Test – Borderlands 3 : bigger, faster, stronger

7 ans. C’est le temps que les fans auront du patienter avant de découvrir enfin la suite de Borderlands 2. 

7 longues années au cours desquelles les fans réclameront avec insistance le retour d’une franchise qu’ils pensaient pourtant définitivement enterrée. Car si Borderlands a connu un certain succès, son style très particulier le destine à un certain public. Malgré son apparence cartoonesque, le jeu sait se montrer très violent, vulgaire et complexe à appréhender.

Une suite sans surprise

Ce troisième volet a surtout droit à une jolie refonte graphique.

A mi-chemin entre un FPS et un jeu de rôle, Borderlands s’était démarqué de ses concurrents par son gameplay, basé sur le loot, les quêtes secondaires et la diversité de son arsenal, et son univers post-apocalyptique brutal et irrévérencieux. Sans surprise, la recette n’a que très peu évolué. Le scénario du jeu n’est ici qu’un prétexte à nous balader à travers de nouveaux décors.

L’aventure débute avec le choix d’un personnage. Le joueur pourra sélectionner l’un des quatre-héros mis à sa disposition. Chacun se joue d’une façon radicalement différente des autres puisqu’ils disposent tous de capacités spéciales. Chacune des compétences spéciales peut être personnalisée avec les points d’expérience gagnés, de sorte à ce que le joueur puisse tirer parti desdites compétences selon sa façon de jouer… L’un des personnages pourra ainsi prendre les commandes d’un gigantesque mécha qui détruira tout sur son passage. Un autre invoquera diverses créatures qui l’épauleront dans les affrontements. Un autre est capable d’utiliser des invocations pour frapper à distance ses ennemis. Chaque classe a ses avantages et tous les joueurs y trouveront leur compte. Un bon point.

Passé le choix du personnage, on découvre un scénario aux enjeux minimalistes. Rangé du côté de Lilith, le joueur devra affronter un couple de vilains à la personnalité sous-développée. Comme dans les précédents volets de la série, les quêtes secondaires ne permettent pas d’en apprendre plus sur le scénario du jeu et l’accent est clairement mis sur l’humour. De façon générale, on pourra reprocher à Gearbox de ne pas avoir creusé suffisamment l’intrigue de son jeu, ses personnages et les enjeux. L’épisode développé par Telltale Games avait pourtant prouvé qu’il était possible de travailler l’aspect narratif du jeu… L’humour caustique de la série donne toutefois une certaine identité au titre – à laquelle on adhérera ou pas. Avec sa violence extrême et son humour décalé, Borderlands 3 fait office de petite bouffée d’air frais dans un univers vidéoludique de plus en plus enclin à céder du terrain à la censure, n’en déplaise aux grincheux. Et oui, Claptrap est toujours de la partie!

Le style animé sied toujours aussi bien à la série.

Du côté du gameplay à proprement parler, la recette n’évolue (presque) pas. Les points positifs et négatifs sont donc les mêmes que pour les précédents volets. On reprochera ainsi à Borderlands 3 de ne pas proposer de vrai monde ouvert mais une succession de zones ouvertes reliées entre elles par des écrans de chargement. En 2012, on pouvait facilement fermer les yeux sur ce défaut. En 2019, la pilule passe moins facilement.

Même topo pour ce qui est des quêtes secondaires, qui n’ont que très peu d’intérêt tant sur le plan scénaristique que du level-design. La plupart du temps, il suffira d’aller d’un point A à un point B en massacrant tout sur son chemin ou de récupérer divers objets pour expédier la quête.

Enfin, on critiquera aussi le recyclage à tour de bras des décors de Pandore et des assets des précédents jeux. Certes, Borderlands 3 propose de nouvelles zones de jeu à explorer, mais de façon générale, on a beaucoup trop la sensation de jouer à un Borderlands 2.5. On notera au passage que de surcroît, les zones de jeu manquent cruellement de vie.

Durant les séquences les plus nerveuses, les décors seront surchargés d’ennemis.

Pour le reste, on retrouve un arsenal d’une grande diversité, particulièrement fun à explorer. On aura globalement tendance à privilégier les armes les plus originales aux armes les plus efficaces, ne serait-ce que pour expérimenter. La construction du jeu reste intelligente avec des séquences d’exploration, de conduite et des gunfights nerveux contre des hordes d’ennemis ou des boss. Intense, le jeu de Gearbox est toujours un délice à parcourir, de préférence toutefois en coop’, en ligne ou en écran splitté. Car en solo, Borderlands 3 peut très vite conduire à l’overdose. Les combats s’enchainent à une vitesse impressionnante et de par sa construction, Borderlands 3 est un jeu qui s’apprécie mieux à plusieurs.

Autre atout de taille du jeu : son univers post-apo déjanté, avec ses mutants, ses monstruosités, ses boss complètement barrés et ses pirates du désert. Les ennemis sont nombreux et variés mais la pattern est souvent le même : on débarque dans un campement qu’il faudra vider des adversaires, on trouve un PNJ avec lequel on interagit, et on termine souvent sur une dernière vague d’ennemis. Difficile d’éviter donc une certaine répétitivité. Mais le gameplay très fun du jeu (aaaah, cette glissade!), les compétences des personnages et l’aspect coop’ assurent à Borderlands 3 une solide durée de vie.

Pensé pour la coop’

S’il ne faudra pas plus de 30h pour voir le bout de l’aventure, le endgame promet plusieurs centaines d’heures de jeu sur Pandore. Loin du shooter narratif, Borderlands est avant tout une expérience à se faire entre potes. Et de ce point de vue là, Borderlands 3 ne déçoit pas.

Du côté de l’arsenal, il y en aura pour tous les goûts!

On notera au passage quelques petites nouveautés intelligentes, à l’image du “ping” qui permet d’indiquer à ses alliés une cible ou un emplacement, et facilite ainsi la communication en coop’. Une fonction inspirée bien sûr de l’excellent Apex Legends.

On apprécie également la possibilité de partager ses armes avec son squad, ou d’opter au choix pour un mode coopératif ou coopétitif. Dans cette variante, le loot ne pourra être récupéré que par le premier joueur à se ruer dessus, ce qui donne au jeu un certain côté chasse au trésor qui n’est pas sans rappeler les Gauntlet.

De façon générale, on regrettera toutefois que Gearbox se soit contenté d’aussi petites retouches. Que ce soit du PvP ou un mode de jeu alternatif, on aurait aimé découvrir quelque chose de vraiment neuf avec Borderlands 3. L’un dans l’autre, les fans de la série s’en moqueront sans doute puisque Gearbox leur donne exactement ce qu’ils attendaient : un jeu plus joli, plus fun et encore plus riche que ses ancêtres, sans pour autant changer la recette.

Reste que, dans la pratique, Borderlands 3 est resté un jeu ancré dans son temps. En sept ans, beaucoup de choses ont changé et que ce soit du côté de Destiny 2 ou The Division 2, les concurrents sont parvenus à introduire de nouvelles composantes intéressantes, que Borderlands 3 n’a étrangement pas copié.

Une technique en demi-teinte

La direction artistique du jeu reste splendide.

Sur le plan technique, Borderlands 3 parvient à séduire avec ses superbes environnements, sa direction artistique inspirée, ses graphismes cartoonesques et la grande diversité des décors que vous serez amenés à visiter. Le jeu tire parfaitement parti de l’Unreal Engine 4. On regrettera toutefois quelques vilains bugs graphiques, quelques modèles 3D peu convaincants et quelques baisses de frame-rate. De façon générale aussi, les décors du jeu manquent de vie. On aurait aimé une fois moins inhospitalière. Trop souvent, le joueur aura l’impression de parcourir un univers qui manque de profondeur.

Même constat en ce qui concerne la bande sonore, efficace avec ses excellents doublages en V.O., mais qui manque un peu de personnalité au niveau des musiques et ne propose aucun doublage en français – ce qui est tout de même regrettable pour un jeu à aussi gros budget. Les puristes vous le diront toutefois : Borderlands serait typiquement le genre de jeu à jouer de préférence en V.O., ne serait-ce que pour saisir l’humour particulier du jeu, qui ne se retranscrirait sans doute pas aussi bien en français…

Conclusion

Sept ans après Borderlands 2, Gearbox Software nous livre un troisième volet de sa série-phare qui n’introduit aucune nouveauté majeure mais offre toujours une expérience de jeu aussi fun, seul ou en coop’. Avec son humour décalé, sa violence extrême, ses milliers d’armes complètement barrées et ses décors post-apo stylés, Borderlands 3 reste un très grand défouloir que les fans de la série sauront apprécier à sa juste valeur. Visuellement, le jeu est une réussite. Mais Gearbox Software semble avoir sorti son jeu un peu dans la précipitation. Rempli de bugs, mal fignolé et souffrant de quelques grosses baisses de frame-rate, Borderlands 3 n’est pas un exemple d’optimisation. On pourrait également lui reprocher un certain manque de prise de risque avec des décors recyclés, très peu de nouveautés du côté du gameplay et un scénario paresseux. En sept années, la recette n’a que très peu évolué et si les fans prendront toujours un pied fantastique sur le jeu, ceux qui n’avaient pas beaucoup accroché au concept en 2012 auront sans doute toujours autant de mal à y adhérer en 2019.  

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Borderlands 3

Gameplay 8.5/10
Contenu 7.5/10
Graphismes 8.0/10
Bande son 7.0/10
Finition 6.0/10
7.4

On aime :

Un gameplay toujours aussi fun

La coop' en ligne et en split-screen

Graphiquement très réussi

Une solide durée de vie

L'humour gras, caractéristique de la série

On aime moins :

Des décors recyclés

Décevant sur le plan technique : des bugs au frame-rate pas toujours au top

Toujours une continuité de zones semi-ouvertes et pas un seul monde ouvert

La recette n'a pas beaucoup évolué

Un scénario peu inspiré