Groupon offre un rabais pour son entrée en Bourse

Le site internet spécialiste de bonnes affaires Groupon a annoncé vendredi une opération d’entrée en Bourse relativement modeste qui le valorise autour de 10,7 milliards de dollars, moitié moins cher qu’il y a quelques mois encore.

La jeune société de Chicago, qui avait refusé il y a un an de se faire racheter par Google moyennant six milliards de dollars, prévoit d’offrir 30 millions d’actions à un prix compris entre 16 et 18 dollars par titre. En cas de fort intérêt des investisseurs, jusqu’à 34,5 millions de titres pourraient être mis en vente, pour un total maximum de 621 millions de dollars. Le prix définitif pourrait être fixé le 3 novembre, selon la maison de courtage spécialisée dans les entrées en Bourse Renaissance Capital, pour une entrée en Bourse le lendemain.

“Les termes de l’entrée en Bourse de Groupon: son propre groupon, à moitié prix”, commentait vendredi l’analyste Jon Ogg sur le site 247WallSt.com. “La valorisation est toujours astronomique, mais bien inférieure à ce qui était attendu”, ajoutait-il. Le mois dernier encore, le New York Times évoquait un chiffre compris entre 25 et 30 milliards de dollars.

Trip Chowdhry, de Global Equities Research, met en garde les investisseurs. “Si on est un investisseur qui s’intéresse aux fondamentaux, il faut rester à l’écart”, dit-il à l’AFP, mais “si on joue le mouvement, allons-y, mais il faut être sûr de ne pas être le dernier”. Pour lui, Groupon pourrait être à l’image d’Excite, un portail internet dont la faillite en 2001, cinq ans après son entrée en Bourse, fut emblématique de la bulle internet. “Si on se demande s’il y a de la valeur dans ce que fait Groupon, la réponse est oui, mais est-ce que la société peut être bénéficiaire de façon durable?”, demande Chowdhry. “Nous avons des doutes: la concurrence est intense, c’est très imitable.

Et la perte nette a atteint 308,1 millions de dollars pour les neuf premiers mois de l’année, contre 77,7 millions durant la même période de 2010. Groupon, qui compte 142,9 millions d’abonnés dans 145 pays, avec près de 79.000 commerçants utilisant ses services, fonctionne avec plus de 10.400 employés. Leur rôle: mettre en contact commerçants et internautes pour offrir des promotions sur certains biens ou services, pour autant seulement qu’un nombre minimum de consommateurs y souscrivent.

“Le succès n’est pas garanti”

“Comme toute nouvelle entreprise dans un nouveau secteur, le succès n’est pas garanti pour nos investisseurs: nous n’avons pas encore atteint la rentabilité régulière, et nous ne manquons pas de concurrents”, a concédé le jeune patron fondateur de Groupon Andrew Mason dans une lettre aux investisseurs. “En sachant que cela sera par moment cahoteux, nous vous remercions d’envisager de nous rejoindre”, a-t-il ajouté.

Le site internet, lancé en novembre 2008 à Chicago par cet ex-étudiant en musique venu sur le tard à l’informatique, revendique aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de l’année, contre 140,7 millions de dollars il y a un an. Mais Renaissance Capital a remarqué un ralentissement de l’expansion: “le chiffre d’affaires du troisième trimestre, à 430 millions de dollars, ne représente une augmentation que de 10% par rapport au trimestre précédent, contre une croissance séquentielle de 33% au deuxième trimestre”. “Toutefois, l’entreprise a beaucoup amélioré son résultat” et frôle désormais le bénéfice d’exploitation, notait Renaissance Capital.

L’entrée en Bourse de Groupon est l’une des plus attendues dans le secteur de la high-tech américaine. Les investisseurs attendent aussi la cotation de l’éditeur de jeux Zynga, dont la valorisation est estimé autour de 14 milliards de dollars mais qui est déjà bénéficiaire, et surtout du géant Facebook, bien plus gros, mais qui n’a pas encore déposé de dossier.

(afp)

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