Méconnus du grand public, les DataCenters jouent pourtant un rôle clé dans le fonctionnement du Web. D’habitude peu enclin à révéler les secrets de ses infrastructures, Google a pourtant levé le voile sur le fonctionnement de son centre de données situé à Saint Ghislain, près de Mons. © E.F. Quelle idée est donc passée par la tête de Google pour venir installer un centre de données au milieu de nulle part? Si la majorité des DataCenters de Google se situent outre-Atlantique, quelques exceptions subsistent. C’est le cas notamment du DataCenter de Saint Ghislain, ouvert il y a de cela un peu plus de deux ans. Véritable forteresse, le DataCenter de Saint Ghislain est inaccessible au public, et même aux journalistes. “La sécurité est prise très au sérieux chez Google” explique Frédéric Descamps, en charge du DataCenter de Saint Ghislain. “C’est un endroit dans lequel on ne rentre que sur invitation car il y a un réel besoin de sécurité.” En réalité, seuls les employés disposant d’une accréditation peuvent rentrer au sein du bâtiment. Comprenez par là une véritable armada de techniciens et d’ingénieurs, qui passent leur journée à remplacer des disques durs, détruire des données et s’assurer du bon fonctionnement de la ruche. Briser les clichés Contrairement aux croyances populaires, les DataCenters de Google ne sont pas plongés dans une température glaciale. Techniciens et ingénieurs travaillent en short et en t-shirt, par une chaleur de 27 degrés, et ce, toute l’année! Très loin des caméras, les employés des DataCenters travaillent dans l’ombre et ont pour la plupart des profils très différents du reste des effectifs de Google. On y croise des techniciens, chargés des réparations des serveurs, des spécialistes du réseau, une équipe d’administration, des membres du service de sécurité et des ingénieurs, qui s’occupent de gérer le refroidissement et la sécurité de l’infrastructure, ainsi que son approvisionnement électrique. Bref, des fonctions fort techniques, qui nécessitent “de mettre les mains dans le cambouis.” Chez Google, le travail d’équipe est très important. “Quand on engage un collaborateur, on fait attention à prendre les bonnes personnes. Si vous êtes hyper-compétent mais ne parvenez pas à vous intégrer à l’équipe, ça n’ira pas.” L’enthousiasme, le savoir faire et la connaissance de l’anglais sont trois éléments clés pour faire carrière au sein de la multinationale. Paradoxalement, s’il est relativement simple de mettre la main sur des personnes passionnées qui s’y connaissent, la multinationale reconnait avoir des difficultés à trouver de bons collaborateurs sur le sol belge. “On a du mal à trouver des collaborateurs francophones qui parlent anglais” explique Frédéric Descamps. La salle des serveurs contient plusieurs dizaines de milliers de serveurs. Un atout stratégique Côté chiffres, Google impressionne. Les 13 DataCenters de la firme gèrent quotidiennement plus de 3 milliards de recherches, dont 15% de recherches inédites chaque jour. Outre les recherches sur Google Search, les DataCenters gèrent également tous les services propres à Google, y compris les services Cloud liés à Android. Vu le nombre de terminaux disponibles à travers le monde, inutile de préciser qu’Android occupe désormais une part importante des activités des DataCenters. Côté volumes en revanche, c’est Youtube qui décroche la première place du palmarès. Chaque minute, plus de 72 heures de vidéos sont uploadées sur les serveurs de Google. “Il faut pouvoir les accepter, les traiter, les indexer et les restituer quand tout un chacun souhaite y avoir accès.” Un travail de longue haleine qui nécessite une très bonne organisation en interne, et surtout, une infrastructure irréprochable. Ouvert en 2010, le DataCenter de Saint Ghislain représente un investissement de plus de 250 millions d’euros pour la firme de Mountain View. Un investissement largement supérieur à celui de la plupart des autres DataCenters, qui disposent également d’infrastructures moins modernes que celles de Google. Comme dans tout DataCenter, l’électricité joue un rôle clé dans le fonctionnement de l’infrastructure. Les coûts de fonctionnement sont élevés, c’est pourquoi Google conçoit ses DataCenters de sorte à ce que ceux-ci consomment le moins possible de courant. Le DataCenter de Saint Ghislain essaye également de se démarquer des autres DataCenters en utilisant de l’énergie renouvelable et de l’eau grise, prélevée directement du canal. Grâce à une station d’épuration, Google traite l’eau, enlève toutes les matières en suspension et l’injecte dans le système de refroidissement. Si la dépense initiale est souvent plus élevée que chez la concurrence, les DataCenters de Google s’amortissent plutôt bien sur la durée. Ils utilisent en moyenne moins de la moitié de l’énergie utilisée par les DataCenters des autres géants. Pour parvenir à ce résultat, Google réduit un maximum la consommation énergétique de l’infrastructure. La plus grosse partie de l’électricité sert à refroidir les serveurs et à conditionner l’air. Là où c’est possible, la firme tente de rogner sur les dépenses, minimisant un maximum l’éclairage des hangars, en utilisant l’eau du canal et en réduisant les dépenses énergétiques au niveau des bureaux. Outre l’électricité, qui sert à alimenter les serveurs, l’eau joue un rôle essentiel dans la tenue du DataCenter. Google l’utilise pour transporter la chaleur et refroidir l’air ambiant. En réalité, l’eau froide se réchauffe au contact de l’air et coule jusqu’aux systèmes de refroidissement. Une salle entière est dédiée à l’acheminement de l’eau à l’intérieur du DataCenter. Véritable usine qui tourne à plein régime 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le DataCenter de Google est probablement le plus gros atout de la firme californienne face à sa concurrence. Sa conception unique offre des performances étonnantes qui permettent aux services de Google de se démarquer des services concurrents. Une organisation millimétrée Les données stockées sur les serveurs de Google sont cryptées, et fragmentées sur plusieurs serveurs différents, de sorte à ce que personne ne puisse les lire. Et dans l’éventualité où un serveur finirait par rendre l’âme, Google a mis en place une astuce qui permet de ne rien perdre des données sauvegardées. Les données qui y étaient inscrites ne sont pas pour autant sacrifiées puisque plusieurs copies des mêmes données sont stockées aux quatre coins de la planète. En pratique, cela permet d’assurer un service de qualité en permanence pour tous les utilisateurs. Si Google se refuse toujours à dévoiler le moindre détail technique, le géant fait preuve d’un peu plus de transparence que par le passé. Depuis peu, les internautes peuvent visiter un DataCenter situé dans l’Oregon grâce au miracle StreetView. Le géant californien a également réalisé une courte vidéo de présentation qui permet d’en apprendre davantage sur le fonctionnement des DataCenters. A découvrir ci-dessous… On en parle sur le forum.