Face à Marvel, DC peine toujours à s’imposer sur grand écran. Les explications sont multiples. Avec une écurie qui rassemble sous une seule et même bannière des personnages emblématiques comme Batman, Wonder Woman, le Joker, Bane, Double-Face, Superman, Flash ou encore Harley Quinn, on en viendrait presque à se demander comment Warner Bros et DC ont fait pour multiplier les fiascos au box-office. Les chiffres sont éloquents. Le MCU pèse 22 milliards de dollars. Le DCU a lui péniblement passé le cap des 5 milliards de dollars au box-office. La mauvaise stratégie de Snyder Le film “Justice League” a rapporté trois fois moins qu’Avengers au box-office. La trilogie Batman de Nolan avait pourtant laissé présager un avenir radieux pour la marque DC sur grand écran. Sous la direction de Zack Snyder, qui s’était naturellement imposé comme l’architecte du DCU, Warner Bros avait lancé son propre univers cinématographique pour contrecarrer les plans de Marvel. Le premier film à atterrir au box-office, The Man of Steel, en 2013, ne récoltera que 668 millions de dollars. La même année, Iron Man culminera au box-office avec plus d’1,3 milliard de dollars de recettes. Et l’histoire se répète ensuite avec Batman vs Superman, le premier “team-up” du DCU, qui récolte 873 millions de dollars. Plusieurs analystes attribuent les mauvaises performances du film à l’absence de “build-up”. DC a voulu aller beaucoup trop vite. Il n’a pas introduit proprement ses personnages. Là aussi, Avengers fait beaucoup mieux avec 1,5 milliard de dollars. Le DCU vivote avec Suicide Squad (746 millions), descendu par la critique, Wonder Woman (821 millions), qui s’impose comme un joli succès pour un film “origines”, mais qui reçoit là-aussi un accueil mitigé, et surtout Justice League, qui réunit à l’écran tous les superhéros de DC, et réalise la plus mauvaise performance d’un team-up au box-office avec seulement 657 millions de dollars de recettes. Warner Bros ne perd pas d’argent, mais les résultats sont mauvais. Les conditions sont toutefois particulières : Zack Snyder est contraint de lâcher la production en cours de route suite au décès de sa fille et le studio massacre son travail. Warner Bros réagit alors en changeant radicalement de stratégie. Snyder est évincé. Le DCU décapité. Le studio décidé à la surprise générale de donner son feu vert à une multitude de projets qui seront tous déconnectés les uns des autres. Certains films s’inscriront toujours dans l’univers cinématographique de DC, d’autres en sortiront, à l’image du Joker. Conséquence directe de cette décision : les team-ups sont abandonnés et la continuité scénaristique mise en suspens. L’aventure narrée dans Justice League est ainsi interrompue. Des succès inattendus Aquaman est le plus gros succès du DCU avec 1,1 milliard de recettes. Warner Bros décide toutefois de boucler les projets déjà signés. C’est ainsi que sort en décembre 2018 Aquaman, qui connait un succès totalement inattendu et récolte plus d’1,1 milliard de dollars au box-office. Des performances salutaires pour le DCU, qui redonnent espoir aux fans. Quelques mois plus tard, c’est au tour d’un autre superhéros de faire ses débuts dans le DCU. Malgré son petit budget, Shazam! remporte lui aussi un petit succès au box-office, avec 366 millions de recettes. Wonder Woman, Aquaman et Shazam auront tous les trois droit à des suites. Le mal est toutefois déjà fait puisque dans la foulée du fiasco de Justice League, Warner Bros a gentiment raccompagné Henry Cavill, l’interprète de Superman, vers la sortie, ainsi que Ben Affleck, l’interprète de Batman. En parallèle, Warner a validé un spin-off consacré au Joker et signé avec Matt Reeves pour une nouvelle trilogie de Batman. Ben Affleck y est remplacé par Robert Pattinson. Nouveaux grincements de dents. Les fans sont furieux. Paradoxalement, la stratégie de DC semble fonctionner. Le Joker réalise une performance totalement inattendue au box office avec plus d’1 milliard de dollars de recettes. Le film est acclamé par les critiques et le public, mais reçoit un accueil plus mitigé des fans. Avec un budget de moins de 70 millions de dollars (très en deçà des 150 à 200 millions de dollars des autres films de superhéros), Warner Bros est parvenu à décrocher la lune. Et ce succès inattendu encourage la direction à poursuivre sa stratégie, au grand désespoir des fans. Warner tentera d’ailleurs de réitérer cet exploit quelques mois plus tard avec le personnage d’Harley Quinn, sur lequel reposait le succès de Suicide Squad. Cette fois, la formule ne fonctionne plus. Les critiques sont négatives et le film réalise la plus mauvaise performance pour un film de superhéros avec seulement 201 millions de dollars de recettes, ce qui permet tout juste à Warner de rentrer dans ses frais. Pas de continuité Car si au box-office, les films DC ne s’en sortent finalement pas si mal que ça, le chaos règne dans l’univers de DC. Il y a les films qui s’inscrivent dans le DCU mais qui ne sont pas forcément interconnectés (Shazam, Aquaman et Wonder Woman), les films qui en sortent complètement sans pour autant changer de casting (Harley Quinn), les spin-off (Le Joker), et des reboots (Batman). Warner Bros semble avoir perdu complètement le fil. Et les fans sont de plus en plus nombreux à se poser des questions sur l’avenir de DC. Marvel et Disney, de leur côté, ont désormais une stratégie très cohérente. L’agenda des sorties est fait plusieurs années à l’avance – près d’une décennie même. Les acteurs signent des contrats pour 4, 5, 6, 7 et même 8 films, tous interconnectés. Les scénaristes se concertent. Et, cerise sur le gâteau, Marvel annonce en 2019 qu’il proposera désormais également des séries connectées à son MCU, dans lesquelles apparaitront les acteurs présents dans les films. Une nouvelle étape est franchie dans le développement du MCU. Warner Bros, de son côté, ne semble pas trop savoir comment gérer ses talents… Un casting qui change tous les 5 ans 3 acteurs se sont succédé dans le rôle du Joker en 15 ans. Autant dans le rôle de Batman. Personnage secondaire dans l’univers de Batman, le Joker est apparu ces 15 dernières années sous 3 visages différents : ceux d’Heath Ledger dans la trilogie de Nolan, de Jared Leto dans Suicide Squad et de Joaquin Phoenix dans le spin-off retraçant les origines du personnage. Jared Leto aurait logiquement dû conserver son rôle et apparaître dans plusieurs autres films du DCU. Mais son interprétation du personnage n’a pas vraiment séduit les foules et surtout, il a eu la malchance de débarquer quand le navire commençait à chavirer. Joaquin Phoenix a alors été recruté pour un spin-off qui nous était présenté sous la forme d’un film d’auteur, retraçant les origines du Joker. Un film qui n’était pas inscrit dans le DCU et adoptait un ton très différent. Paradoxalement, malgré l’énorme succès du film, l’histoire s’arrête là. Et quand même bien Joaquin Phoenix signerait pour une suite, il ne reprendrait pas le rôle du Joker pour un autre film… La dernière rumeur évoque d’ailleurs un nouveau recasting du personnage, pour les second et troisième volets de la trilogie “The Batman” de Matt Reeves, qui fera ses débuts en 2021. Etrangement, Harley Quinn, la compagne du Joker, qui apparaissait sous les traits de Margot Robbie devant la caméra, n’a elle pas eu droit à un recasting. Margot Robbie a conservé son rôle depuis son apparition dans Suicide Squad, aux côtés de Jared Leto. Ce qui est en soi logique pour “L’émancipation d’Harley Quinn”, mais plus difficile à avaler pour “The Suicide Squad”, le reboot de Suicide Squad, qui recastera plusieurs personnages. La logique est difficile à cerner. Même triste manque de continuité pour Batman… qui était interprété par Ben Affleck depuis les débuts du DCU. L’acteur, initialement raillé par les fans, se sera montré très convaincant dans les quelques films dans lesquels il est apparu. Lors des premières négociations avec Matt Reeves, des tensions surviennent entre les deux côtés. Matt Reeves veut présenter la jeunesse du superhéros dans le film The Batman et Ben Affleck est trop vieux pour incarner le personnage. Il choisit alors de recruter un nouveau Batman : Robert Pattinson, qui se fera à son tour incendier par les fans sur les réseaux sociaux. Le contrat est signé alors que le DCU boit la tasse. Henry Cavill et Ben Affleck sont gentiment remerciés. Il y a quelques jours, nouveau coup de théâtre dans la saga. Henry Cavill récupère son rôle de superhéros. Zack Snyder annonce la sortie de la Snyder Cut, une réédition du film “Justice League”, qui présentera sa vision réelle du projet, à venir en 2021 sur la plate-forme de streaming de Warner Bros, avec, bien entendu, Ben Affleck au casting… Le projet est ambitieux : Zack Snyder entend présenter sa vision du team-up à travers un film entièrement réédité, qui comprendra des tas de scènes qui n’étaient pas là dans la première version sortie dans les salles. Le budget est pharaonique pour un Director’s Cut : plus de 30 millions de dollars. En parallèle, Henry Cavill devrait reprendre son rôle de justicier là où il l’avait laissé et apparaître dans potentiellement plusieurs films du DCU. Pas un mot en revanche en ce qui concerne Ben Affleck… Difficile d’imaginer deux Batman coexister. Quid de la suite? Etonnamment, il semblerait que Robert Pattinson abandonnera son rôle très rapidement. L’acteur aurait signé pour une trilogie, à l’issue de laquelle le personnage tirerait sa révérence pour laisser sa place sans doute à… un nouveau Batman. Compliqué, vous avez dit? En faisant le bilan, on se rend ainsi compte que Robert Downey Jr. a prêté ses traits à Iron Man dans pas moins de 10 films. Ben Affleck est apparu sous les traits de Batman dans 3 films seulement. Une absence de communication qui nuit aux talents Et puis bien sûr, il y a la terrible communication de Warner. Notamment avec Ben Affleck, qui sera resté dans l’incertitude sur son rôle pendant des années, créant une énorme frustration chez l’acteur – et réalisateur -, et ce alors que Ben Affleck était la personne la plus impliquée dans le projet, avec Zack Snyder. Plus récemment, Warner Bros a encore montré son inaptitude à gérer la communication de crise avec le cas d’Amber Heard, alias Mera – la partenaire d’Aquaman, déjà apparue dans deux productions DC. L’actrice avait engagé une procédure en justice contre son ex-compagnon Johnny Depp, qu’elle accusait de violence conjugale. Seulement voilà, un enregistrement a prouvé que l’actrice avait menti sur le sujet. Warner Bros n’a pas commenté le verdict, mais de nombreuses rumeurs ont circulé. Selon celles-ci, l’actrice serait évincée du DCU et remplacée dans Aquaman 2. Une démarche qui passe très mal auprès des fans, nombreux à penser aujourd’hui que la vie personnelle des stars ne devrait pas impacter leur carrière. Le départ présumé d’Amber Heard du DCU soulève d’entrée quelques questions. Car Mera sera bien présente dans la Snyder Cut de la Justice League qui verra le jour en 2021… Encore une fois, si la décision venait à se confirmer, il n’y aurait plus aucune logique dans les décisions de Warner Bros. On notera au passage que Marvel a été confronté au même problème avec l’acteur Jeremy Renner – alias Oeil-de-faucon dans les Avengers -, accusé de violences conjugales. L’acteur a conservé son rôle malgré la polémique et devrait même apparaître dans une série télévisée qui lui sera entièrement dédiée.