Ce week-end, dans l’article La Webmission prépare son avenir, nous donnions la parole à Antoine Perdaens, de Knowledge Plaza, l’un des fondateurs de cette association qui a pour vocation la mise en avant de startups belges à l’étranger. Pour rappel, une vingtaine de Belges se trouvent en ce moment au festival interactif South by Southwest (SXSW) à Austin, Texas. Principalement des entrepreneurs web qui vont soit tenter de mettre leur entreprise en avant, soit qui vont pour augmenter leurs connaissances et rencontrer des gens. Mais il n’y a pas que des entrepreneurs qui sont du voyage. D’autres comme Damien Van Achter, développeur éditorial chez 22Mars/OWNI, professeur invité à l’IHECS et Young Advisor auprès de la Commission EU (Digital Agenda), sont aussi de la partie. “C’est ma deuxième Webmission, j’étais à bord de la première, en 2009, explique-t-il. J’ai vécu la première comme une expérience de gonzo-journalisme. J’étais parti embedded* avec les startupeurs. A l’époque cela faisait 5 ans que je bossais dans le domaine des technologies. Aller avec eux à Google I/O m’a permis de découvrir l’envers du décor, là où se faisaient les choses. Avec les gens qui les faisaient.” Là n’était pas – et n’est toujours pas – l’unique but qui meut cet originaire de la région de Namur : aller à Google I/O ou à SXSW, c’est aussi prendre un bol d’air frais pour ce journaliste de formation. “Les startups web sont occupées de bouleverser les médias, poursuit-il. J’essaie de découvrir les améliorations qu’elles nous proposent. Il faut profiter de l’innovation pour faire mieux mon métier. Faire ces déplacements m’aide à réfléchir sur les moyens à mettre en place utiliser toutes ces innovations au service du journalisme. Pour faire du journalisme autrement. Sans faire de la technique pour la technique, ce qui n’a pas de sens.” Cette fois-ci encore, le journalisme sera donc au centre de la Webmission de ce professeur de journalisme en ligne à l’Ihecs. “Oui, mais pas en collaboration avec l’Ihecs, précise-t-il. J’ai organisé des Master Class pour mes étudiants (ndlr : à lire : Une master idée pour apprendre le journalisme) et visiblement l’idée à plu à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. Ils m’ont proposé de réitérer le même genre d’expérience avec une de leurs classes. J’ai donc été avant mon départ préparer mes étudiants à couvrir l’événement depuis Lille. Nous allons faire de nombreuses expériences. Utiliser un maximum d’outils. Faire des interviews vidéos. Faire du chaud. Du froid. Cela risque d’être très intéressant car en plus il faudra faire avec les sept heures de décalage horaire.” Et nul apologie ici du journalisme assis, appellation tristement utilisée dans de nombreuses rédactions pour désigner une pratique qui veut que le journaliste reste constamment devant son ordinateur. “Ce n’est qu’une petite partie de leur formation. Evidemment, les journalistes doivent avant tout mettre leurs mains dans le cambouis, que ce soit sur leur machine mais aussi, et surtout, en dehors de leur rédaction.” Concernant la Webmission elle-même, Damien Van Achter est assez optimiste. “On ne se rend pas bien compte de l’impact qu’un tel événement peut avoir. Tant au niveau de l’image que de l’esprit de groupe. Une Webmission, c’est important pour l’écosystème web belge tant au niveau de la visibilité des startups, que celui de l’entrepreneuriat web. Par ailleurs, cela donne des idées à pas mal de jeunes. Pour ma part, je regrette le caractère un peu roots de la première. Je sais que c’est important une bonne organisation, des visites ministérielles… mais cela perd un peu de son charme.” S’il était un peu nostalgique, il n’en avait pas l’air moins excité au moment de répondre à ces questions. “J’attends SXSW depuis un moment, aller là-bas va me permettre de me ressourcer, cela va me donner un énorme bol d’air frais. On est en plein switch dans les médias. La télévision est en plein révolution. Le bi-écran va se généraliser. La publicité mobile va exploser. Et pour apprendre des choses à ce sujet, c’est là-bas qu’il faut aller.” Embedded : ce mot américain devenu courant dans le métier de journaliste que l’on traduit en français par embarqué. C’est une pratique née au début du siècle dernier qui veut que le journaliste est pris en main et embarqué avec une armée, un homme politique… Pas toujours bien vue, cette pratique est parfois – voire souvent – incontournable. (Plus d’infos sur Coulisses médiatiques)