le jeu n’a pas vraiment évolué au niveau des graphismes, même si on est toujours charmé par les rues éclairées par les néons des panneaux publicitaires. Enfin, pour ce qui est de l’aspect sonore, le jeu se défend assez bien et on n’en attendait pas moins de la part d’un Yakuza. Notre progression est ainsi cadrée par une ambiance sonore bien maîtrisée, avec les bruits de la ville (conversations des passants, signal d’ambulance, etc.) et des musiques plutôt bien choisies. On regrette cependant que le studio Ryū ga Gotoku Studio ne propose toujours pas plusieurs traductions orales. Yakuza : Like a Dragon n’est disponible qu’en version japonaise ou anglaise. Fort heureusement, les sous-titres sont désormais disponibles en plusieurs langues, dont le français, mais on regrette tout de même que la traduction écrite ne soit pas fidèle aux échanges oraux. Les sous-titres français sont en effet moins riches que la version anglophone. Il arrive d’ailleurs que certaines phrases ne soient tout simplement pas traduites à l’écrit. Là encore, il y a un vrai déséquilibre, d’autant plus qu’il arrive parfois que les personnages ne prononcent tout simplement aucun mot. Ce sont alors les sous-titres qui prennent le relais et ce n’est évidemment pas un bon point. On a l’impression que le jeu est un patchwork de différentes phases de son développement, c’est troublant. Conclusion Yakuza : Like a Dragon marque un tournant dans l’histoire de la saga des Yakuza. Le titre signé par le studio Ryu ga Gotoku introduit en effet un tout nouveau personnage, Ichiban Kasuga, ainsi qu’un nouveau gameplay. Si ses ancêtres s’apparentaient à des beat them up, Yakuza 7 lorgne du côté du RPG au tour par tour. Et le concept fonctionne plutôt bien. Il faudra cependant patienter quelques heures avant de pouvoir pleinement en profiter, lorsque d’autres héros rejoindront nos rangs et que les attaques spéciales se multiplieront. Tout le monde n’appréciera pas forcément ce changement de direction. Toutefois, la franchise avait réellement besoin d’un petit vent de fraicheur. Les fans de la série ne seront pas dépaysés, Yakuza : Like a Dragon reste malgré tout fidèle aux précédents volets puisqu’il aborde des thématiques similaires, offre un monde ouvert très dirigiste, mais aussi des mini-jeux fun loufoques qui rallongeront la durée de vie du jeu déjà très costaude (+/- 40 heures). Le résultat est en revanche un peu convaincant au niveau de la réalisation. Techniquement, le jeu est loin d’être une claque. Les animations sont d’un autre âge, quelques petits temps de latence se font ressentir et très clairement, le jeu ne tire pas parti des capacités des consoles actuelles. En revanche, Yakuza 7 a été entièrement traduit en français – il faudra néanmoins se contenter de simples sous-titres.